Navettage et épuisement professionnel selon la région et le moyen de transport:
les résultats de l’étude S LVEO
par Annie Barreck
École de relations industrielles
Faculté des Arts et Sciences
Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures
en vue de l’obtention du grade de maîtrise (M. Sc.)
en relations industrielles
Février 2015
© Annie Barreck, 2015
Université de Montréal
Faculté des études supérieures
Ce mémoire intitulé :
Navettage et épuisement professionnel selon la région et le moyen de
transport : les résultats de l’étude S LVEO
par Annie Barreck
A été évalué par un jury composé des personnes suivantes :
Victor Haines
Président-rapporteur
Alain Marchand
Directeur de recherche
Nancy Beauregard
Membre du jury
Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures
en vue de l’obtention du grade de maîtrise (M. Sc.)
en relations industrielles
Résumé
L’objectif ƉrinciƉal de ce mémoire est l’étude de la relation entre le navettage, soit le
fait de faire la navette quotidiennement entre le domicile et le travail, et l’éƉuisement
professionnel. Plus précisément, les rôles de modération du moyen de transport et de la région
du milieu de travail, tant distinctement que simultanément, sur la relation entre la durée et la
distance de navettage et l’éƉuisement Ɖrofessionnel sont examinés.
L’éƉuisement
professionnel a été mesuré grâce au MBI-GS (Maslah Burnout Inventory - General Survey). Les
données proviennent de l’étude SALVEO menée au Canada Ɖar l’ÉquiƉe de Recherche sur le
Travail et la Santé Mentale (ERTSM). Les données ont été recueillies entre 2009 et 2012 dans 63
milieux de travail selon un taux de réponse de 71.3 %, équivalent à 2162 employés. Les multiples
analyses de régression effectuées sont pamis lespremières à lier significativement le navettage à
l’éƉuisement Ɖrofessionnel. En effet, les navetteurs qui travaillent en grandes régions urbaines
sont significativement plus épuisés émotionnellement que les travailleurs des petites régions
urbaines ou des régions rurales. Il existe une relation curvilinéaire entre la durée de navettage et
la dimension du cynisme. Une relation curvilinéaire existe également entre la durée de
navettage et la mesure globale de l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Enfin, le moyen de transƉort ainsi
que la région dans laquelle se situe l’établissement de travail modèrent simultanément la
relation entre la durée de navettage et la dimension de l’efficacité Ɖrofessionnelle.
Globalement, les résultats suggèrent que le stress de navettage Ɖrovient de l’ajustement
quotidien des travailleurs à leurs conditions de navettage, qui se répercute en emploi. Les
organisations devraient donc s’intéresser au déveloƉƉement de Ɖratiques de gestion en
ressources humaines misant sur l’amélioration des conditions de navettage de leurs employés.
Ces pratiques RH pourraient moduler la relation entre le navettage et les problèmes de santé
mentale au travail.
Mots clés : épuisement professionnel, navettage, région, stress au travail, moyen de transport
i
Abstract
The main goal of the thesis was to study the relationship between commuting and
burnout. Specifically, we assessed the moderation effect of both the means of transportation
and the workplace areas, distincly and simultaneously, on the relationship between commuting
duration and distance with burnout, Burnout was measured using the MBI-GS (Maslah Burnout
Inventory-General Survey). Data was collected during the SALVEO Canadian study by the Équipe
de Recherche sur le Travail et la Santé Mentale (ERTSM) between 2009 and 2012 in 63
workplaces. 2,162 employees participated, resulting in a response rate of 71.3%. The multiple
regression analysis performed are among the firsts to significantly associate commuting to
burnout. Indeed, commuters who work in large urban areas are significantly more emotionally
exhausted than workers in small urban or rural areas. There is a curvilinear relationship between
commuting time and dimension of cynicism. A curvilinear relation also exists between
commuting time and the overall measure of burnout. Finally, the means of transport as well as
the workplace area simultaneously moderate the relationship between commuting time and
dimension of inefficacy. Overall, results suggest that the stress of commuting comes from the
daily adjustment of workers to their commuting conditions, which is reflected in employment.
Organizations should therefore be interested in the development of human resources
management practices focusing on improving their employees' commuting conditions. These HR
practices could modulate the relationship between commuting and mental health problems at
work.
Key Words: work stress, job burnout, commuting, area, mode of transportation
ii
Table des matières
INTRODUCTION
1
CHAPITRE 1 - ÉTAT DES CONNAISSANCES
6
1.1
La santé mentale au travail
6
1.1.1
L’éƉuisement Ɖrofessionnel : conception tridimensionnelle
8
1.1.2
Épuisement professionnel et stress au travail
10
1.2
Navetteurs, santé mentale et épuisement professionnel
13
1.2.1
Définition d’un navetteur
13
1.2.2
Tendances, caractéristiques et facteurs de stress du navettage
14
1.2.3
Le modèle d’imƉédance du trajet
20
1.3
Les navetteurs et la santé mentale
21
1.4
Les autres déterminants associés ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel
24
1.4.1
Les facteurs du travail
26
1.4.2
Les facteurs hors travail
33
1.4.3
Les facteurs individuels
36
1.5
Synthèse des connaissances
40
CHAPITRE 2 - PROBLÉMATIQUE ET MODÈLE DE RECHERCHE
48
2.1
Question de recherche
48
2.2
Le modèle conceptuel
49
2.3
Les hypothèses de recherche
52
CHAPITRE 3 - MÉTHODOLOGIE
53
3.1
Source de données
53
3.2
Les mesures
54
3.2.1
Variables dépendantes
54
3.2.2
Variables modératrices
57
3.2.3
Variables de contrôle
60
3.3.1
Les stratégies d’analyses multiniveaux
69
3.3.2
Description des modèles multiniveaux
70
3.3.3
Estimation des Ɖaramètres et tests d’hyƉothèse
72
iii
CHAPITRE 4 - RÉSULTATS
74
4.1
Résultats des analyses descriptives
74
4.2
Résultats des analyses bivariées
79
4.2.1
Épuisement émotionnel
80
4.2.2
Cynisme
81
4.2.3
Efficacité professionnelle
84
4.2.4
Mesure globale de l’éƉuisement Ɖrofessionnel
85
4.3
Analyses multiniveaux
87
4.3.1
Épuisement émotionnel
87
4.3.2
Cynisme
92
4.3.3
Efficacité professionnelle
96
4.3.4
Mesure globale de l’éƉuisement Ɖrofessionnel
102
4.3.5
Les relations curvilinéaires
107
CHAPITRE 5 - DISCUSSION
111
5.1
Synthèse de la démarche scientifique
111
5.2
Les hypothèses de recherche
112
5.2.1
Les conditions de navettage et l’éƉuisement Ɖrofessionnel
113
5.2.2
Les effets modérateurs de la région et du moyen de transport
115
5.2.3
Les facteurs du travail
121
5.2.4
Les facteurs hors travail
124
5.2.5
Les facteurs individuels
125
5.2.6
Variabilité niveau individu et établissements
126
5.3
Forces et limites de la recherche
127
5.4
Implications pour la recherche et la pratique
129
CONCLUSION
132
BIBLIOGRAPHIE
134
iv
Liste des tableaux
TABLEAU I - Synthèse de la revue sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel
44
TABLEAU II - Les hypothèses de recherche
52
TABLEAU III - Épuisement professionnel
56
TABLEAU IV - Classification des secteurs statistiques selon Statistique canada
58
TABLEAU V - Région de l’établissement de travail
59
TABLEAU VI - Moyen de transport
60
TABLEAU VII - Demandes psychologiques
62
TABLEAU VIII - Demandes contractuelles
62
TABLEAU IX - Latitude décisionnelle
63
TABLEAU X - Soutien social
64
TABLEAU XI - Gratification
65
TABLEAU XII - Facteurs hors travail
66
TABLEAU XIII - Facteurs individuels
67
TABLEAU XIV - Sommaire des statistiques descriptives (N=1888)
75
TABLEAU XV - Matrice de corrélations
82
TABLEAU XVI - Résultats d’analyses multiniveaux Ɖour la dimension de l’éƉuisement émotionnel
avec la durée de navettage
88
TABLEAU XVII
- Résultats d’analyses multiniveaux Ɖour la dimension de l’éƉuisement
émotionnel avec la vitesse de navettage
90
TABLEAU XVIII - Résultats d’analyses multiniveaux Ɖour la dimension du cynisme avec la durée
de navettage
92
TABLEAU XIX - Résultats d’analyses multiniveaux Ɖour la dimension du cynisme avec la vitesse
de navettage
94
TABLEAU XX - Résultats d’analyses multiniveaux Ɖour la dimension de l’efficacité Ɖrofessionnelle
avec la durée de navettage
97
TABLEAU XXI
- Résultats d’analyses multiniveaux Ɖour la dimension de l’efficacité
professionnelle avec la vitesse de navettage
100
TABLEAU XXII - Résultats d’analyses multiniveaux Ɖour la mesure globale de l’éƉuisement
professionnel avec la durée de navettage
103
v
TABLEAU XXIII
- Résultats d’analyses multiniveaux Ɖour le score global de l’éƉuisement
professionnel avec la vitesse de navettage
105
TABLEAU XXIV - Résultats d’analyses multiniveaux avec relation non linéaire Ɖour la dimension
du cynisme avec la durée de navettage
107
TABLEAU XXV - Résultats d’analyses multiniveaux avec relation non linéaire pour le score global
de l’éƉuisement Ɖrofessionnel avec la durée de navettage
109
vi
Liste des figures
FIGURE 1 - Le modèle d’imƉédance du trajet
20
FIGURE 2 - Le modèle conceptuel
51
FIGURE 3 - Cynisme selon la durée de navettage et le moyen de transport
94
FIGURE 4 - Efficacité professionnelle selon la durée de navettage et le moyen de transport en
région rurale
99
FIGURE 5 - Efficacité professionnelle selon la durée de navettage et le moyen de transport en
petite région urbaine
99
FIGURE 6 - Efficacité professionnelle selon la durée de navettage et le moyen de transport en
grande région urbaine
100
FIGURE 7 - Épuisement professionnel selon la durée de navettage et le moyen de transport . 104
vii
Liste des acronymes
AR :
Agglomération de recensement
GCU:
Grand centre urbain
CN :
Cynisme
EE:
Épuisement émotionnel
EF :
Efficacité professionnelle
EP :
Épuisement professionnel
ERTSM :
Équipe de recherche sur le travail et la santé mentale
JCQ :
Job Content Questionnaire
MBI:
Maslach Burnout Inventory
RMR:
Région métropolitaine de recensement
RRPV:
Région rurale et petite ville
SDR:
Subdivision de recensement
ZIM :
Zone d’influence métroƉolitaine
viii
Remerciements
Je tiens ă remercier les membres de l’ERTSM, sƉécialement mon directeur M. Alain
Marchand. La réalisation de ce mémoire repose en grande partie sur leur remarquable travail et
leur indispensable soutien.
Je tiens également ă remercier l’École de relations industrielles, particulièrement son directeur,
M. Jean Charest, sans qui mon parcours académique ne serait pas empreint de la même
continuité.
Je remercie la Fondation de l’Ordre des Conseillers en Ressources Humaines agréés Ɖour le
soutien financier.
Par la même occasion, je remercie Christine Barreck, Carole Arsenault, Alain, Julie et Marc
Anowski, Marc-André, Félix et Charlotte Fortier pour leur présence dynamisante.
ix
INTRODUCTION
Congestion routière, travail ă vélo, bus, métro͙ comment se rendre au travail?
Comment conjuguer les trajets du domicile au travail avec les exigences de l’emƉloi, de la famille
et de la vie personnelle? Le navettage est un phénomène démographique et un facteur de stress
touchant la majorité des employés vivant dans les sociétés industrialisées (Kluger, 1998).
Environ 15,4 millions de Canadiens se déplacent pour se rendre au travail (Turcotte, 2011). Dans
les grandes villes du Canada, les caractéristiques de navettage se complexifient. La migration de
plusieurs employés vers une région rurale donne lieu ă une sƉhère étendue de l’influence
urbaine. Cette mobilisation entraîne un phénomène de périurbanisation qui continuera à
Ɖrendre de l’amƉleur (Mitchell, 2005). De Ɖlus en Ɖlus d’entreƉrises s’établissent dans des zones
proches des lieux de résidence des travailleurs. Nonobstant cette évolution au sein du marché
du travail, dans la majorité des pays occidentaux, les durées moyennes des déplacements entre
le domicile et le travail ont augmenté dans les dernières années (Feng et Boyle, 2013; Nivens,
2009) et le Canada ne fait pas exception à cette tendance (Turcotte, 2005).
Malgré l’imƉortance et l’amƉlitude de ces tyƉes de déƉlacements aux niveaux social et
individuel, peu de recherches ont été menées afin de mieux comprendre les effets de cet aspect
de la vie moderne sur les employés et leurs organisations (Kluger, 1998). Pourtant, celles qui
l’ont fait ont identifié les effets néfastes du navettage sur la santé des travailleurs et sur le
fonctionnement des organisations (Hansson, Mattisson, Björk, Östergren, et Jakobsson, 2011).
Par exemple, le navettage est associé à la dépression (Palmer, 2005), la détresse psychologique
(Feng et Boyle, 2013), la santé mentale (Palmer, 2005), le stress (Gottholmseder, Nowotny,
Pruckner et Theurl, 2009; Nivens, 2009; Turcotte, 2005), le niveau de bien-être (Olsson, Gärling,
Ettema, Friman, et Fujii, 2013; Stutzer et Frey, 2008), les journées d’absence Ɖour maladie
(Hansson et al., 2011) et la satisfaction au travail ou envers l’équilibre travail-famille (Turcotte,
2011).
Le navettage n’est Ɖas le seul Ɖhénomène de l’ère moderne des Ɖays industrialisés. Ces
derniers assistent également à des changements démographiques au sein de leur population
(présence accrue des femmes sur le marché du travail, des couples à deux revenus, des
1
travailleurs âgés, des variations dans l’aménagement du temƉs
(Eby, CasƉer, Lockwood,
Bordeaux et Brinley, 2005). Les pays industrialisés assistent également à une forte croissance
des problèmes de santé psychologique au sein de leur population active. Les coûts que génèrent
les problèmes de santé psychologique sont substantiels et se font largement ressentir dans les
milieux de travail. La Commission de la santé mentale au Canada estime qu’en 2011, les coûts
occasionnés par la baisse de Ɖroductivité, l’absentéisme, le Ɖrésentéisme et le retrait du marché
du travail dus à ces problèmes se sont élevés à plus de six milliards de dollars (Commission de la
santé mentale au Canada,
2011). La multitude de conséquences négatives d’ordre
organisationnel et individuel de ces Ɖroblèmes est troublante et l’amƉleur de ces conséquences
est source d’intérêt majeur Ɖour les chercheurs. D’un Ɖoint de vue individuel, l’éƉuisement
professionnel est lié à de nombreux problèmes de santé physique et psychologique.
L’éƉuisement Ɖrofessionnel a été lié aux symƉtômes déƉressifs, ă l’insomnie et ă la toxicomanie
(Leiter, Hakanen, Ahola, Toppinen-Tanner et al., 2013; Swider et Zimmerman, 2010). Il peut
aussi conduire ă l’hosƉitalisation en raison de troubles mentaux plus sévères (Leiter, Hakanen,
Ahola, Toppinen-Tanner et al., 2013). L’éƉuisement Ɖrofessionnel Ɖeut également contribuer au
diabète de type II, aux maladies cardiovasculaires et même aux taux de mortalité chez les
travailleurs
(Leiter, Hakanen, Ahola, Toppinen-Tanner, et al., 2013; Swider et Zimmerman,
2010). Les Ɖersonnes qui souffrent d’éƉuisement Ɖrofessionnel sont sujettes ă une baisse de
leur productivité, de leur efficacité au travail, de leur satisfaction et de leur engagement envers
leur travail et leur organisation. Conséquemment, plusieurs formes de retrait du travail lui ont
été associées; absentéisme, frais de Ɖensions d’invalidité (Leiter, Hakanen, Ahola, Toppinen-
Tanner, et al., 2013), intention de quitter son travail et taux de roulement des employés
(Maslach, Schaufeli, et Leiter, 2001; Swider et Zimmerman, 2010).
Historiquement, la littérature s’est concentrée sur les facteurs reliés de Ɖrès au travail,
tels que la surcharge de travail ou le manque de ressources au travail. Cependant, la recherche a
découvert que des facteurs environnementaux externes au travail lui-même peuvent aussi
induire du stress au travail. Par ailleurs, le modèle multiniveaux des déterminants de la santé
mentale des travailleurs (Marchand, Durand, Haines et Harvey, 2014) considère la santé
mentale des travailleurs comme étant le produit de stress causé par les contraintes et les
ressources exercées simultanément par les structures de la vie quotidienne et de la personnalité
de l’agent. Non seulement l’environnement de travail, mais aussi la situation de la famille, le
soutien social en dehors du travail ainsi que les caractéristiques personnelles sont en eux-
2
mêmes d’imƉortants facteurs associés ă la santé mentale des travailleurs. L’étude de Marchand
et collaborateurs
(2014a) soutien ce modèle théorique et intègre théoriquement et
empiriquement les composantes de l’environnement social dans lesquelles les travailleurs
évoluent. Ces résultats impliquent que pour comprendre les problèmes de santé mentale dans
la main-d’œuvre, il faut élargir les aƉƉroches en santé mentale au travail et reconnaître la
complexité des déterminants de la santé mentale des travailleurs. Dans cette perspective, le
navettage représente un facteur de stress qui se situe à la frontière entre les structures du
travail et de la vie familiale (ou personnelle). Les conditions de navettage des travailleurs
Ɖeuvent exercer des contraintes se réƉercutant sur la ƉroƉension ă souffrir d’éƉuisement
professionnel.
Durant les quarante dernières années, Ɖlusieurs chercheurs se sont attardés ă l’étude du
conceƉt de l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Diverses conceƉtualisations de ce Ɖhénomène de stress
au travail ont été déveloƉƉées au fil du temƉs. Aujourd’hui, l’éƉuisement Ɖrofessionnel est
défini comme un phénomène psychologique impliquant des facteurs de stress chroniques
auxquels les individus font face dans leur milieu de travail (Swider et Zimmerman, 2010). Alors
qu’ă l’origine, les chercheurs intéressés Ɖar l’éƉuisement Ɖrofessionnel ont axé leurs études sur
des tyƉes de Ɖrofessions Ɖarticulières, aujourd’hui l’éƉuisement Ɖrofessionnel semble se
rapporter à un large éventail de professions (Maslach et al., 2001). Bien que l’éƉuisement
professionnel soit un sujet académique établi sur lequel des milliers de publications sont parues
(Ɖlus de 6000 livres, chaƉitres, thèses et articles de revues ont été Ɖubliés sur l’éƉuisement
professionnel) (Schaufeli, Leiter et Maslach, 2009), il semble qu’aucune enquête représentative
de la main-d’œuvre canadienne ou québécoise n’ait Ɖermis d’établir la Ɖrévalence de
l’éƉuisement Ɖrofessionnel au sein de ces populations. Actuellement, l’éƉuisement
professionnel est seulement reconnu comme une catégorie résiduelle au sens de la
nomenclature de la classification internationale des maladies (International Classification of
Diseases (ICD- 10)) comme un état d’éƉuisement vital (Z73.0). En outre, l’association américaine
de Ɖsychiatrie (American Psychiatric Association) n’a Ɖas inclus l’éƉuisement Ɖrofessionnel dans
leur plus récent manuel de statistique et de diagnostic des troubles mentaux (Diagnostic and
Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-V)) (Marchand, Juster, Durand et Lupien, 2014).
Dans les Ɖays euroƉéens oƶ les données sont disƉonibles, la Ɖrévalence de l’éƉuisement
professionnel serait sensiblement élevée. Aux Pays-Bas, Ɖar exemƉle, la ƉroƉortion d’emƉloyés
ayant déveloƉƉé des symƉtômes d’éƉuisement Ɖrofessionnel a augmenté entre 2007 et 2010,
3
passant de 11 à 13 %. Le secteur le Ɖlus touché est celui de l’éducation, suivi de l’industrie
manufacturière, du transport et des communications, des services aux entreprises, des hôtels et
des restaurants, puis des services de la santé (Driessen et Hooftman, 2011).
De plus en plus, la littérature indique que les facteurs de stress au travail sont liés à
l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Un large éventail de caractéristiques du travail telles que les
demandes Ɖsychologiques en emƉloi, les heures travaillées, l’utilisation des comƉétences et
l’autorité décisionnelle sont reconnues comme des facteurs de stress contribuant aux
Ɖroblèmes d’éƉuisement Ɖrofessionnel. Mais au-delà du travail lui-même, le rôle d’autres
facteurs de stress extérieurs au travail et des facteurs individuels reçoivent de plus en plus de
support empirique (Marchand, Durand et Demers, 2006). Les résultats d’une étude concernant
les facteurs biologiques du stress au travail
(Marchand et al.,
2014b) soulignent que
l’éƉuisement Ɖrofessionnel est corrélé ă des concentrations de cortisol, une hormone de stress.
Ce constat soutient la conceƉtualisation de l’éƉuisement Ɖrofessionnel comme un Ɖhénomène
de stress et soulève des interrogations relatives aux facteurs de stress liés ă l’éƉuisement
professionnel.
À ce titre, les déplacements pour se rendre au travail pourraient s’avérer un facteur
imƉortant dans l’exƉlication de l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Pour la majorité des emƉloyés
vivant dans les sociétés industrialisées, le navettage fait partie de leur routine quotidienne et est
un facteur de stress
(Kluger,
1998). Malgré l’imƉortance et l’amƉlitude de ces tyƉes de
déplacements aux niveaux social et individuel, peu de recherches ont été menées afin de mieux
comprendre les effets de cet aspect de la vie moderne sur les employés et leurs organisations
(Kluger, 1998). Pourtant, celles qui l’ont fait ont suggéré les effets néfastes du navettage et ont
ainsi fait valoir l’imƉortance de considérer ces effets négatifs sur la santé des travailleurs et sur
les organisations (Hansson et al., 2011). Des études ayant comme objectif d’identifier si des
groupes de travailleurs sont plus sujets à souffrir de problèmes de santé mentale dus au
navettage sont ainsi justifiées (Hansson et al., 2011). Or, les recherches qui ont évalué l’imƉact
du navettage sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel sont rares (Hansson et al., 2011) et ne permettent
pas de conclusions claires.
Le Ɖrésent mémoire s’intéresse ă la relation entre le navettage et l’éƉuisement
professionnel. Il met en lien diverses conditions du navettage, dont le milieu géographique du
lieu de travail avec les dimensions de l’éƉuisement Ɖrofessionnel, dans le but d’en mesurer les
4
impacts. Le premier chapitre fera état des connaissances. Il portera en premier lieu sur la
conceƉtualisation de l’éƉuisement Ɖrofessionnel et du stress au travail, puis sur les tendances et
les facteurs de stress du navettage. Une recension des études qui ont porté sur le lien entre les
conditions de navettage et l’éƉuisement Ɖrofessionnel suivra. Il sera Ɖar la suite sujet des
facteurs autres que les conditions du navettage qui ont été associés ă l’éƉuisement
professionnel. Cette revue de littérature permettra de développer, au deuxième chapitre, la
Ɖroblématique de recherche ainsi que le modèle d’analyse (une synthèse des études Ɖrésentées
dans cette revue est annexée). Le troisième chapitre détaillera la méthodologie de recherche qui
servira aux analyses statistiques. Les résultats de ces analyses seront présentés au quatrième
chapitre. Enfin, au cinquième chapitre, ces résultats et leurs implications seront discutés.
5
CHAPITRE 1 - ÉTAT DES CONNAISSANCES
Ce Ɖremier chaƉitre a Ɖour but de Ɖrésenter l’état des connaissances relativement au
sujet d’étude. De la sorte, le chaƉitre se divise en cinq sections. La Ɖremière introduit les
principaux concepts de la santé mentale, dont l’éƉuisement Ɖrofessionnel et le stress au travail.
La deuxième section présente les connaissances au sujet des navetteurs. La troisième section
Ɖrésente les liens Ɖouvant exister entre le navettage et l’éƉuisement Ɖrofessionnel, et plus
largement, la santé mentale. La quatrième section exƉose l’état des connaissances sur les
déterminants associés ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Enfin, la cinquième section synthétise cet
état des connaissances.
1.1 La santé mentale au travail
En matière de santé mentale en milieu de travail, les trois concepts les plus couramment
étudiés sont la détresse Ɖsychologique, la déƉression et l’éƉuisement Ɖrofessionnel (Marchand
et al., 2005). Une définition de ces trois conceƉts s’avère essentielle Ɖour en comprendre les
éléments de distinctions.
La détresse psychologique est définie par un ensemble de symptômes psychosociaux et
comƉortementaux qui ne sont Ɖas ƉroƉres ă une Ɖathologie tels que des réactions d’anxiété, de
déƉression, d’irritabilité, d’une diminution des capacités intellectuelles, de la fatigue, de la
somnolence et de l’absentéisme au travail. Si la détresse Ɖsychologique n’est Ɖas Ɖrise en
charge, ses symƉtômes Ɖeuvent s’aggraver et causer d’autres Ɖroblèmes de santé comme les
maladies psychosomatiques, la déƉression sévère, l’alcoolisme et même des décès Ɖrématurés,
le suicide ou des maladies cardiovasculaires. La définition et la mesure de la détresse
Ɖsychologique sont Ɖlus générales que celles de la déƉression ou de l’éƉuisement Ɖrofessionnel.
Certains symptômes de la détresse psychologique peuvent aussi être retrouvés chez les
individus qui souffrent de déƉression ou d’éƉuisement Ɖrofessionnel (Marchand, Demers et
Durand, 2005).
6
La déƉression et l’éƉuisement Ɖrofessionnel sont deux concepts qui peuvent être reliés
(Maslach et al., 2001). Il existe d’ailleurs un débat dans la littérature Ɖour reconnaître si la
symƉtomatologie de l’éƉuisement Ɖrofessionnel chevauche ou non ceux des autres
psychopathologies telles que la dépression et le trouble d’adaƉtation (Marchand et al., 2014). Il
s’avère donc imƉortant de les distinguer. La déƉression est la conséquence de toutes sortes
d’événements négatifs et de traumatismes de la vie. Elle est souvent une réaction ă un
événement grave à laquelle un individu n’a Ɖu s’adaƉter adéquatement. Cet événement Ɖeut
avoir lieu dans divers contextes (famille, relations personnelles, travail, etc.) contrairement à
l’éƉuisement Ɖrofessionnel qui est une de stress Ɖrolongé sƉécifique au milieu de travail (Bakker
et al., 2000; Maslach et al., 2001). Plus Ɖrécisément, l’éƉuisement Ɖrofessionnel est une réaction
psychologique du stress au travail qui se caractérise par un épuisement émotionnel, un
sentiment de dépersonnalisation
(ou de cynisme) et une réduction des sentiments
d’accomƉlissement Ɖersonnel (Halbesleben et Buckley, 2004; Maslach et Jackson, 1981). Bien
qu’il s’agisse d’un Ɖroblème sƉécifique au milieu de travail, il tend ă s’élargir ă tous les domaines
de la vie d’une Ɖersonne. En effet, ses imƉacts négatifs peuvent même empiéter, « déborder »,
sur la vie hors travail des individus. Les individus qui vivent l’éƉuisement Ɖrofessionnel et qui
demeurent en emploi peuvent avoir un impact négatif sur leurs collègues en causant des conflits
personnels, en perturbant les tâches du travail et en perpétuant leurs attitudes et
comƉortements ă travers les interactions informelles au travail. Il s’agit de « l’effet contagion »
(Arnold B. Bakker et al., 2000; Maslach et al., 2001). Les individus qui ont tendance à être sujets
ă la déƉression sont aussi Ɖlus vulnérables ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel (Maslach et al., 2001).
En dépit de ces similitudes, plusieurs auteurs tentent de les distinguer empiriquement (Bakker
et al., 2000; Glass et McKnight, 1996; Leiter et Durup, 1994; Maslach et al., 2001). L’éƉuisement
Ɖrofessionnel est davantage lié ă l’emƉloi et ă ses situations sƉécifiques que la déƉression qui
est Ɖlus générale et qui tend ă découler tous les domaines de la vie d’une Ɖersonne. Une
récente étude (Marchand et al., 2014b) suggère que la déƉression et l’éƉuisement Ɖrofessionnel
diffèrent significativement en matière de niveau de cortisol (hormone de stress).
En déƉit que l’éƉuisement Ɖrofessionnel semble être un Ɖhénomène mondial, le sens du
concept diffère selon les pays. Dans certains pays, il est utilisé comme un diagnostic médical
alors que dans d’autres, il est Ɖerçu comme un état socialement acceƉté qui aƉƉorte son lot de
stigmatisation
(Schaufeli, Leiter et Maslach,
2009). Or, une recension de ces diverses
conceƉtions de l’éƉuisement Ɖrofessionnel a Ɖermis de leur identifier cinq éléments communs
7
(Maslach et Schaufeli, 1993; Maslach et al., 2001) : (1) une prédominance de symptômes
dysƉhoriques tels que l’éƉuisement mental ou émotionnel, la fatigue et la dépression, est
observée chez les individus qui vivent l’éƉuisement Ɖrofessionnel; (2) les diverses conceptions
de l’éƉuisement Ɖrofessionnel mettent l’accent sur les symƉtômes mentaux et
comportementaux plutôt que sur les symptômes physiques; (3) les symptômes de l’éƉuisement
professionnel sont reliés au travail; (4) ces symptômes se manifestent chez des individus
« normaux ͩ qui n’ont Ɖas souffert de ƉsychoƉathologie auƉaravant; (5) la diminution de
l’efficacité et de la Ɖerformance au travail se Ɖroduisent en raison des attitudes et des
comƉortements négatifs des individus qui vivent l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Cette analyse des
différentes conceƉtualisations de l’éƉuisement Ɖrofessionnel offre un suƉƉort suƉƉlémentaire ă
la distinction entre l’éƉuisement professionnel et la dépression (Maslach et al., 2001).
Depuis maintenant plus de quarante ans, la recherche ne cesse de contribuer au
déveloƉƉement des connaissances sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Bien qu’initialement, il ait
été un concept sans définition normalisée évoquant Ɖlusieurs variétés d’aƉƉroches au sein des
chercheurs, il existait toutefois un consensus au niveau de ses trois dimensions (Maslach et al.,
2001). La section qui suit revoie ces trois dimensions.
1.1.1 L’épuisement professionnel : conception tridimensionnelle
Les Ɖionniers qui ont exƉloré l’éƉuisement Ɖrofessionnel vers le milieu des années 1970
avaient comme objectif d’articuler le Ɖhénomène. Au déƉart, les exƉériences menées ă cet effet
se sont concentrées sur des individus qui occupaient des postes dans les services sociaux et de
santé. Ce n’est que vingt ans Ɖlus tard, dans les années 1990, que le conceƉt d’éƉuisement
Ɖrofessionnel s’est étendu aux Ɖrofessions au-delà des secteurs de service, de santé et de
l’éducation. Ces emplois qui nécessitaient de prodiguer des soins et des services à des
personnes en besoin étaient caractérisés par des facteurs de stress émotionnels et
interpersonnels. Le terme
« burnout » provient des observations du psychanalyste
Freudenberger (Marchand et al., 2014). Ce même auteur a décrit le processus par lequel les
individus en arrivaient à ressentir un épuisement émotionnel, une perte de motivation et
d’engagement. Puis Maslach a découvert que les stratégies d’adaƉtation de ces individus
avaient d’imƉortantes imƉlications au niveau de leur identité et de leurs comƉortements en
8
milieu de travail
(Maslach et al.,
2001). Ces découvertes ont mené à la formulation
tridimensionnelle du Ɖhénomène. Selon cette formulation, l’éƉuisement Ɖrofessionnel est
composé de trois sous-types de symptômes : (1) l’éƉuisement émotionnel caractérisé Ɖar une
très grande fatigue émotionnelle; (2) le cynisme caractérisé par une attitude de distanciation ou
de déƉersonnalisation face ă son travail; (3) l’efficacité professionnelle réduite caractérisée par
l’incaƉacité d’accomƉlir des tâches adéquatement comme avant (Halbesleben et Buckley, 2004;
Marchand et al., 2014b).
La dimension de l’éƉuisement émotionnelle est exƉliquée Ɖar un déséquilibre entre les
ressources et les demandes émotionnelles (stress) (Schaufeli et Peeters, 2000). Les employés qui
sont émotionnellement éƉuisés se sentent comme s’ils manquaient de ressources Ɖour
s’adaƉter, comme s’ils n’étaient Ɖlus caƉables de se consacrer ă leur travail. Ils ont l’imƉression
de manquer d’énergie et de ressources nécessaires Ɖour accomƉlir leur travail (Halbesleben et
Buckley,
2004). Par exemple, dans les professions de services à la personne, un stress
considérable est causé par la relation exigeante émotionnellement avec les bénéficiaires
(Ɖatients, clients, Ɖrisonniers, etc.) qui Ɖeut éventuellement conduire ă l’aƉƉauvrissement des
ressources émotionnelles des travailleurs (Schaufeli et Peeters, 2000). Pour Maslach et ses
collaborateurs (2001), l’éƉuisement émotionnel représente un critère essentiel, mais n’est Ɖas
suffisant ă lui seule Ɖour comƉoser l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Elle ne Ɖermet Ɖas de
comƉrendre l’asƉect critique des individus envers leur travail (Maslach et al., 2001). Pour le
faire, il faut s’intéresser aux deux autres dimensions : le cynisme et l’efficacité Ɖersonnelle.
La dimension du cynisme fait référence à la réaction de dépersonnalisation que
déveloƉƉent les individus lorsqu’ils se sentent éƉuisés et découragés. la suite de l’éƉuisement
émotionnel, un ensemble d’attitudes et de comƉortements négatifs se déveloƉƉent.
Essentiellement, ces attitudes et comportements négatifs sont considérés comme un
mécanisme de défense (Schaufeli et Peeters, 2000). Le sentiment d’éƉuisement engendre une
stratégie d’adaptation chez les individus qui le ressentent. Cette stratégie les amène à se
distancier émotionnellement et cognitivement de leur travail afin d’être en mesure de gérer le
stress (Alarcon, 2011). Il s’agit d’un Ɖrocessus Ɖar lequel les emƉloyés se détachent de leur
travail et commencent ă déveloƉƉer des attitudes insensibles ou indifférentes ă l’égard de leur
travail et leurs performances (Halbesleben et Buckley, 2004). En effet, dans le but de réduire
l’éƉuisement émotionnel, la Ɖersonne crée une distance psychologique pour se protéger contre
9
l’environnement social stressant. CeƉendant, cette stratégie d’adaƉtation est inadéquate. Elle
peut nuire à la relation avec son client et son travail et aggrave les problèmes interpersonnels,
ce qui fait augmenter le stress plutôt que de le diminuer. À la suite, la personne est moins
efficace dans l’atteinte de ses objectifs. Ses réalisations Ɖersonnelles diminuent et des
sentiments d’incomƉétence et de doute de soi Ɖeuvent se déveloƉƉer. Un tel sentiment
d’accomƉlissent Ɖersonnel réduit est considéré comme la troisième dimension de l’éƉuisement
professionnel (Schaufeli et Peeters, 2000). L’efficacité Ɖrofessionnelle fait ainsi référence ă la
ƉerceƉtion d’une diminution de ses ƉroƉres caƉacités au travail. Les emƉloyés ont l’imƉression
qu’ils ne Ɖeuvent Ɖas fonctionner aussi bien dans leur travail qu’auƉaravant (Halbesleben et
Buckley,
2004). Ces travailleurs se sentent malheureux et sont insatisfaits de leurs
accomplissements au travail (Maslach et Jackson, 1981).
La littérature s’accorde sur le fait que l’éƉuisement Ɖrofessionnel est un Ɖrocessus qui se
développe graduellement à travers le temps (Schaufeli et Peeters, 2000). Les étapes de ce
processus sont les suivantes. Premièrement, les individus commencent par ressentir
l’éƉuisement émotionnel. La dimension du cynisme se déveloƉƉe ensuite chez les individus Ɖour
s’adaƉter ă cette situation. Puis ce Ɖrocessus est suivi d’un sentiment de réduction de l’efficacité
professionnelle. Schaufeli et ses collaborateurs (2009) ont rapporté que la transformation rapide
des sociétés industrielles vers une économie de service dans le dernier quart de siècle a favorisé
l’émergence de la notion d’éƉuisement Ɖrofessionnel. Cette transformation sociale irait de Ɖair
avec des pressions Ɖsychologiques qui Ɖeuvent se traduire Ɖar l’éƉuisement Ɖrofessionnel.
1.1.2 Épuisement professionnel et stress au travail
Selon la croyance populaire, le stress est synonyme de pression du temps (Lupien,
2010). Les individus se sentent stressés lorsqu’ils n’ont Ɖas le temƉs d’accomƉlir les tâches qu’ils
veulent réaliser dans un laps de temps donné. Dun point de vue scientifique, une réaction de
stress doit être suscitée pour sa survie ou son bien-être. Le stress peut être une véritable
menace (stress absolu) ou une menace imƉlicite induite Ɖar l’interƉrétation d’une situation
(stress implicite) (Lupien, Maheu, Tu, Fiocco et Schramek, 2007). Plusieurs approches du stress
existent. Selon Schaufeli et Peeters (2000), l’aƉƉroche interactive est, Ɖarmi les nombreuses
10
définitions existantes, celle qui domine la littérature et qui peut être traduite dans le contexte
de l’emƉloi Ɖour théoriser le stress au travail. Similairement, la théorie de la conservation des
ressources Ɖeut être aƉƉliquée ă l’environnement de travail. L’éƉuisement Ɖrofessionnel est
également lié à des mesures de stress biologiques.
L’aƉƉroche interactive décrit le stress comme la Ɖroduction de réactions cognitives,
émotionnelles, comƉortementales ou Ɖhysiologiques lorsque l’interaction entre les demandes
de l’environnement dirigée envers une Ɖersonne déƉasse ses caƉacités de réaction, lorsque les
attentes de cette personne ne sont pas remplies ou lorsque ses habiletés sont sur ou sous-
utilisées. Selon l’intensité de ces réactions, leur fréquence, leur durée et la présence ou
l’absence d’autres variables interactives, elles Ɖeuvent conduire ă certaines maladies (Schaufeli
et Peeters, 2000). En concordance avec cette approche, le stress au travail correspond à la
relation entre les employés et leur environnement de travail. Les facteurs de stress au travail
sont des facteurs environnementaux et les réactions individuelles à ces facteurs de stress au
travail sont des réactions de stress ou de tension. Il existe trois types de tension : (1) les tensions
Ɖhysiologiques comme les ƉalƉitations du cœur;
(2) les tensions Ɖsychologiques comme
l’insatisfaction au travail ou l’éƉuisement Ɖrofessionnel; (3) les tensions comƉortementales
comme l’absentéisme ou le taux de roulement (Schaufeli et Peeters, 2000). Les facteurs de
stress au travail sont des exƉériences subjectives ă la suite de l’interaction de l’environnement
objectif du travail et les stratégies d’adaƉtation des emƉloyés. L’éƉuisement Ɖrofessionnel est
un phénomène de stress qui se développe graduellement ă la suite d’une situation de stress
prolongée (Ahola et al., 2006). Les facteurs de stress au travail et l’éƉuisement Ɖrofessionnel ne
sont Ɖas identiques. Plutôt, les facteurs de stress au travail Ɖeuvent mener ă l’éƉuisement
professionnel.
Relativement ă l’aƉƉroche interactive, la théorie de la conservation des ressources
(Hobfoll, 2011) définit le stress comme un état de tension ressenti lorsqu’une Ɖersonne est
soumise à des exigences ou des contraintes inhabituelles qui dépassent ses ressources. Les
individus s’efforcent d’obtenir, de construire ou de Ɖrotéger ce qu’ils aƉƉrécient. La tension
survient lorsque les ressources sont menacées, Ɖerdues ou lorsque l’investissement des
ressources n’est Ɖas récomƉensé. Moins un individu a des ressources à sa disposition, plus les
exigences sur celui-ci sont élevées et Ɖlus l’adaƉtation de l’individu ă la situation sera
inadéquate (Alarcon, 2011). Cette approche peut aisément être étendue au milieu du travail
11
pour comprendre les problèmes de santé mentale. Dans le cadre du travail, l’exposition aux
caractéristiques Ɖsychosociales indésirables conduit ă l’éveil de la détresse Ɖsychologique qui,
au long terme, conduit ă un état d’éƉuisement Ɖrofessionnel (Borritz et al., 2005). Plus
précisément, les employés font face à des demandes qui génèrent du stress. Pour contrer ce
dernier, les travailleurs peuvent avoir recours à diverses ressources (contrôle, autonomie,
participation à la prise de décision, soutien social de la part des supérieurs ou des collègues, etc.
- à noter que ces ressources seront développées ultérieurement) (Ahola et al., 2006). Comme
mentionné précédemment, moins un individu a des ressources à sa disposition, plus les
exigences sur celui-ci sont élevées et Ɖlus l’adaƉtation de l’individu à la situation sera difficile.
Cette adaƉtation inadéquate conduit ă une augmentation de l’éƉuisement Ɖrofessionnel
(Alarcon, 2011). L’exƉérience Ɖrolongée d’une situation de faibles ressources et d’exigences
élevées conduit à une érosion des autres ressources telles que l’énergie et la ƉerceƉtion de
l’efficacité. Ce Ɖrocessus corresƉond ă celui de l’éƉuisement Ɖrofessionnel (Alarcon, 2011). Les
exigences et les ressources au travail jouent ainsi un rôle complexe dans l’exƉlication du stress
et dans l’exƉlication de la variation de l’éƉuisement Ɖrofessionnel (Alarcon, 2011; Maslach et al.,
2001).
D’un Ɖoint de vue biologique, il est maintenant établi que les facteurs de stress durables
peuvent produire un état de stress chronique pouvant mener à des problèmes de santé mentale
causée Ɖar l’activation d’un système Ɖhysiologique dans le corƉs (aƉƉelé l’axe hypothalamo-
hypophyso-surrénalien [HHS]). Ce système contrôle la sécrétion de deux hormones de stress
majeures du corps humain, dont le cortisol (Marchand et al., 2014b). Des études indiquent que
la sécrétion de cortisol est déréglée chez les Ɖersonnes souffrant d’éƉuisement Ɖrofessionnel
(Marchand et Durand,
2011). L’augmentation de la symƉtomatologie de l’éƉuisement
professionnel correspond à des niveaux de cortisol plus faibles. En effet, selon une méta-analyse
comƉtant 62 études, l’augmentation aiguë des niveaux de cortisol au réveil (connue sous « CAR-
cortisol awareking response ») est positivement associée au stress en milieu de travail et
négativement aux symƉtômes de l’éƉuisement Ɖrofessionnel
(Chida et Steptoe,
2009).
Conformément ă ces résultats d’étude, les conclusions d’une récente recherche (Marchand et
al.,
2014b) suggèrent que la dimension de l’éƉuisement émotionnel et la mesure globale de
l’épuisement professionnel sont fortement corrélées à des concentrations de cortisol. Cette
étude fournit l’argumentaire ă l’effetque l’éƉuisement émotionnel Ɖeut être une caractéristique
12
clé de l’éƉuisement biologique définit par des niveaux de «CAR» affaiblis (Marchand et al.,
2014b).
1.2 Navetteurs, santé mentale et épuisement professionnel
1.2.1 Définition d’un navetteur
Un navetteur est une Ɖersonne qui effectue l’allée et le retour entre son domicile et son
lieu de travail. Selon la croyance populaire, le terme navetteur fait référence ă la situation d’une
personne qui travaille dans un noyau urbain et qui habite en périphérie de la ville. Cette
personne quitte son domicile le matin pour aller travailler au centre-ville et fait le chemin
inverse le soir. En réalité, les travailleurs ne se déplacent pas seulement de la périphérie vers le
noyau urbain. Plutôt, leurs déplacements semblent être multidirectionnels. Selon le bulletin
d’analyse sur les régions rurales et Ɖetites villes du Canada (Harris, Bollman et Alasia, 2008), un
navetteur est une personne qui réside dans une subdivision de recensement (SDR) et qui
travaille dans une subdivision de recensement différente. La définition des régions
fonctionnelles est donc importance dans la compréhension du navettage. De façon générale, les
municipalités sont des subdivisions de recensement (SDR). Leur étendue de même que la taille
de leur ƉoƉulation varient beaucouƉ, allant de quelques habitants ă des millions. l’échelle
nationale, ces nombreuses municipalités sont regroupées selon leurs caractéristiques afin de
produire un découpage géographique qui par la suite permet de distinguer les municipalités
selon deux grands milieux : les régions rurales et les régions urbaines. Ces deux dernières sont
ensuite divisées en plusieurs catégories distinctes selon leurs caractéristiques. Ce découpage
géographique délimite les marchés de travail en vase clos et trace une ceinture de démarcation
entre le milieu rural et urbain (Harris et al., 2008). Pour pouvoir déterminer quelles sont les
régions fonctionnelles qui ont des liens économiques forts et qui ont un bassin de population
active commun, l’analysedu navettage est une condition Ɖréalable. Par exemƉle, en 2001,
environ
4,8 millions de personnes, soit un tiers de la population active canadienne,
franchissaient une limite municipale pour se rendre au travail. Parmi les navetteurs qui
habitaient dans les régions rurales et les Ɖetites villes (RRPV), un Ɖeu Ɖlus de la moitié d’entre
13
eux se déplacent vers une autre municipalité de RRPV. Conséquemment, ces habitants des RRPV
contribuent ă l’économie des autres régions rurales (Harris et al., 2008).
1.2.2 Tendances, caractéristiques et facteurs de stress du navettage
1.2.2.1
Le navettage et les emplois en milieux urbains et ruraux
Au Canada, le navettage demeure un phénomène urbain. Selon Statistique Canada, en
2001, plus de 80 % de la population canadienne vivaient dans de grands centres urbains (CGU)
et une grande partie (78 %) du navettage était concentrée dans les centres urbains et autour.
L’autre Ɖartie du navettage (22 %), soit un Ɖeu Ɖlus d’un million de travailleurs, reƉrésentait
tous les autres déplacements régionaux (urbain-rural, rural-urbain, rural-rural). Seulement 4 %
des navetteurs, soit environ 164 000 personnes, habitaient dans un GCU et se déplaçaient dans
une municipalité de régions rurales et petites villes (RRPV) pour travailler. Ces travailleurs
occupaient environ 7 % des emplois en milieu rural. Ces travailleurs urbains représentent une
proportion faible, mais non négligeable de l’emƉloi en milieu rural. De plus, seulement 4 % des
emplois en milieu urbain sont occupés par des résidents ruraux. Pour les milieux urbains, le
bassin de main-d’œuvre rurale ne semble donc Ɖas être une source imƉortante. En contrepartie,
ces emplois en milieu urbain représentent 16 % de la main-d’œuvre rurale (Harris et al., 2008).
Selon le bulletin d’analyse des régions rurales et Ɖetites villes du Canada (Harris et al.,
2008), la plupart des navetteurs se déplaçaient sur une distance relativement courte; seulement
13 % des navetteurs se déplacent sur une distance de plus de 25 km pour se rendre au travail. Il
a été remarqué que de Ɖlus en Ɖlus d’emƉloyés choisissent de résider dans une ville de
campagne et de se déplacer quotidiennement vers une région urbaine pour se rendre au travail.
Pour les petites municipalités, cette mobilisation représente un changement majeur puisque
cette mobilisation entraîne un phénomène de périurbanisation (Mitchell, 2005). Le fait que des
gens migrent vers des milieux ruraux et travaillent dans des milieux urbains a amené plusieurs
régions rurales et Ɖetites villes ă l’intérieur de l’orbite métroƉolitaine, donnant lieu ă une sƉhère
étendue de l’influence urbaine. Au Canada, certaines régions anciennement reconnues comme
des régions rurales ou des petites villes ont acquis des caractéristiques qui les réunissent aux
14
milieux urbains. Ces changements démograƉhiques sont déjă d’une imƉortance considérable
dans plusieurs provinces, entre autres au Québec, et ce phénomène continuera de prendre de
l’amƉleur dans les Ɖrochaines années (Mitchell, 2005).
Est-ce que ce phénomène de périurbanisation croissante a conduit, en moyenne, à une
plus longue distance de trajet du domicile au travail? Ce phénomène n’a Ɖas conduit, au Canada,
ă une distance Ɖlus longue de navettage. En effet, deƉuis l’essor économique du Ɖays, le
nombre d’emƉlois dans les municiƉalités ƉériƉhériques subit une hausse raƉide et même Ɖlus
grande que dans les municipalités centrales (Turcotte, 2011). Les emplois sont donc de plus en
Ɖlus concentrés dans des zones Ɖlus Ɖroches de l’endroit oƶ la ƉoƉulation réside. Nonobstant
cette évolution au sein du marché du travail, dans la majorité des pays occidentaux, les durées
moyennes de navettage entre le domicile et le travail ont augmenté dans les dernières années
(Feng et Boyle, 2013; Nivens, 2009). Le Canada ne fait pas exception à cette tendance (Turcotte,
2005).
D’autre Ɖart, la congestion routière est un facteur important qui touche plusieurs
travailleurs. Celle-ci prolonge les trajets et est une grande source d’insatisfaction. Elle est, aux
heures de pointe surtout, un problème commun à la plupart des grandes régions urbaines du
Canada (Turcotte, 2005). La répartition actuelle de la population et des emplois fait en sorte que
78 % du navettage se produit entre les municipalités qui sont situées dans les grands centres
urbains (GCU) (Harris et al., 2008). Les travailleurs des plus grandes régions métropolitaines sont
donc plus susceptibles de rencontrer de la congestion routière quotidiennement en se rendant
au travail que les travailleurs des Ɖlus Ɖetites régions. D’ailleurs, une hausse de la taille de
l’agglomération s’accomƉagne d’une augmentation de la durée de navettage (Turcotte, 2011).
Donc, le temps que prennent les travailleurs pour se rendre à leur milieu de travail est
généralement plus long dans les grandes agglomérations dans lesquelles la congestion routière
est également plus fréquente.
1.2.2.2
La durée
La durée du trajet entre le domicile et le travail est un facteur de stress pour les
navetteurs. Les travailleurs qui ont les temps de navettage les plus longs sont ceux qui trouvent
15
la plupart de leurs journées stressantes (Turcotte, 2011). Une hausse de la durée de navettage
Ɖour se rendre au travail s’accomƉagne d’une augmentation de la Ɖrévalence de stress
(Gottholmseder et al., 2009; Turcotte, 2005), d’un risque Ɖlus élevé de détresse Ɖsychologique
(Feng et Boyle, 2013; Roberts, Hodgson et Dolan, 2011) et de dépression (Palmer, 2005). Une
hausse de la durée de navettage s’accomƉagne aussi d’une réduction du niveau de bien-être
général (Olsson et al., 2013), de l’état de santé des travailleurs, de leur satisfaction envers leur
santé (Nelen, 2012) et envers leur équilibre travail-famille (Turcotte, 2011). Conjointement, une
hausse de la distance parcourue entre le domicile et le travail a été corrélée positivement avec
les conséquences organisationnelles telles que l’absentéisme, les retards, le taux de roulement
et l’insatisfaction au travail
(Kluger,
1998). CeƉendant, l’effet de la durée du trajet sur
l’éƉuisement Ɖrofessionnel a été très Ɖeu étudié.
S’ajoutent ă cette littérature des études suggérant que le genre est un imƉortant
modérateur ayant des effets plus forts pour les femmes (Costal, Pickup et Martino, 1988;
Koslowsky, Aizer et Krausz,
1996). En effet, plusieurs études sur le navettage et le
comƉortement au travail mettent l’accent sur les difficultés des longs trajets Ɖour les femmes
qui ont à jongler avec les responsabilités du marché du travail et de la famille (Costal et al.,
1988). À cet effet, Feng et Boyle (2013) ont examiné la durée des trajets et son association avec
la santé mentale des travailleurs, évaluée par le questionnaire général sur la santé (General
Health Questionnaire), dans un panel auprès de plus de 5000 participants (sondage sur les
ménages britanniques) et selon une stratification par le genre. Les résultats de cette base de
données indiquent qu’effectivement, les effets ă long terme s’aƉƉliquent seulement aux
femmes, tout en contrôlant pour de nombreux facteurs démographiques et socioéconomiques
(âge, revenu, statut matrimonial, classe sociale, éducation, type de famille, conditions de
logement, mode d’occuƉation du logement). Le fait que les femmes avec des enfants soient plus
sujettes de souffrir des longues durées de navettage suggèrent que de tels trajets quotidiens
sont particulièrement difficiles pour les femmes.
Pour les individus qui choisissent de vivre dans une petite municipalité et qui choisissent
de passer plus de temps à faire la navette entre le domicile et le lieu de travail, la théorie du
paradoxe suppose que ces individus font le choix de se déplacer sur une plus grande distance
quotidiennement parce que les avantages de cette décision valent le temps consacré au
transport. Pourtant, les personnes qui voyagent sur une plus longue distance pour se rendre au
16
travail ne rapportent pas une augmentation de leur satisfaction envers leur habitation ou leur
travail (Stutzer et Frey, 2008). Les résultats de l’Enquête sociale générale de 2010 de Statistique
Canada indiquent que de plus longues durées de déplacement sont associées à un stress plus
élevé et une moins grande satisfaction par rapport à la conciliation travail-famille (Turcotte,
2011). Au fur et à mesure que le temps et la distance de navettage augmentent, il est fort
possible que ces effets préjudiciables s’intensifient
Toujours selon l’Enquête sociale générale de 2010 de Statistique Canada, les travailleurs
prennent en moyenne vingt-six minutes pour se rendre au travail et cette moyenne varie
selon les régions. Plus la taille de la région est grande, plus les temps de navettage sont longs
(Turcotte, 2011). Au Canada, les villes qui ont les temps moyens de navettage les plus élevés
sont Toronto (33 min), Montréal (31 min) et Vancouver (30 min) (Turcotte, 2011). Dans ces trois
régions, les travailleurs résidant dans la municipalité centrale étaient plus susceptibles de se
déplacer en transport en commun que ceux des municipalités avoisinantes (Turcotte, 2011). À
Montréal, 41 % des travailleurs résidant dans cette même ville se déplaçaient en transport en
commun, comparativement à seulement 11 % de ceux des municipalités avoisinantes (Turcotte,
2011). Du point de vue de la durée de navettage, les écarts y étaient faibles. Les travailleurs
effectuant la navette vers la ville de de Montréal consacraient en moyenne six minutes de
moins pour se rendre au travail que leurs homologues des municipalités voisines, telles Laval ou
Longueuil. Cette différence, quoique relativement faible, des durées de navettage effectuées à
l’intérieur de ces villes urbaines et celles des villes avoisinantes, peut être expliquée par le fait
que plusieurs travailleurs des municipalités périphériques n’aient Ɖas ă se rendre dans la ville
centrale pour rejoindre leur lieu de travail. En effet, de très nombreux emplois sont situés en
dehors du centre-ville ou de la municipalité centrale. Par ailleurs, en 2010, la croissance du
nombre d’emƉlois au Canada était plus rapide dans les municipalités périphériques que dans les
municipalités centrales (Turcotte, 2011). Néanmoins, la hausse de la durée de navettage entre le
domicile et le travail au Canada est observable autant pour les travailleurs des grandes villes que
des Ɖlus Ɖetites et ă la fois Ɖour les travailleurs qui se déƉlacent en transƉort en commun qu’en
véhicule privé (Turcotte, 2005).
17
1.2.2.3
Le moyen de transport
Le moyen de transport utilisé pour se rendre au travail semble également avoir des
effets sur la santé des navetteurs. Certaines études concluent en la Ɖrésence d’une association
entre les moyens de transport utilisés pour se rendre au travail et divers indicateurs de stress et
de santé mentale (Gottholmseder et al., 2009). Toutefois, il ne semble pas exister de conclusion
claire quant aux effets des divers modes de transport. Les résultats des études peuvent être
contradictoires. Tandis que certaines études indiquent que ce sont les travailleurs qui se
déplacent en voiture qui sont plus à risque de ressentir les effets néfastes du navettage (Feng et
Boyle, 2013), d’autres indiquent que ce sont les usagers des transƉorts en commun (Nelen,
2012). Alors que des études concluent que le fait d’être Ɖassager dans une voiture réduit les
effets négatifs du navettage, d’autres études indiquent que l’exƉérience du navettage comme
passager lors du covoiturage est associée à des niveaux de stress plus élevés que chez les
conducteurs (Nivens, 2009). Il semble néanmoins que les transports dits actifs comme la marche
et le vélo soient perçus comme des transports plus relaxants que les trajets en voiture ou en
transport en commun, et améliorent les conséquences du navettage sur la santé (Campbell,
2013; Nelen, 2012; Olsson et al., 2013).
Il semble aussi qu’une relation comƉlexe existe entre la durée de navettage et le moyen
de transƉort utilisé Ɖour se rendre au travail. En effet, l’étude de Hansson et ses collaborateurs
(2011) indique bien cette comƉlexité. Ces chercheurs ont étudié l’association entre la durée de
navettage et le moyen de transport utilisé avec divers aspects relatifs à la santé, tels que les
journées d’absence Ɖour maladie et les Ɖlaintes ă l’égard de leur santé. En contrôlant Ɖar
plusieurs facteurs dont le facteur socioéconomique, la situation familiale, les heures
supplémentaires, le stress au travail et le lieu de résidence (urbain/rural) ainsi que des facteurs
individuelles dont le genre, l’âge et l’éducation, les chercheurs ont obtenu des résultats
différents pour la durée des trajets selon le moyen de transport utilisé. Par exemple, les
travailleurs dont les trajets Ɖour se rendre au travail durent Ɖlus de 60 minutes s’associent
significativement, de façon linéaire, à une qualité de sommeil réduite. Cependant, pour les
automobilistes, on observait une augmentation des Ɖlaintes subjective ă l’égard de la santé Ɖour
les trajets de
30-60 minutes. Un relation similairement, était observée pour les journées
d’absences, Ɖeu imƉorte le moyen de transƉort. La durée de navettage s’associait négativement
18
aux journées d’absence et aux Ɖlaintes subjectives ă l’égard de la santé chez travailleurs faisant
la navette durant moins de 30 minutes mais qu’ă Ɖartir des trajets de 30 minutes, la durée de
navettage s’associait Ɖlutôt ă Ɖlus de Ɖlaintes et Ɖlus de journées d’absences au travail.
De Ɖlus, l’étude de Nelen
(2012) indique qu’une relation significative et négative qui
existe entre les temps de navettage et la satisfaction en matière de santé disparait lorsque les
durées sont analysées selon le moyen de transport utilisé pour se rendre au travail. Lorsqu’on
tient comƉte de la durée de navettage, les schémas obtenus en ce qui a trait ă l’association
entre le moyen de transƉort et la satisfaction des navetteurs s’inversent lorsque la durée de
navettage est introduite ă l’analyse (Turcotte, 2011). Également, les trajets entre le domicile et
le travail des automobilistes sont Ɖositivement associés ă la détresse Ɖsychologique dès qu’ils
durent plus de trente minutes, alors que pour les usagers du transport en commun, le lien ne
devient significatif qu’ă Ɖartir de soixante minutes (Feng et Boyle, 2013). Il semble également
exister une relation d’interaction entre la durée de navettage, la congestion routière et le
moyen de transport. Le fait de se déplacer dans des conditions de congestion routière augmente
la Ɖrobabilité d’être insatisfait des temƉs de déƉlacement. L’insatisfaction ă cet égard est
surtout Ɖrésente dans les grands centres urbains et s’aƉƉlique surtout aux automobilistes
(Turcotte, 2011).
Généralement, l’offre de transƉort en commun augmente avec la taille de la région.
Conséquemment, la ƉroƉortion d’emƉloyés utilisant le transport en commun pour se rendre au
travail est plus élevée dans les grandes régions urbaines. En 2011, comparativement aux
utilisateurs de l’automobile, les usagers des transƉorts en commun ont enregistré des temƉs
moyens supérieurs de 16 à 28 minutes selon le mode (autobus, métro ou train) (Turcotte, 2011).
Les individus qui habitent en région urbaine et qui travaillent en banlieue ont tendance à faire la
navette en voiture (Harris et al., 2008). Comme l’automobile demeure le moyen Ɖrivilégié Ɖour
se rendre au travail, la durée moyenne des trajets des automobilistes pour se rendre au travail
est très similaire ă la moyenne Ɖour l’ensemble des travailleurs (Turcotte, 2011). La durée des
trajets des personnes qui se rendent au travail en véhicule en covoiturage est supérieure à celles
qui utilisent la voiture seule. Une explication possible à cette différence est que ces travailleurs
aient à emprunter un chemin moins direct pour se rendre au travail. En ce qui a trait aux
travailleurs qui utilisent les transports actifs (marche et vélo), ces derniers ont les trajets les plus
courts. Les trajets les plus longs sont ceux effectués en transport en commun.
19
1.2.3 Le modèle d’impédance du trajet
Le modèle d’imƉédance du trajet ƉroƉosé Ɖar Novaco, Stokols, Campbell et Stokols
(1979) suggère que les déƉlacements entre le domicile et le travail ont comme effet d’induire du
stress. Tout ce qui bloque ou gêne l’action et l’atteinte de la destination conduirait au stress. Le
modèle suƉƉose que l’imƉédance du trajet Ɖeut entraîner de la tension Ɖsychologique et que
celle-ci agit ă titre de médiatrice ă d’autres symƉtômes comme des problèmes de santé, une
diminution du rendement ou une attitude négative ă l’égard de l’exƉérience de navettage.
FIGURE 1 - Le modèle d’imƉédance du trajet
Le modèle d’imƉédance du trajet Ɖrésente deux imƉortantes prémisses. La première est
que le trajet engendre un stress et que ce dernier est une fonction du degré d’imƉédance de
navettage. Le degré d’imƉédance est défini selon les facteurs Ɖouvant emƉêcher d’atteindre la
destination comme la distance, la vitesse et la congestion routière
(Kluger,
1998). Les
caractéristiques stressantes des contraintes du trajet sont conceptualisées en matière de
conditions d’imƉédance de niveau Ɖhysique et de niveau ƉerceƉtif. Tandis que l’imƉédance
physique fait référence aux conditions physiques du trajet tel que le temps et la distance du
déƉlacement, l’imƉédance subjective fait référence ă des facteurs relatifs aux évaluations
subjectives de ces diverses contraintes. La deuxième prémisse est que les effets négatifs de
l’imƉédance du trajet sont atténués par la perception du niveau de contrôle. Le niveau de
contrôle perçu modère les effets de divers facteurs de stress du navettage (Kluger, 1998). Par
exemple, conduire dans des conditions de congestion routière peut être une expérience
stressante d’un côté, mais d’un autre, les automobilistes Ɖeuvent avoir l’imƉression d’être Ɖlus
en contrôle de leurs déƉlacements. Ce sentiment est Ɖarticulièrement Ɖrésent lorsqu’il leur est
Ɖossible de changer d’itinéraire dans des conditions de congestion. Ou encore, les usagers du
20
transport en commun peuvent ressentir un manque de contrôle lorsque des délais se
Ɖroduisent. Cette situation Ɖourrait être frustrante Ɖour certains travailleurs. D’autres
Ɖourraient acceƉter ces délais s’ils sont caƉables d’utiliser la durée suƉƉlémentaire de manière
productive pour le travail ou le loisir (Stutzer et Frey, 2008). L’étude de Koslowki, Aizer et Krausz
(1996) Ɖar ailleurs indiqué que le niveau de contrôle Ɖerçu des conducteurs d’automobile est
plus élevé que celui des navetteurs utilisant les transports en commun.
1.3 Les navetteurs et la santé mentale
Les études portant sur le lien entre les déplacements domicile-travail et l’éƉuisement
professionnel sont rarissimes. À notre connaissance, deux recherches seulement (Koslowsky et
al.,
1996; Nivens,
2009) ont examiné cette relation. Ces deux études ont indiqué que
l’exƉérience du navettage est associée au stress, mais ni l’une ni l’autre n’a établi le lien anticiƉé
avec l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Certains éléments de leurs recherches peuvent servir à
exƉliquer cet échec et servir d’assise dans l’élaboration du Ɖrésent travail de recherche.
La première étude (Nivens, 2009) évalue le navettage et l’éƉuisement Ɖrofessionnel
sous l’argumentaire que les travailleurs possédant un centre de contrôle interne seraient
affectés Ɖlus négativement que ceux Ɖossédant un centre de contrôle externe, c’est-à-dire que
les individus ressentant un besoin de contrôle sur leur environnement auraient des effets plus
prononcés. Des analyses de régression ont été effectuées sur un échantillon de 111 employés
d’une entreƉrise du Midwest des États-Unis. Dans leur ensemble, les données de cette étude
suggèrent que ni la durée des trajets des employés vers leur lieu de travail, ni leur centre de
contrôle n’est significativement associé ă la symƉtomatologie de l’éƉuisement Ɖrofessionnel,
évalué par les trois dimensions de la mesure de Maslach. Toutefois, la durée des trajets est
associée à la mesure objective du stress. Néanmoins, certaines lacunes méthodologiques
Ɖeuvent exƉliquer ces résultats. En Ɖremier lieu, l’échantillon utilisé dans cette étude ne
dénombrait qu’un niveau modéré d’éƉuisement Ɖrofessionnel. La comƉagnie utilisée aux fins
d’échantillonnage a été reconnue comme l’une des meilleures compagnies pour lesquelles
travailler en raison de son engagement envers ses employés. De plus, les analyses de cette
étude ne distinguent pas les navetteurs qui se rendent au travail dans la direction du trafic de
21
ceux qui s’y rendent dans le sens inverse de celui-ci. Puisque conduire dans des conditions de
congestion routière élevée engendre plus de stress que de conduire dans des conditions de
congestion routière Ɖlus faible, cette omission Ɖourrait altérer les résultats d’analyses.
La deuxième étude (Koslowsky et al., 1996), quant à elle, a été conduite dans une
organisation localisée dans une banlieue de Tel-Aviv, en Israël. Les chercheurs avaient comme
objectif d’examiner les Ɖatrons de navettage, de tester la mesure trichotomique de l’imƉédance
de navettage tel que suggéré par Nocavo et ses collaborateurs (1979) sur un échantillon d’une
différente culture, en Ɖlus d’évaluer la relation entre des mesures individuelles et le stress. Les
mesures objectives de navettage, soit la durée et la distance, ont donc été prélevées et
associées aux dimensions d’imƉédance objective de navettage. La dimension subjective a été
évaluée selon une vingtaine d’indicateurs décrivant les obstacles auxquels les navetteurs
peuvent faire face lors de leur trajet vers le travail, tel que la fréquence à laquelle ils rencontrent
de la congestion, du bruit ou de mauvaises conditions météorologiques. L’éƉuisement
professionnel a été évalué par une mesure développée par Pines, Aronson et Kafry (1981) Cette
mesure comprend
21 indicateurs évaluant divers aspects physiques, psychologiques et
émotionnels de l’éƉuisement mental, comme la fréquence ă laquelle les travailleurs se sentent
fatigués, ou désespérés. Sur une base de données de 200 participants performant diverses
fonctions dans l’entreƉrise, les chercheurs ont effectué diverses analyses. Les résultats
soutiennent la notion d’imƉédance du trajet comme façon de définir les variables
indéƉendantes de l’exƉérience du navettage, comƉarativement ă la mesure de la vitesse. Or,
l’éƉuisement Ɖrofessionnel n’a Ɖas été significativement associé ă l’imƉédance du trajet. Ces
résultats Ɖeuvent être discutés Ɖour les raisons suivantes. L’échelle utilisée Ɖour mesurer
l’éƉuisement Ɖrofessionnel dans cette seconde (Koslowsky et al., 1996) était peut-être trop
générale. De Ɖlus, les analyses ont tenté d’associer l’éƉuisement Ɖrofessionnel ă un facteur de
stress relié seulement ă l’exƉérience du navettage. Comme l’évoquent les auteurs, combinés à
d’autres facteurs de stress, le navettage pourrait obtenir des résultats différents. Une mesure
soƉhistiquée de l’éƉuisement Ɖrofessionnel qui inclut la réƉonse ă divers facteurs de stress dont
le navettage fait partie serait probablement un meilleur facteur explicatif de l’éƉuisement
professionnel. Cette conclusion est en lien avec l’étude de Hanson et al. (2011) dans laquelle les
auteurs ont étudié la possibilité que des facteurs de stress supplémentaires liés aux conditions
de travail, à la maison et à la famille agissent sur la relation entre le navettage et la santé.
Effectivement, l’ajout de celles-ci ă leur modèle d’analyse a de façon générale réduit la force des
22
associations entre les déplacements et ses effets sur la santé (faible qualité du sommeil,
épuisement, faible bien-être général physique et psychologique, stress quotidien élevé et
journées d’absence Ɖour maladie élevées). Ainsi, d’autres facteurs influencent les relations
entre les déƉlacements et la santé et il est nécessaire de gérer cette comƉlexité lorsque l’on
étudie ces associations. En dernier lieu, ces deux études ont chacune utilisé des échantillons
Ɖrovenant d’une seule entreƉrise, ce qui rend la comƉaraison des résultats avec d’autres
entreprises très difficile.
Outre les deux recherches recensées (Koslowsky et al., 1996; Nivens, 2009), la littérature
comƉrend des études Ɖortant sur l’association entre le navettage et la santé dont Ɖlusieurs ont
déjà été citées plus haut. L’étude de Palmer (2005) indique que la durée de navettage ne
s’associe Ɖas significativement ă la dépression. Or, l’étude de Feng et Boyle (2013) indique que
la durée de navettage s’associe Ɖositivement ă la détresse Ɖsychologique Ɖour les travailleuses
qui font la navette durant plus de 30 minutes et qui conduisent une voiture pour se rendre au
travail. La relation est aussi significative pour les travailleuses qui font la navette en transport en
commun lorsque la durée est de plus de 60 minutes. En ce qui concerne la relation entre le
navettage et le stress, Gottholmseder et ses collaborateurs (2009) et Turcotte (2005) ont,
comme Nivens (2009) et Koslowski et ses collaborateurs
(1996)
obtenu des résultats
significatifs. Le niveau de stress perçu en arrivant du travail est plus élevé chez les travailleurs
qui ont de longues durées de navettage (Gottholmseder et al., 2009; Turcotte, 2011) et ceux qui
rencontrent de la congestion routière au moins trois fois par semaine (Turcotte, 2011).
En ƉériƉhérie ă la santé mentale, d’autres chercheurs ont étudié l’effet du navettage sur
des conséquences plus générales à la santé. L’étude effectuée par Olsson et ses collaborateurs
(2013) indique que les travailleurs qui sont satisfaits de leurs navettage ont un niveau de bien-
être plus élevé que ceux qui en sont insatisfaits. Les résultats de l’étude de Stutzed et Frey
(2008) indiquent également que le niveau de bien-être est plus élevé chez les travailleurs dont la
durée de navettage est courte mais Ɖour certains tyƉes de navetteurs seulement, c’est-à-dire les
automobilistes. Pour les travailleurs qui font la navette en transport en commun, la relation est
inversée, c’est-à-dire que les navetteurs en transport en commun qui ont de longues durées de
navettage rapportent un meilleur niveau de bien-être. Ces résultats suggèrent un effet
d’interaction entre la durée de navettage, le moyen de transport et le bien-être général des
travailleurs. Les résultats de l’étude de Costal et ses collaborateurs (1988) ainsi que ceux de
23
Nelen (2012) indiquent également que la durée de navettage s’associe positivement avec des
indicateurs de la santé Ɖlus généraux tels que l’auto-évaluation de la santé en générale, la
fatigue, la nervosité, les accidents de travail et le nombre de visites médicales mais que ces
associations Ɖeuvent différer d’un moyen de transƉort ă un autre. Certains chercheurs se sont
aussi intéressé aux effets du navettage sur les organsiations. Leurs études suggèrent que la
durée de navettage s’associe Ɖositivement ă l’absentéisme (Nelen, 2012) ă l’insatisfaction
envers le travail
(Costal et al.1988; Stutzer et Frey, 2008) et l’insatisfaction ă l’égard de
l’équilibre travail-famille (Turcotte, 2011).
De ce recensement empirique découle une conclusion importante : des facteurs relatifs
aux navettage ont des effets néfastes autant sur le Ɖlan individuel qu’organisationnel. Les plus
souvent étudiées dans la littérature sont la durée du trajet, la distance parcourue, le mode de
transport et la congestion routière. Ces études s’ajoutent aux recherches grandissantes qui
pointent à des facteurs de stress auxquels font face les navetteurs chaque jour et donnent des
Ɖistes intéressantes aux futures recherches. De Ɖlus, si l’objectif du Ɖrésent travail est d’évaluer
les effets Ɖotentiels des conditions du navettage sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel, il est Ɖrimordial
de reconnaître les déterminants de l’éƉuisement Ɖrofessionnel Ɖouvant exƉliquer les variations
de celui-ci afin de minimiser les effets de biais.
1.4 Les autres déterminants associés à l’épuisement professionnel
Les connaissances actuelles sur la santé mentale au travail suggèrent non seulement un
rôle imƉortant des conditions de l’organisation du travail, mais aussi des facteurs extérieurs au
travail lui-même (Marchand et al., 2006). La santé mentale des travailleurs est non seulement
enracinée dans le milieu de travail, mais aussi dans d’autres environnements de la vie dans
lesquels les travailleurs se retrouvent quotidiennement (Marchand et al., 2006). Ces autres
environnements de vie constituent les domaines hors travail. Par ailleurs, le modèle
multiniveaux des déterminants de la santé mentale des travailleurs
(Marchand,
2014a)
considère la santé mentale des travailleurs comme étant le produit de stress causé par les
contraintes et les ressources exercées simultanément par les structures de la vie quotidienne et
de la Ɖersonnalité de l’agent. Non seulement l’environnement de travail, mais aussi la situation
24
de la famille, le soutien social en dehors du travail ainsi que les caractéristiques personnelles
sont en eux-mêmes d’imƉortants facteurs associés ă la santé mentale des travailleurs. L’étude
de Marchand et collaborateurs (2014a) soutient ce modèle théorique et Ɖermet d’intégrer les
comƉosantes de l’environnement social des travailleurs. Ainsi, pour comprendre les problèmes
de santé mentale dans la main-d’œuvre, il faut élargir les approches en santé mentale au travail.
Il faut également reconnaître la complexité des déterminants de la santé mentale des
travailleurs. Ainsi, le navettage symbolise un facteur de stress situé entre le domaine du travail
et de la vie familiale.
Ainsi, non seulement les facteurs du travail doivent être considérés pour bien
comƉrendre le rôle des conditions de l’organisation sur la santé mentale, mais les facteurs hors
travail et individuels doivent aussi être pris en considération puisque ces autres pivots peuvent
également ƉarticiƉer ă l’exƉlication des Ɖroblèmes de santé mentale dans la main-d’œuvre
(Beauregard, Marchand et Blanc, 2011).
La ƉluƉart des études sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel ont inclus les caractéristiques de
l’emƉloi, car ceux-ci sont considérés comme la cause du phénomène. Les résultats de ces
nombreuses recherches illustrent clairement l’imƉact des conditions de l’environnement du
travail sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel (Ahola et al., 2006). Les résultats les plus convaincants ont
été obtenus avec les exigences en emploi, notamment la charge de travail, et les ressources
telles que le manque de soutien social ou de contrôle à son travail (Schaufeli, Tariset Van
Rhenen, 2008). L’éƉuisement Ɖrofessionnel est également largement reconnu comme un
phénomène complexe avec des liens de causalité multifactorielle (Borritz et al., 2005). La
présente section recense la littérature concernant non seulement les facteurs du travail associés
ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel, mais aussi des facteurs de l’environnement hors travail et
individuels dont les liens avec l’éƉuisement Ɖrofessionnel ont été étudiés.
25
1.4.1 Les facteurs du travail
1.4.1.1
La profession
De façon générale, en ce qui concerne la contribution des professions dans l’exƉlication
des problèmes de santé mentale au travail, il semble que certains groupes de professions soient
plus à risque, mais que la part de cette contribution soit plutôt faible. Il est donc juste de
conclure que les problèmes de santé mentale sont largement distribués parmi les membres de
la population active (Marchand, 2007b). En ce qui a trait à la contribution des professions dans
l’exƉlication de l’éƉuisement Ɖrofessionnel, raƉƉelons qu’initialement, les travaux autour du
concept de l’éƉuisement Ɖrofessionnel se sont déveloƉƉés sur des Ɖrofessions Ɖrovenant du
secteur des services sociaux et de l’éducation. Ces Ɖrofessions sont caractérisées Ɖar la
Ɖrestation de soin ou de service ă d’autres Ɖersonnes. La recherche s’est ensuite élargie aux
autres Ɖrofessions qui n’incluaient Ɖas ce genre de contact avec les gens. Aujourd’hui, la
littérature soutient que le conceƉt d’éƉuisement Ɖrofessionnel s’aƉƉlique ă un large éventail de
professions. Il existe très peu de matière empirique pouvant soutenir l’hyƉothèse selon laquelle
les facteurs de stress lié à la relation d’aide vise-à-visle client sont liés ă l’éƉuisement
Ɖrofessionnel. Au contraire, d’autres facteurs de stress au travail Ɖlus communs aux diverses
professions obtiennent des associations Ɖlus fortes avec l’éƉuisement Ɖrofessionnel que la
profession elle-même (Bourbonnais, Comeau et Vézina, 1999; Maslach et al., 2001).
En outre, le Ɖrocessus Ɖar lequel les conditions de l’environnement de travail agissent ă
titre de facteurs de stress chez les individus a grandement été étudié et continu de l’être. Les
caractéristiques du travail faisant Ɖartie Ɖrenante de l’exƉlication des Ɖroblèmes de santé
mentale au travail, dont l’éƉuisement Ɖrofessionnel, Ɖeuvent être regrouƉées sous quatre
catégories distinctes, soit les demandes du travail, la conception de la tâche, les relations
sociales et les gratifications (Marchand et Durand, 2011). Ces catégories sont donc revues dans
les sections suivantes.
26
1.4.1.2
Les demandes du travail
Au cours des dernières décennies et en conséquence aux changements de la nature du
travail dont l’utilisation accrue de la technologie et l’accroissement du secteur tertiaire, la
nature des exigences en emploi a subi un changement considérable. Les demandes physiques en
emploi ont grandement diminué et se sont déplacées vers des demandes émotionnelles et
psychologiques. Il est important de distinguer ces types de demandes en emploi, car elles
influencent les différents asƉects du fonctionnement humain. Tout d’abord, les exigences
physiques affectent le système musculo-squelettique en raison de l’exécution de l’activité
physique (par exemple, soulever des boîtes de marchandise). Deuxièmement, les exigences
émotionnelles ont un impact sur les sentiments et les émotions et sont étroitement liées aux
relations interpersonnelles (par exemple, soins des autres). Les exigences psychologiques, quant
ă elles, concernent ƉrinciƉalement le traitement de l’information (Ɖar exemƉle la mémorisation
et la planification)(De Jonge, Reuvers,Houtman, Bongers et Kompier, 2000). Les heures de
travail et l’horaire de travail Ɖeuvent aussi corresƉondre ă des demandes, soit les demandes
contractuelles. Certaines études, comme celle de Bekker et collaborateurs(2005) obtiennent
des associations significatives et positives entre l’éƉuisement Ɖrofessionnel et les demandes
psychologiques ou émotionnelles, mais pas avec les demandes physiques. En ce qui concerne
les demandes émotionnelles, rappelons que les études qui ont évalué le rôle de la profession sur
la Ɖrévalence de souffrir d’éƉuisement Ɖrofessionnel indiquent qu’il existe très Ɖeu de matière
emƉirique Ɖouvant soutenir l’hyƉothèse selon laquelle les facteurs de stress émotionnel sont
liés ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel (Bourbonnais et al., 1999; Maslach et al., 2001). Nous nous
concentrerons donc surtout aux demandes psychologiques et contractuelles qui font
Ɖarticulièrement l’objet de nombreuses études.
Les demandes psychologiques ont reçu un support empirique certain quant à leur
association avec l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Les demandes Ɖsychologiques Ɖeuvent être
définies comme des facteurs de stress présents dans le milieu du travail pouvant générer du
stress (Alarcon, 2011). Sa définition englobe les concepts de charge de travail, d’ambiguïté des
rôles et de conflits de rôles. La charge de travail correspond à la surcharge de travail (pression
du temps et charge de travail). Le conflit de rôle se produit lorsque les employés doivent
respecter des exigences contradictoires alors que l’ambiguïté de rôle se Ɖroduit quand
27
l’information Ɖour bien faire le travail est insuffisante
(Alarcon, 2011). Selon la revue de
littérature de Maslach et ses collaborateurs (2001), l’éƉuisement Ɖrofessionnel est une réƉonse
aux demandes psychologiques en emploi. Plus spécifiquement, la charge de travail et la pression
du temƉs
(surcharge de travail) sont fortement et constamment liées ă l’éƉuisement
Ɖrofessionnel en Ɖarticulier ă la dimension de l’éƉuisement émotionnel. Le conflit de rôle et
l’ambiguïté de rôle obtiennent une association constamment modérée ă forte avec l’éƉuisement
professionnel (Maslach et al., 2001). Ces constats sont soutenus par une méta-analyse plus
récente (Alarcon, 2011) basée sur 231 études qui conclut que la surcharge de travail, l’ambiguïté
de rôle et le conflit de rôle sont tous associés ă l’éƉuisement émotionnel, au cynisme et ă une
efficacité professionnelle réduite. Cependant, ces résultats doivent être interprétés avec
précaution. Le stress généré par les demandes psychologiques ne nuit pas systématiquement à
la santé mentale des individus. l’intérieur d’une certaine limite, les demandes Ɖsychologiques
peuvent générer un stress qui favorise le développement des habiletés et valorise la personne
dans le contrôle et l’identification à son travail (Marchand et al., 2006).
En ce qui concerne les demandes contractuelles, la même revue de littérature de
Maslach et ses collaborateurs (2001) indique que les heures travaillées sont fortement et
constamment liées ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel, en Ɖarticulier ă la dimension de l’éƉuisement
émotionnel. Ce constat est aussi appuyé par une méta-analyse plus récente (Lim, Kim, Kim, Yang
et Lee, 2010). Les heures de travail peuvent créer des contraintes envers les activités en dehors
des heures de travail, ce qui Ɖourrait contribuer ă l’augmentation du stress et de la fatigue chez
les employés. Les employés travaillant plus de 37 heures par semaines seraient plus à risque de
souffrir d’éƉuisement Ɖrofessionnel (Ahola et al., 2006; Bourbonnais et al., 1999). Il existerait
toutefois des différences entre les hommes et les femmes. L’étude de Ahola et ses
collaborateurs (2006) indiquent que les heures de travail ont un effet significatifs et positifs sur
le cynisme et l’efficacité Ɖrofessionnelle réduite pour les femmes alors que pour les hommes, les
heures de travail ont un effet significatif et Ɖositif sur l’éƉuisement émotionnel et l’efficacité
professionnel réduite.. De plus, les employés qui travaillent selon un horaire atypique
souffriraient davantage de l’éƉuisement émotionnelle que leurs collègues travaillant de jour de
façon régulière (Jamal, 2004). Les employés travaillant la fin de semaine rapportent des taux de
stress au travail et d’éƉuisement émotionnel Ɖlus élevés que ceux travaillant sur un horaire plus
standard (le cynisme et le sentiment d’efficacité Ɖrofessionnelle ne semblent toutefois Ɖas
varier significativement en fonction de ce genre d’horaire). De même, les emƉloyés sur les
28
quarts de travail irrégulier signalent des taux d’épuisement professionnel et de stress au travail
plus élevés que ceux travaillant selon un horaire de jour fixe (Jamal, 2004). Toutefois, d’autres
études n’ont Ɖas obtenu d’association significative entre la dimension de l’éƉuisement
émotionnel et les heures travaillées ou le fait de travailler selon un horaire de travail irrégulier
(Bourbonnais et al., 1999; Marchand, et al., 2014a).
1.4.1.3
La conception de la tâche
La conception de la tâche correspond à la façon dont le travailleur a la possibilité
d’effectuer ses activités selon les moyens ă sa disƉosition. Il s’agit du niveau de contrôle qu’un
individu Ɖossède ă la fois sur son travail et sur la manière de l’effectuer. De nombreux
chercheurs ont étudié la relation entre les facteurs relatifs au contrôle et l’éƉuisement
professionnel (Maslach et al., 2001). Souvent, une inadéquation en matière de contrôle indique
que les individus ont un contrôle insuffisant sur les ressources nécessaires pour faire leur travail
ou Ɖour avoir l’autorité suffisante Ɖour Ɖoursuivre le travail dans ce qu’ils croient être la
manière la plus efficace. Les personnes qui se sentent submergées par leur niveau de
resƉonsabilités Ɖeuvent vivre une crise, c’est-à-dire perdre la maîtrise de leur charge de travail.
Cette inadéquation se traduit par un niveau de responsabilité de la personne qui excède son
autorité. Il est pénible pour les travailleurs de se sentir responsable de la production de résultats
envers laquelle ils sont profondément engagés, ne possédant guère la capacité de réaliser ce
mandat (Maslach et al., 2001).
Les études qui Ɖortent sur l’association entre le contrôle en emƉloi et l’éƉuisement
professionnel conçoivent le contrôle des travailleurs sur leur emploi en matière de latitude
décisionnelle. Le niveau de latitude décisionnelle détermine comment un individu peut faire
face aux demandes du travail. Des niveaux de latitude décisionnelle élevée ont un effet
protecteur sur la santé mentale. Une méta-analyse sur les demandes du travail, les ressources et
leur relation avec l’éƉuisement Ɖrofessionnel souligne que le fait de Ɖosséder un niveau de
latitude décisionnelle élevé a été constamment associé à des niveaux faibles de tension et une
meilleure performance (Alarcon, 2011).
29
La latitude décisionnelle comprend deux composantes bien distinctes : a) l’autorité du
travailleur ă Ɖrendre des décisions au travail (l’autorité décisionnelle) et b) l’étendue des
comƉétences utilisées Ɖar le travailleur au travail (l’utilisation des comƉétences) (Karasek et
Theorell, 1990. L’autorité décisionnelle réfère au contrôle de l’individu sur son emƉloi, c’est-à-
dire l’autonomie qu’il Ɖossède dans la réalisation de son travail. Contrairement aux effets directs
de l’autorité décisionnelle sur les ƉerceƉtions de contrôle du travailleur, l’utilisation des
compétences est reliée au développement des compétences (De Jonge et al., 2000b). Cette
comƉosante corresƉond ă la Ɖossibilité du travailleur d’utiliser ses comƉétences et d’en
développer de nouvelles dans le cadre de son emploi. À long terme, l’acquisition de
comƉétences offre aux travailleurs l’influence sur les Ɖrocessus au travail. Étudiées
distinctement, l’utilisation des comƉétences et l’autorité décisionnelle sont toutes deux
associées ă chacune des dimensions de l’éƉuisement Ɖrofessionnel (Taris, Schreurs et Schaufeli,
1999). Des niveaux élevés d’utilisation des comƉétences ou d’autorité décisionnelle ont tous
deux été associés ă des niveaux faibles d’éƉuisement émotionnel et de cynisme et des niveaux
élevés d’efficacité Ɖrofessionnelle (Alarcon, 2011; Bekker, Croon et Bressers, 2005; De Jonge et
al., 2000b; Leiter, Hakanen, Ahola, Toppinen-Tanner et al., 2013; Rafferty, Friend et Landsbergis,
2001). Bien que ces résultats suggèrent des effets semblables, les données empiriques
soutiennent la ƉroƉosition selon laquelle l’autorité décisionnelle et l’utilisation des comƉétences
sont liées, mais reƉrésentent deux conceƉts distincts. Des études ont montré l’imƉortance de
distinguer l’autorité décisionnelle et l’utilisation des comƉétences Ɖuisqu’étudiés séƉarément,
ces deux concepts ont aussi rapporté des effets différents et même parfois opposés (De Jonge et
al.,
2000b). Par exemƉle, les résultats d’une étude auƉrès de 164 travailleurs en ressources
humaines (Rafferty et al., 2001) indiquent que l’utilisation des comƉétences est un facteur de
risque Ɖlus fort et cohérent ă chacune des dimensions de l’éƉuisement que l’autorité
décisionnelle. Très récemment, une étude conduite au Canada auprès de 1954 employés
indique que l’utilisation des compétences est un facteur de protection significatif à la dimension
de l’éƉuisement émotionnel, mais que l’autorité décisionnelle ne l’est Ɖoint.
30
1.4.1.4
Les relations sociales
Il existe maintenant une preuve solide et cohérente que le soutien social est lié à
l’éƉuisement Ɖrofessionnel
(Maslach et al.,
2001). Le soutien social avec le superviseur
corresƉond ă l’attention et ă la collaboration de celui-ci envers ses subordonnés tandis que le
soutien des collègues correspond à leurs compétences pour accomplir leur travail, leur intérêt,
les liens d’amitié et l’aide reçue de leur Ɖart. Le manque de soutien des suƉerviseurs est
Ɖarticulièrement imƉortant, d’autant Ɖlus que le soutien de ses collègues. Une méta-analyse
effectuée dans le but de clarifier la nature des associations entre les facteurs de stress au travail
et la santé mentale souligne premièrement que les niveaux élevés de soutien social au travail,
tant de la part des superviseurs que des collègues, ont un effet protecteur envers la santé
mentale des travailleurs. Elle indique deuxièmement que l’influence du soutien des suƉerviseurs
est Ɖlus imƉortante que celle du soutien des collègues (bien que ce résultat Ɖuisse différer d’un
milieu de travail à un autre) (Lim et al., 2010). En ce qui a trait sƉécifiquement ă l’éƉuisement
professionnel, les niveaux élevés de soutien social des collègues et des superviseurs, étudiés
ensemble ou séƉarément, ont Ɖlusieurs fois été associés ă de faibles niveaux d’éƉuisement
émotionnel, de cynisme et à des niveaux élevés d’efficacité Ɖrofessionnelle (Bekker et al., 2005;
Bourbonnais et al., 1999; De Jonge et al., 2000b; Leiter et Schaufeli, 1996; Marchand et Durand,
2011; Maslach et al., 2001; Rafferty et al., 2001). Or, les résultats de la récente étude de
Marchand et ses collaborateurs (2014a) indiquent que ni le soutien du superviseur ni celui du
collègue ne corrèlent avec la dimension de l’éƉuisement émotionnel. Plutôt, la suƉervision
abusive et les conflits interpersonnels le sont de façon positive.
Dans la littérature, il existe une hypothèse selon laquelle le soutien social modère la
relation entre les facteurs de stress et l’éƉuisement Ɖrofessionnel (Bourbonnais et al., 1999).
Dans cette perspective, le soutien au travail agirait comme modérateur sur la relation entre des
demandes de travail élevés ou le faible contrôle des travailleurs sur leurs tâches et l’éƉuisement
professionnel. Par exemple, Rafferty et ses collaborateurs (2001) suggèrent que le soutien
social modère la relation entre l’utilisation des compétences et la dimension du cynisme. Or, les
études sur l’effet modérateur du soutien social sur les relations entre les facteurs de stress au
travail et l’éƉuisement Ɖrofessionnel obtiennent des résultats mitigés (Maslach et al., 2001).
31
Maslach et ses collaborateurs (2001) indiquent que ces résultats mitigés pourraient être dus à
des problèmes méthodologiques ou théoriques.
1.4.1.5
Les gratifications
La tension chez un individu Ɖeut survenir lorsque l’investissement des ressources n’est
pas récompensé adéquatement, ce qui crée un déséquilibre. Dans un contexte de travail, ces
récompenses peuvent prendre plusieurs formes. Les individus peuvent être récompensés
financièrement par le revenu et parfois de façon encore plus importante par des bénéfices
corresƉondant ă leurs réalisations comme le Ɖrestige, la reconnaissance ou la sécurité d’emƉloi.
Le manque de récompenses appropriées pour le travail accompli dévalorise le travail des
individus et est étroitement associé ă la dimension de l’efficacité Ɖrofessionnelle selon Maslach
et ses collaborateurs (2001) et négativement associée ă l’éƉuisement émotionnel selon Bekker
et ses collaborateurs (2005). Plusieurs auteurs ont étudié la gratification et ont remarqué que
certaines formes de gratifications s’associées aux dimensions de l’éƉuisement Ɖrofessionnel.
L’insécurité d’emƉloi s’associe ă des niveaux élevés d’éƉuisement émotionnel (Bourbonnais et
al.,
1999; Marchand et al., 2014a) et de cynisme (Leiter et Schaufeli, 1996), mais pas à la
dimension de l’efficacité Ɖrofessionnelle. Dans une étude sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel dans
une ƉoƉulation de chirurgien, ă l’échelle nationale aux États-Unis, l’association du revenu s’est
avérée non significative alors que le sentiment que la carrière a une signification s’avère
significatif avec la dimension de l’éƉuisement émotionnel et le cynisme (Bertges Yost, Eshelman,
Raoufiet Abouljoud, 2005). En dernier lieu, et de façon Ɖlus globale, l’iniquité, soit l’instabilité
entre l’investissement et les récomƉenses, a été associée aux trois dimensions de l’éƉuisement
professionnel (Taris, Peeters, Le Blanc, Schreurs et Schaufeli, 2001). En effet, l’inégalité Ɖerçue
peut non seulement entraîner des niveaux élevés de stress, mais peut à son tour et dans une
série d’autres réactions affectives ou de motivation, déclencher des niveaux accrus
d’éƉuisement. L’étude de Taris et ses collaborateurs (2001) a permis de constater que plus les
individus investissent et moins les récomƉenses augmentent, la Ɖrobabilité qu’une relation soit
considérée inéquitable augmente. Les individus qui maintiennent un équilibre défavorable entre
les investissements et les récompenses perçoivent leur relation comme plus stressante que les
autres individus. Ce facteur de stress agit sur les trois dimensions de l’éƉuisement Ɖrofessionnel.
32
Ainsi, les individus qui éprouvent beaucoup de stress dans leur relation rapportent des niveaux
élevés d’éƉuisement émotionnel et de déƉersonnalisation et un sentiment d’accomƉlissement
personnel moins grand.
La recherche indique de façon convaincante que plusieurs caractéristiques de
l’environnement de travail reƉrésentent des facteurs de risque Ɖour l’éƉuisement Ɖrofessionnel.
La contribution des facteurs non liés au travail à l’exƉlication de la santé mentale a été
largement moins étudiée. La section qui suit fait état des connaissances actuelles sur le sujet.
1.4.2
Les facteurs hors travail
Durant les dernières années, la recherche a cumulé des preuves convaincantes du rôle
déterminant de l’environnement des travailleurs sur la santé mentale des travailleurs.
Essentiellement, l’environnement de travail a fait l’objet de nombreuses études. La recherche a
découvert que des facteurs environnementaux externes au travail lui-même peut aussi indure
du stress au travail (Nivens, 2009). Or, les voies par lesquelles les autres milieux de vie pivot
interviennent de façon concomitante avec l’environnement de travail aux Ɖroblèmes de santé
mentale dans la main-d’œuvre ont été considérablement moins investigué examinés
(Beauregard et al., 2011). Par ailleurs, le modèle multiniveaux des déterminants de la santé
mentale des travailleurs (Marchand et al., 2014a) considère la santé mentale des travailleurs
comme étant le produit de stress causé par les contraintes et les ressources exercées
simultanément Ɖar les structures de la vie quotidienne et de la Ɖersonnalité de l’agent. Non
seulement l’environnement de travail, mais aussi la situation de la famille, le soutien social en
dehors du travail ainsi que les caractéristiques personnelles sont en eux-mêmes d’imƉortants
facteurs associés à la santé mentale des travailleurs. Une récente étude (Marchandet al., 2014a)
confirme la pertinence de ce modèle théorique, répondant ainsi aux lacunes des modèles de
stress au travail précédents qui ne Ɖermettaient Ɖas d’intégrer théoriquement et
emƉiriquement les comƉosantes de l’environnement social dans lesquelles les travailleurs sont
le noyau. Ces résultats impliquent que pour comprendre les problèmes de santé mentale dans la
main-d’œuvre il faut élargir les approches en santé mentale au travail et reconnaître la
complexité des déterminants de la santé mentale des travailleurs.
Quels facteurs, plus
33
précisément, constituent le domaine hors travail? Beauregard et ses collaborateurs (2011)
définissent les attributs du domaine hors travail comme étant de nature intrinsèquement
sociale, donc qui se distinguent des attributs individuels ƉroƉres ă l’agent (Beauregard et al.,
2011). La signification du « domaine hors travail ͩ n’étant Ɖas homogène dans la littérature, ces
chercheurs ont mené une revue systématique (Beauregard et al., 2011) dans le but de mieux
comƉrendre la contribution des déterminants hors travail Ɖouvant ƉarticiƉer ă l’exƉlication de la
santé mentale au travail. Cette revue systématique a examiné l’association de causalité
concomitante entre les déterminants du travail et hors travail de la santé mentale des
travailleurs en mettant l’accent sur les trois Ɖroblèmes les Ɖlus largement étudiés, soit la
détresse psychologique, la dépression et l’éƉuisement Ɖrofessionnel. L’extraction des données
emƉirique a donné lieu ă une recension d’une vaste gamme d’études sur le rôle des facteurs
hors travail sur la détresse Ɖsychologique et la déƉression. Or, aucune étude n’utilisait
l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Les résultats de cette revue systémique indiquent néanmoins que
les connaissances sur le sujet se situent essentiellement au niveau de la situation familiale et du
réseau social hors travail. Hormis cette revue systémique, la littérature dénombre quelques
études menées par des chercheurs, comme Ahola et ses collaborateurs (2006) qui contribuent à
la comƉréhension des différences relatives au niveau d’éƉuisement Ɖrofessionnel en fonction de
divers facteurs sociodémographiques. Plus récemment encore, l’étude de Marchand et ses
collaborateurs (2014a) ont évalué divers facteurs du travail, hors travail et individuels sur les
problèmes de santé mentale dans la main-d’œuvre, dont la dimension de l’éƉuisement
émotionnel. La section ci-dessous résume ces connaissances.
1.4.2.1
La situation familiale
La situation familiale comprend les indicateurs spécifiques aux conjoints, aux enfants et
aux caractéristiques structurelles de la famille. Les indicateurs spécifiques aux conjoints
comprennent le statut matrimonial, les tensions avec le conjoint ou le soutien de la part du
conjoint. Marchand et ses collaborateurs
(2006) suggèrent que la situation objective de
l’individu quant ă son état matrimonial ait une influence sur l’état de santé en générale, c’est-à-
dire que le fait d’être en couƉle exerce un effet Ɖrotecteur sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel.
Effectivement, certaines études concluent que les individus célibataires rapportent des taux
34
d’éƉuisement Ɖrofessionnel Ɖlus élevés que les individus mariés et que ce constat s’avère
particulièrement exact pour les hommes (Maslach et al., 2001). Le fait d’être un homme et de
vivre seul a été associé aux trois dimensions de l’éƉuisement Ɖrofessionnel (Ahola et al., 2006). Il
est aussi supposé que les hommes célibataires sont plus à risque que les femmes par la
complexité et le volume du réseau social de la femme. Cette hypothèse soutient le constat selon
lequel le soutien social a un effet bénéfique sur la santé mentale des travailleurs, réduisant
l’effet des tensions reliées au travail. Par contre, la récente étude de Marchand et ses
collaborateurs (2014a) indique que le statut matrimonial ne s’associe Ɖas ă la dimension de
l’éƉuisement émotionnel, genre confondu.
Sur le plan des indicateurs spécifiques aux enfants, celui-ci regroupe le nombre
d’enfants ă la maison et les tensions avec les enfants. Peu d’études se sont concentrées sur
l’imƉact de la Ɖrésence d’enfants dans le ménage sur la ƉroƉension ă vivre l’éƉuisement
professionnel. En ce qui concerne la détresse psychologique, la présence de très jeunes enfants
tendrait à ralentir la probabilité de développer des épisodes multiples de détresse. Ce constat
suggère qu’avoir au moins un enfant en bas âge dans le ménage soit une source de valorisation
et de satisfaction qui marque une expérience de vie positive chez les individus (Marchand et al.,
2006). Effectivement, certaines études indiquent que les couples vivant avec des enfants ont de
Ɖlus faibles risques de souffrir d’éƉuisement Ɖrofessionnel (Bekker et al., 2005; Marchand et al.,
2014a), par contre les obligations parentales ont été associées positivement à la dimension de
l’éƉuisement émotionnel (Bekker et al., 2005). D’un autre côté, vivre des conflits ou des craintes
dans la sphère familiale, vis-à-vis de la relation amoureuse ou des enfants représentent un
fardeau Ɖouvant nuire ă l’équilibre Ɖsychique. Les individus qui vivent ce genre de Ɖroblèmes les
entraînent dans leur milieu de travail (Marchand et al., 2006).
Quant aux caractéristiques structurelles de la famille, elles comprennent le statut
socioéconomique. Malgré les conclusions de certaines études observant une relation entre
l’éƉuisement Ɖrofessionnel et les revenus du ménage de la famille, ou du revenu du ménage de
l’individu (Ahola et al., 2006), la contribution du statut économique du ménage aux troubles
Ɖsychiques s’avère maigre et imƉrécise (Beauregard et al., 2011).
35
1.4.2.2
Le réseau social hors travail
Sur le plan du réseau social hors travail, il existe une relation de force modérée pour le
soutien social et la santé mentale des travailleurs en ce qui a trait à la détresse psychologique et
la dépression (Beauregard et al., 2011). En général, la présence de personnes pouvant soutenir
au plan émotionnel est un facteur de protection important pour la santé mentale ( Marchand et
al., 2006), mais l’étude de la contribution du soutien social hors travail sƉécifique ă l’éƉuisement
Ɖrofessionnel est faible. Les résultats d’un récent travail de mémoire (Addison, 2010) basé sur
une population de travailleurs civils et policiers du service de police de la ville de Montréal
(SPVM) révèlent que le soutien social dont bénéficie un travailleur ă l’extérieur de son travail
n’est Ɖas significativement relié qu’ă la dimension du cynisme. De Ɖlus, l’étude de Marchand et
al (2014a) ne soulignent Ɖas d’association entre le réseau social hors travail et la dimension de
l’éƉuisement émotionnel.
Globalement, les déterminants hors travail sont importants dans l’exƉlication de la santé
mentale des travailleurs Ɖar contre l’insuffisance de Ɖreuve ne Ɖermet Ɖas de conclure sur les
effets des déterminants hors travail sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel. La situation familiale est un
élément qui est presque systématiquement inclus dans les études sur la santé mentale au travail
des dernières années, mais les conclusions de ces études diffèrent. Ces indicateurs objectifs ne
sont donc pas un élément significatif pour expliquer la santé mentale des travailleurs
(Beauregard et al., 2011). Les connaissances au sujet de l’influence du réseau social hors travail
sur la ƉroƉension de vivre l’éƉuisement Ɖrofessionnel manquent aussi de robustesse. Selon la
revue systématique de Beauregard et ses collaborateurs (2011) (et selon leur système de
notation), seulement les effets de facteurs subjectifs associés au réseau social sur la santé
mentale des travailleurs sont de force moyenne.
1.4.3
Les facteurs individuels
Les facteurs individuels comƉrennent des facteurs démograƉhiques comme l’âge ou le
genre ainsi que des traits de personnalité et des attitudes liées au travail. Plusieurs de ces
caractéristiques individuelles ont été liées ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel. CeƉendant, ces
36
relations ne sont pas aussi primordiales que les facteurs de l’environnement de travail (Maslach
et al. 2001). Cette distinction suggère que l’éƉuisement Ɖrofessionnel soit un Ɖhénomène social
Ɖlutôt qu’individuel. De Ɖlus, l’étude sur l’influence de facteurs sociodémograƉhiques sur
l’éƉuisement Ɖrofessionnel n’obtient Ɖas de résultats consistants
(Ahola et al.,
2006).
Néanmoins, les facteurs individuels ne doivent Ɖas être négligés. Certaines d’entre eux sont
susceƉtibles d’influencer le niveau d’éƉuisement Ɖrofessionnel et dans la mesure oƶ nous
tentons de minimiser l’influence des facteurs autres que celles des conditions du navettage, ces
facteurs doivent être introduits dans nos analyses.
1.4.3.1
L’âge
Parmi les facteurs démograƉhiques les Ɖlus souvent étudiés, l’âge obtient les liens les
plus forts. Ce constat est affirmé tant par la revue de littérature de Maslach et collaborateurs
(2001) que par une méta-analyse plus récente sur quinze articles (Lim et al., 2010). L’âge est
l’indicateur le Ɖlus significatif Ɖour les trois dimensions de l’éƉuisement Ɖrofessionnel.
Semblablement ă l’éƉuisement émotionnel, les employés âgés éprouvent moins de cynisme que
leurs collègues Ɖlus jeunes. Il existe une hyƉothèse dans la littérature selon laquelle l’âge est
confondu avec l’exƉérience de travail (Lim et al., 2010; Maslach et al., 2001). En effet, il a été
indiqué que plus les employés gagnent en séniorité, plus leur efficacité professionnelle
augmente et moins ils risquent d’être éƉuisés ou cyniques (Lim et al., 2010). Avec l’âge, les
emƉloyés acquerraient Ɖlus de contrôle dans l’exécution de leurs tâches et auraient moins
tendance à se sentir épuisés ou « brûlés ͩ. Cet avis n’est toutefois Ɖas Ɖartagé dans la
communauté scientifique. Ahola (2006) a obtenu des résultats contredisant cette hypothèse.
Selon cet auteur, l’épuisement professionnel semble, au contraire, augmenter légèrement avec
l’âge et Ɖlus les employés demeure longtemps dans un emploi ou un département, plus leur
niveau de satisfaction en emploi est faible, ce qui peut engendrer stress et épuisement.
37
1.4.3.2
Le genre
La littérature sur les différences hommes femmes dans l’éƉuisement Ɖrofessionnel
abouti à des résultats contradictoires tant sur la direction de cette relation que la force de celle-
ci. Certaines études indiquent que l’éƉuisement Ɖrofessionnel ne change Ɖas en fonction du
genre (De Jonge et al., 2000b; Marchandet al., 2014a) alors que d’autres ont indiqué que le
genre a un impact particulièrement sur la dimension de l’éƉuisement émotionnel et du cynisme
(Ahola et al., 2006; Bekker et al., 2005; Lim et al., 2010; Maslach et al., 2001) Une méta-analyse
basée sur une revue de 183 études (Purvanova et Muros, 2010) indique que la dimension de
l’éƉuisement émotionnel est Ɖlus fortement liée au fait d’être une femme alors que la
dimension du cynisme est plus fortement liée aux hommes. Bien que cette influence du genre
sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel soit faible, sur un chevauchement statistique, elle est notable
(Purvanova et Muros, 2010). Il a été suggéré que ces différences puissent être dues aux
stéréotypes traditionnels qui encouragent les femmes à être plus empathiques et sensibles aux
autres et les hommes à être moins émotifs et plus indépendants (Lim et al., 2010).
1.4.3.3
Le niveau d’éducation
En ce qui concerne le niveau d’éducation, la situation est ambigüe. Certaines études ont
trouvé que les individus ayant des niveaux élevés d’éducation raƉƉortent des taux d’éƉuisement
Ɖrofessionnel aussi Ɖlus élevés que ceux qui ont obtenu des niveaux d’éducation moindre (Ahola
et al., 2006; Lim et al., 2010) alors que d’autres études ne concluent pas en une association
significative entre le niveau d’éducation et les dimensions de l’éƉuisement Ɖrofessionnel
(Bekker et al., 2005; De Jonge et al., 2000b). L’interƉrétation de ces résultats contradictoires est
floue. Il se Ɖourrait que l’éducation soit confondue avec d’autres facteurs comme le statut et la
profession, mêlant ainsi les interprétations des résultats de ces études. Les personnes ayant des
niveaux d’éducation suƉérieure occuƉeraient des emƉlois disƉosant de Ɖlus hautes
responsabilités et d’un stress Ɖlus élevé. Ou encore, il se Ɖourrait que les Ɖersonnes très
instruites aient des attentes plus élevées envers leurs emplois et vivent de plus grandes
déceptions dans leur carrière (Maslach et al., 2001).
38
En dépit que des facteurs situationnels soient clairement la source de l’éƉuisement
professionnel, certains chercheurs soutiennent que les facteurs de disposition jouent
également un rôle dans la façon dont les employés répondent à leur travail (Spence Lashinger et
Finegan, 2008).
1.4.3.4 Les traits de personnalité
Les traits de personnalité sont des caractéristiques qui peuvent influencer la capacité
d’adaƉtation des individus. De Ɖlus en Ɖlus, les études semblent indiquer que le stress vécu Ɖar
certaines conditions de l’organisation du travail dépend des caractéristiques personnelles
(Addison, 2010). Les recherches sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel ont étudié la relation entre la
Ɖersonnalité et l’éƉuisement Ɖrofessionnel notamment avec le modèle en cinq facteurs, le
« Core Self Evaluation » et le centre de contrôle.
Le modèle en cinq facteurs (Swider et Zimmerman, 2010) comprend les cinq traits de
personnalité centraux, en anglais le « Big Five ͩ, soit le névrosisme, l’extraversion, le caractère
agréable, le caractère consciencieux et l’ouverture ă l’exƉérience. Selon une méta-analyse
comptant 115 études (Swider et Zimmerman, 2010), ces cinq traits de personnalité présentent
de fortes relations avec l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Le névrotisme, l’extraversion, le caractère
agréable, la conscience et l’ouverture ă l’exƉérience sont tous reliés aux trois dimensions de
l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Le névrosisme est lié Ɖositivement ă l’éƉuisement émotionnel et ă
la déƉersonnalisation, ainsi que négativement ă l’accomƉlissement Ɖersonnel. Le caractère
agréable, l’extraversion, le caractère consciencieux et l’ouverture ă l’exƉérience sont liés
négativement ă l’éƉuisement émotionnel et ă la déƉersonnalisation et Ɖositivement ă
l’accomƉlissement Ɖersonnel. De ces cinq traits de Ɖersonnalité, le névrosisme est celui qui
obtient la relation la Ɖlus forte avec l’éƉuisement émotionnel et la dimension de la
déƉersonnalisation tandis que l’extraversion est celle qui obtient la relation la Ɖlus forte avec
l’accomƉlissement Ɖersonnel.
Le « Core self-evaluation (CSE) ͩ est un trait de Ɖersonnalité qui décrit l’évaluation des
individus envers eux-mêmes et leur estime de soi (Spence Lashinger et Finegan, 2008). Les
individus s’autoévaluant fortement ont tendance ă avoir une confiance en soi aussi élevée et se
39
Ɖercevoir Ɖositivement. l’inverse, les individus s’autoévaluant ă la baisse ont aussi une faible
estime de soi et une ƉerceƉtion négative d’eux même. La conclusion de l’enquête longitudinale
de SƉencer et ses collèges (2008) révèlent que l’auto-évaluation des travailleurs explique
significativement la variance de l’éƉuisement Ɖrofessionnel, les individus s’autoévaluant
Ɖositivement ayant moins tendance ă souffrir d’éƉuisement. Le CSE consiste en quatre traits de
personnalité, dont le centre de contrôle. Une étude plus récente de Haines, Harvey, Durand et
Marchand (2013), basée sur un échantillon de 289 agents du service de police et du personnel
civils mariés ou vivant en union de fait indiquent que le CSE (mesuré par une échelle composée
du locus de contrôle, de l’estime de soi et de la stabilité émotionnelle) s’associe négativement ă
la mesure globale de l’éƉuisement Ɖrofessionnel et même que cette relation est Ɖartiellement
médiée par des facteurs du conflit travail-famille.
Le centre de contrôle est un trait de
personnalité qui représente la mesure selon laquelle les individus croient que les récompenses
qu’ils reçoivent Ɖeuvent être contrôlées Ɖar leurs ƉroƉres actions Ɖersonnelles. Les individus qui
ont un centre de contrôle externe se distinguent de ceux qui ont un centre de contrôle interne
par la croyance de pouvoir contrôler leur vie, les autres croyant plutôt que leur vie est contrôlée
par des influences externes, telles que les autres personnes ou la foi (Wang, Bowling et
Eschleman, 2010). Une méta-analyse sur la relation entre le centre de contrôle et diverses
conséquences organisationnelles indique que le centre de contrôle externe (Wang et al., 2010)
entretient une relation négative avec l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Ainsi, les individus qui ont
tendance ă avoir un centre de contrôle interne ont aussi tendance ă moins s’associer ă
l’éƉuisement Ɖrofessionnel. L’étude de Marchand et ses collaborateurs (2014a) confirme ce
constat en obtenant aussi des résultats significativement négatifs entre le centre de contrôle
interne et la dimension de l’éƉuisement émotionnel
1.5 Synthèse des connaissances
La revue de littérature précédente a indiqué plusieurs points fondamentaux à notre
question de recherche, notamment sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel, le stress au travail et les
tendances de navettage entre la résidence et le travail.
40
Au déƉart, les exƉériences menées ă l’effet de l’éƉuisement Ɖrofessionnel se sont
concentrées sur des emplois nécessitant de prodiguer des soins et des services à des personnes
en besoin. Aujourd’hui, le conceƉt d’éƉuisement Ɖrofessionnel est défini comme une
conséquence du stress au travail qui s’étend au-delà de ces professions et est, en matière de
santé en milieu de travail, l’un des Ɖroblèmes de santé mentale fréquemment étudiés. Les
Ɖersonnes qui souffrent d’éƉuisement Ɖrofessionnel ont tendance ă se sentir éƉuisées
émotionnellement au travail, avoir une attitude cynique ou de dépersonnalisation envers son
travail et se sentir inefficaces professionnellement. Ce phénomène se traduit par la formulation
de l’éƉuisement Ɖrofessionnel de Maslach comƉosé de trois dimensions, soit l’éƉuisement
émotionnel, le cynisme et l’efficacité Ɖrofessionnelle.
L’éƉuisement Ɖrofessionnel se déveloƉƉe graduellement ă la suite d’une situation
d’exƉosition Ɖrolongée ă des facteurs de stress (Ahola et al., 2006). Dans le cadre du travail,
l’exƉosition aux caractéristiques Ɖsychosociales indésirables conduit ă l’éveil de la détresse
Ɖsychologique qui, au long terme, conduit ă un état d’épuisement professionnel (Borritz et al.,
2005). D’un Ɖoint de vue biologique, les facteurs de stress durables Ɖeuvent Ɖroduire un état de
stress chronique Ɖouvant mener ă des Ɖroblèmes de santé mentale. L’éƉuisement Ɖrofessionnel
est également lié à des mesures de stress biologiques. Les conclusions d’une récente étude
(Marchand et al., 2014b) suggèrent que la dimension de l’éƉuisement émotionnel et la mesure
globale de l’éƉuisement Ɖrofessionnel sont fortement corrélées ă des concentrations de cortisol
(Marchandet al., 2014b).
D’autre Ɖart, dans les grandes villes du Canada, les caractéristiques de navettage se
complexifient. La migration de plusieurs employés vers une ville de campagne donne lieu à une
sƉhère étendue de l’influence urbaine. Cette mobilisation entraîne un phénomène de
Ɖériurbanisation qui continuera ă Ɖrendre de l’amƉleur. De Ɖlus en Ɖlus d’entreƉrises
s’établissent dans des zones Ɖlus Ɖroches de l’endroit oƶ la ƉoƉulation réside. De ces
changements s’ensuit une croissance raƉide de navettage d’une ƉériƉhérie ă une autre et des
déƉlacements ă l’intérieur même des limites des zones urbaines. En conséquence, ce
phénomène complexifie les tendances de navettage qui se veulent multidirectionnelles.
L’association entre les durées de navettage domicile-travail et le stress ressenti est
évidente et le temps que les travailleurs prennent pour se rendre au travail est à la hausse. Il
existe aussi une association claire entre le moyen de transport utilisé pour se rendre au travail et
41
les effets sur la santé des navetteurs, les automobilistes étant les travailleurs qui perçoivent leur
voyage comme le plus stressant. La congestion routière est également un facteur de stress
important qui touche plusieurs travailleurs, qui prolonge les trajets et qui est une grande source
d’insatisfaction. Elle est, aux heures de pointe surtout, un problème commun à la plupart des
grandes régions urbaines du Canada.
Une exƉosition Ɖrolongée ă divers facteurs de stress Ɖeut conduire ă l’éƉuisement
professionnel.. Il est donc raisonnable de supposer que le stress associée au navettage quotidien
Ɖuisse être indicatif de l’éƉuisement Ɖrofessionnel (Koslowsky et al., 1996). Pourtant, les études
sur le sujet sont rares. À notre connaissance, deux recherches seulement ont examiné cette
relation. Ces études obtiennent des résultats significatifs entres les facteurs du navettage
(durée, distance, moyen de transport, congestion routière) et le stress mais les résultats entre
ces mêmes facteurs de navettage et la mesure de l’éƉuisement professionnel ne sont pas
significatifs.. Ainsi, ces études suggèrent que le navettage s’associe ă la mesure du stress mais
Ɖas ă celle de l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Toutefois, ces recherches comptent quelques lacunes
que nous tenterons de combler. Combinés ă d’autres facteurs de stress, le navettage Ɖourrait
obtenir des résultats différents. Une mesure de l’éƉuisement Ɖrofessionnel qui inclut la réƉonse
à divers facteurs de stress desquels le navettage fait partie serait probablement un meilleur
prédicateur de l’éƉuisement Ɖrofessionnel.
L’objectif du Ɖrésent travail étant d’évaluer les effets Ɖotentiels des conditions du
navettage sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel, il est Ɖrimordial de reconnaître les déterminants de
l’éƉuisement Ɖrofessionnel Ɖouvant expliquer les variations de celui-ci. L’éƉuisement
professionnel est reconnu comme un phénomène complexe avec des liens de causalité
multifactoriels. Les connaissances actuelles sur ce phénomène suggèrent un rôle important des
conditions de l’organisation du travail (Marchand et al., 2006). Des liens entre l’éƉuisement
Ɖrofessionnel et d’autres facteurs du domaine hors travail et individuel sont étudiés, mais
plusieurs résultats demeurent mitigés. Le Tableau I présente une synthèse des écrits à cet égard.
L’identification et la comƉréhension des effets des déterminants de la santé mentale des
travailleurs sont complexes. La recherche a découvert que des facteurs psychosociaux du travail
peuvent induire du stress causant des problèmes de santé mentale et plus récemment que des
facteurs environnementaux externes au travail lui-même peuvent aussi indure du stress au
travail. Dans la perspective du modèle multiniveaux des déterminants de la santé mentale des
42
travailleurs (Marchandet al., 2014a) qui considère la santé mentale des travailleurs comme le
produit de stress causé par les contraintes et les ressources exercées simultanément par les
diverses structures de la vie quotidienne et de la Ɖersonnalité de l’agent, le navettage
représente un facteur de stress qui se situe à la frontière entre les structures du travail et de la
vie familiale (ou personnelle). La section qui suit permettra de conceptualiser la question de
recherche Ɖour faire suite ă l’état des connaissances.
43
TABLEAU I - Synthèse de la revue sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel
RELATION
FACTEURS
AUTEURS
EP
EE
CN
EF
NAVETTAGE
Moyen de transport
ns
(Koslowsky et al., 1996)
Distance
ns
ns
ns
(Nivens, 2009) (bivariées)
Durée
ns
ns
ns
(Nivens, 2009)
Congestion routière
ns
ns
+
(Nivens, 2009) (bivariées)
Stress
ns
ns
ns
+
(Nivens, 2009)(bivariés)
Centre de contrôle
ns
ns
ns
(Nivens, 2009)
Centre de contrôle * durée
ns
ns
ns
(Nivens, 2009)
Impédance de navettage
ns
(Koslowsky et al., 1996)
TRAVAIL
-
(De Jonge et al., 2000b; Marchand et al., 2014a)
Utilisation
des
ns
ns
ns
-
(Addison, 2010)
compétences
-
-
+
(Leiter, Hakanen, Ahola, Toppinen-Tanner, et al., 2013)
ns
-
+
(Marchand et Durand, 2011)
-
ns
ns
(Bekker et al., 2005; Rafferty et al., 2001)
Conception
-
(Maslach et al., 2001)
de la tâche
-
(De Jonge et al., 2000b)
Autorité
(Alarcon,
2011; Leiter, Hakanen, Ahola, Toppinen-
-
-
+
décisionnelle
Tanner, et al., 2013)
ns
(Marchand et al., 2014a)
ns
-
+
(Marchand et Durand, 2011)
ns
ns
ns
ns
(Leiter, Hakanen, Ahola, Toppinen-Tanner, et al., 2013)
Physiques
ns
(Marchand, Durand, et al., 2014)
+
+
ns
(Rafferty et al., 2001)
(De Jonge et al.,
2000b; Leiter et Schaufeli,
1996;
+
Marchand et al., 2014a)
ns
(Marchand et al., 2014a)
Psychologiques
+
+
(Maslach et al., 2001)
+
+
-
(Alarcon, 2011)
Demandes
+
-
ns
(Marchand 2011)
+
(Borritz et al., 2005)
+
+
ns
ns
(Jamal, 2004)
+
+
ns
(Lim et al., 2010)
Contractuelles
+
(Bourbonnais et al., 1999)
+h
+f
-
(Ahola et al., 2006)
+
(Bekker et al., 2005)
44
Tableau I (suite)
RELATION
FACTEURS
AUTEURS
EP
EE
CN
EF
ns
(Marchand et al., 2014a)
Heures
+
ns
+
(Ahola et al., 2006)
travaillées
+
(Bourbonnais et al., 1999)
Horaire
+
+
ns
(Lim et al., 2010)
ns
( Marchandet al., 2014a)
Horaire
ns
+
(Jamal, 2004)
irrégulières
+
(Bourbonnais et al. 1999)
-
ns
+
(Rafferty et al., 2001; Marchand et al., 2011)
Collègues
-
(Maslach et al., 2001)
ns
(Marchand et al., 2014a)
-
-
+
(Leiter et Schaufeli, 1996)
Soutien
-
-
ns
(Marchand et Durand, 2011; Rafferty et al., 2001)
social
au
travail
Superviseur
-
(Bekker et al., 2005; De Jonge et al., 2000b)
ns
(Marchand, Durand, et al., 2014)
+
+
+
ns
(Addison, 2010)(sup abusive)
Score
global
(sup
+
-
(Bourbonnais et al., 1999; De Jonge et al., 2000b)
collègues)
(Bourbonnais et al., 1999; Marchand, Durand, et al.,
+
Insécurité
en
2014)
emploi
+
+
(Leiter et Schaufeli, 1996)
Revenu
ns
(Bertges Yost et al., 2005)
Revenu
ns
ns
ns
ns
(Addison, 2010)
-
-
+
(Bertges Yost et al., 2005)
Carrière
(sens,
perspective)
ns
(Marchand et al., 2014a)
Gratifications
Iniquité
+
+
-
(Taris et al., 2001)
(déséquilibre
effort-
+
(Maslach et al., 2001)
récompense)
+
(Maslach et al., 2001)
Gratifications
-
(Bekker et al., 2005)
Reconnaissance
ns
(Marchand et al., 2014a)
ns
-
+
(Lim et al., 2010)
f+
(Ahola et al., 2006)
Années d’expérience
ns
(Bourbonnais et al., 1999)
ns
ns
ns
(Nivens, 2009)
HORS TRAVAIL
Statut socioéconomique
f+
+
-
(Ahola et al., 2006)
45
Tableau I (suite)
RELATION
FACTEURS
AUTEURS
EP
EE
CN
EF
Revenu familial
ns
(Marchand et al., 2014a)
h+
(Maslach et al., 2001)
+
(Ahola et al., 2006)
Statut matrimonial
-
-
ns
(Rafferty et al., 2001)
(Bekker et al., 2005;
ns
Marchand et al., 2014a)
-
(Bekker et al., 2005)
Nombre d’enfants
ns
(Koslowsky et al., 1996)
Présence d’enfants
-
(Marchandet al., 2014a)
Obligation parentale
+
(Bekker et al., 2005)
Tensions maritales/parentales
ns
(Marchand et al., 2014a)
Conflit famille-travail
-
(Marchand et al., 2014a)
Conflit travail-famille
+
(Marchand et al., 2014a)
-
(Bourbonnais et al., 1999)
Soutien social hors travail
ns
-
ns
(Addison, 2010; Marchand et al., 2014a)
ns
(Marchand et al., 2014a)
INDIVIDUS
+f
(Koslowsky et al., 1996)
(Ahola et al., 2006; De Jonge et al., 2000b;
f+
h+
Maslach et al., 2001)
ns
h>f
ns
(Lim et al., 2010)
Genre
h+
(Bekker et al., 2005)
(De Jonge et al., 2000b;
ns
Marchand et al., 2014a)
ns
f+
ns
ns
(Addison, 2010)
-
(Maslach et al., 2001)
-
-
+
(Lim et al., 2010)
ns
(Bourbonnais et al., 1999)
-
((Marchand et al., 2014a))
Âge
+
+
+
-
(Ahola et al., 2006)
+
(Bekker et al., 2005)
-
-
ns
(Rafferty et al., 2001)
ns
(De Jonge et al., 2000b)
ns
ns
ns
-
(Addison, 2010)
(Ahola et al., 2006;
Genre * âge
ns
Bekker et al., 2005)
Éducation
+
(Maslach et al., 2001)
46
Tableau I (suite)
RELATION
FACTEURS
AUTEURS
EP
EE
CN
EF
+
ns
+
(Lim et al., 2010)
+
+
+
-
(Ahola et al., 2006)
Éducation (suite)
+
+
+
(Rafferty et al., 2001)
ns
(Bekker et al., 2005; De Jonge et al., 2000b)
ns
(De Jonge et al., 2000b)
Scolarité
ns
ns
ns
+
(Addison, 2010)
BIG Five
+
(Maslach et al., 2001; Swider et Zimmerman, 2010)
-
(Spence Lashinger et Finegan, 2008)
« Core
self
evaluation »
-
Haines, Harvey, Durand et Marchand (2013)
Traits
de
personnalité
Centre
de
-
(Wang et al., 2010)
contrôle interne
Centre
-
(Marchand et al., 2014a)
Type A
+
(Bourbonnais et al. 1999)
(Marchand et al., 2014a)
Estime de soi
ns
Santé physique
+
(Marchand et al., 2014a)
Alcool
ns
(Marchand et al., 2014a)
Fumeur
ns
(Marchand et al., 2014a)
Activité physique
ns
(Marchand et al., 2014a)
(Marchand et al., 2014a)
Événement stressant dans
ns
l’enfance
+
(Bourbonnais et al., 1999)
Légende : EP=Épuisement professionnel
(mesure globale); EE=Épuisement émotionnel; CN=cynisme;
EF=Efficacité professionnelle
47
CHAPITRE 2 - PROBLÉMATIQUE ET MODÈLE DE RECHERCHE
Ce deuxième chapitre se divise en trois sections. La première présente la problématique
de recherche ainsi que la question de recherche qui en découle. La deuxième section présente le
modèle conceƉtuel déveloƉƉé Ɖour oƉérationnaliser les liens entre les conceƉts ă l’étude. Puis,
la troisième section présente les hypothèses que suppose ce modèle conceptuel .
2.1 Question de recherche
Les pays industrialisés assistent à plusieurs changements démographiques au sein de
leur population active et ces mutations ont des répercussions sur le marché du travail. Entre
autre, les pays industrialisés assistent à une croissance des problèmes de santé mentale. Les
lourdes conséquences sociales, organisationnelles et individuelles de ces problèmes en font des
objets d’études d’intérêt majeur. En outre, l’éƉuisement Ɖrofessionnel a de nombreuses fois été
associé à des conséquences négatives d’ordres individuelles et organisationnelles. Nonobstant
l’avancée des connaissances sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel, il demeure un Ɖhénomène ă
étudier davantage.
L’éƉuisement Ɖrofessionnel est conceƉtualisé en un Ɖhénomène de stress au travail
(Marchandet al., 2014b). Il représente un phénomène psychologique impliquant des facteurs de
stress chroniques auxquels les individus font face dans leur milieu de travail (Marchand et al.,
2014b; Swider et Zimmerman, 2010). Un large éventail de facteurs de stress au travail tels que
les demandes Ɖsychologiques en emƉloi, les heures travaillées, l’utilisation des comƉétences et
l’autorité décisionnelle sont reconnues comme conditions d’emƉloi contribuant aux Ɖroblèmes
d’éƉuisement Ɖrofessionnel. Dès lors, la littérature préconise le rôle dominant des facteurs de
stress au travail sur la ƉroƉension des travailleurs ă souffrir d’éƉuisement Ɖrofessionnel. Or, le
rôle d’autres facteurs de stress extérieur au travail ainsi que des facteurs individuels reçoivent
de plus en plus de support empirique (Marchand et al., 2006). À cet égard, la littérature suggère
que la compréhension des problèmes de santé mentale dans la main-d’œuvre nécessite un
48
élargissement des aƉƉroches ainsi qu’une reconnaissance de la comƉlexité des déterminants de
la santé mentale des travailleurs.
Dans cette perspective, le navettage représente un facteur de stress qui se situe à la
frontière entre les structures du travail et de la vie familiale
(ou personnelle) et qui a
pourraitexercer des contraintes se réƉercutant sur la ƉroƉension ă souffrir d’éƉuisement
professionnel. Dès lors, sur la base de ces propositions, ce mémoire a pour but de réponde à la
question de recherche suivante : quelle est la relation entre les conditions de navettage et
l’éƉuisement Ɖrofessionnel?
2.2 Le modèle conceptuel
Le modèle conceptuel illustré à la Figure 2 établit la relation supposée par les
hyƉothèses de recherche entre les diverses variables ă l’étude. Il établit que les effets de la
durée, de la distance ainsi que la vitesse de navettage sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel sont
modérés par la le moyen de transport utilisé pour se rendre au travail ainsi que la région dans
laquelle se situe le milieu de travail. Il est semblable au modèle d’imƉédance du trajet de
Stokols, Novaco et leurs collaborateurs (1979) qui suƉƉose que le degré d’imƉédance du trajet
peut entraîner de la tension psychologique et que cette tension agit à titre de médiatrice à
d’autres symƉtômes comme des Ɖroblèmes de santé, une diminution du rendement ou une
attitude négative ă l’égard de l’exƉérience de navettage. Le degré d’imƉédance est défini Ɖar les
facteurs de stress Ɖouvant nuire ă l’atteinte de la destination comme la distance, la vitesse ou la
congestion routière. Ce modèle suppose aussi que les effets négatifs des divers facteurs de
stress caractérisant le navettage sont modérés par la perception du niveau de contrôle perçu
par les navetteurs (Kluger, 1998) plus particulièrement à travers le moyen de transport utilisé et
la région dans laquelle s’effectue le navettage.
Le modèle conceptuel à la Figue 2 suppose que les conditions de navettage sont des
facteurs de stress Ɖouvant contribuer ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Le terme « facteurs de
stress du navettage » est utilisé à des fins de représentativité des variables caractérisant le
navettage des travailleurs. Le choix de ces conditions de navettage repose sur la revue de
49
littérature. Les conditions de navettage retenues sont la durée et la distance qui peuvent
également être mesurés par la vitesse (distance/durée = vitesse). Le moyen de transport est
également retenue comme condition de navettage mais cette dernière est conceptualisée
comme une variable Ɖouvant modérer l’effet de conditions de navettage (durée, distance et
vitesse) sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel..
La revue de littérature indique que les travailleurs qui se déplacent vers des milieux de
travail situés dans les régions urbaines font face à des conditions de congestion routière plus
élevées que ceux qui se déplacent vers des régions rurales. De la sorte, la région dans laquelle se
situe l’établissement de travail Ɖeut avoir un effet sur la relation entre les conditions de
navettage (durée, distance et vitesse) et les niveaux d’éƉuisement Ɖrofessionnel mesurés chez
les travailleurs, Ce lien théorique suggère qu’une caractéristique contextuelle de l’établissement
(niveau organisationnel), c’est-à-dire sa localisation géographique, puisse influencer une relation
mesurée à un niveau individuel. À cet égard, le modèle conceptuel postule que les associations
entre les conditions de navettage (durée, distance et vitesse) avec l’éƉuisement Ɖrofessionnel
varieront d’une organisation ă l’autre en fonction de ce facteur régional qui reƉrésente une
variable modératrice.
Également, la région Ɖourrait modérer l’effet du moyen de transƉort sur la relation
entre les conditions de navettage (durée, distance, vitesse) et l’éƉuisement Ɖrofessionnel. La
littérature indique que la région du milieu de travail ainsi que le moyen de transport utilisé pour
s’y rendre agissent sur la relation entre les conditions de navettage et le stress du navettage,
tant distinctement que simultanément. En effet, les résultats de l’étude de Turcotte (2011)
indiquent que le fait de se déplacer dans des conditions de congestion routière augmente la
Ɖrobabilité d’être insatisfait des temƉs de déƉlacement, que cette insatisfaction est surtout
Ɖrésente dans les grands centres urbains et qu’elle s’aƉƉlique surtout aux automobilistes.
Ainsi, le rôle modérateurs tant de la région du milieu de travail que du moyen de
transport utilisé Ɖour s’y rendre sur la relation entre la durée, la distance et la vitesse de
navettage avec l’éƉuisement Ɖrofessionnel seront analysés. Leur effet de modération simultané
sera aussi validé. De tels effets de modération entre des variables mesurés à des niveaux
multiples
(individuels et organisationnels) peuvent être évalués grâce à des analyses de
régression effectuées sur une base de données multiniveaux. La section portant sur la
méthodologie abordera plus explicitement la stratégie d’analyse adoƉtée ă cet effet.
50
FIGURE 2 - Le modèle conceptuel
La conceƉtion tridimensionnelle de l’éƉuisement Ɖrofessionnel est retenue afin de
définir la variable dépendante. Des trois dimensions de l’éƉuisement Ɖrofessionnel (éƉuisement
émotionnel, cynisme et efficacité Ɖrofessionnelle), l’éƉuisement émotionnel est le Ɖlus
largement rapporté dans la littérature de la santé mentale au travail. Cette dimension est celle
qui est considérée, selon certains, comme la dimension-clé du phénomène (Bourbonnais et al.,
1999). D’ailleurs, elle est celle qui est associée le Ɖlus fortement au niveau de cortisol avec la
mesure globale de l’éƉuisement Ɖrofessionnel
(Marchand et al.,
2014b). L’éƉuisement
professionnel sera donc évalué selon les trois dimensions de l’éƉuisement émotionnel. Nous
effectuerons en surcroît des analyses exƉloratoires sur la mesure globale de l’éƉuisement
professionnel.
Nous intégrons aussi au modèle conceptuel des variables relatives au travail, à la
situation hors travail ainsi que des variables individuelles afin de minimiser les possibilités
d’effets de biais qu’elles Ɖourraient aƉƉorter ă l’évaluation de l’effet du navettage sur
l’éƉuisement Ɖrofessionnel. La recherche sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel atteste de l’imƉact des
caractéristiques de travail sur celui-ci. Toutefois, plusieurs autres facteurs dont des facteurs liés
à la situation familiale et au réseau social hors travail ont le potentiel de jouer un rôle non
51
négligeable sur la santé mentale des travailleurs et il est justifié de les inclure dans nos analyses.
Similairement, les conclusions ă l’égard de l’influence de variables démograƉhiques comme l’âge
et le genre sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel, demeurant imƉrécises, méritent d’être aƉƉrofondies.
Ces variables seront donc incluses dans le Ɖrésent modèle afin d’aƉƉrofondir les connaissances
et minimiser les Ɖossibilités d’effets de biais qu’elles Ɖourraient aƉƉorter ă l’évaluation du
navettage sur l’éƉuisement professionnel. Ces variables de contrôle sont détaillées dans une
section ultérieure.
2.3 Les hypothèses de recherche
Le modèle conceptuel développé dans la section antérieure illustre la façon dont les
caractéristiques de navettage pourraient contribuer ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel. De ce modèle
découlent plusieurs hypothèses de recherches mettant en relation les diverses variables du
modèle. Les hypothèses proposées sont les suivantes :
TABLEAU II - Les hypothèses de recherche
La durée de navettage s’associe Ɖositivement ă l’éƉuisement émotionnel et au cynisme et négativement au
H1
sentiment d’efficacité Ɖrofessionnel
La distance de navettage s’associe Ɖositivement ă l’éƉuisement émotionnel et au cynisme et négativement
H2
au sentiment d’efficacité Ɖrofessionnel
La vitesse est négativement s’associe négativement ă l’éƉuisement émotionnel et au cynisme et
H3
Ɖositivement au sentiment d’efficacité Ɖrofessionnel
La région dans laquelle se situe l’établissement a un effet modérateur sur la relation entre les
H4
caractéristiques du trajet et les trois dimensions de l’éƉuisement Ɖrofessionnel.
Le moyen de transport utilisé pour se rendre au travail a un effet modérateur sur la relation entre les
H5
conditions du trajet et les dimensions de l’éƉuisement Ɖrofessionnel
La région dans laquelle se situe l’établissement et le moyen de transƉort ont un effet de modération
H6
simultané sur les conditions de navettage et les dimensions de l’éƉuisement Ɖrofessionnel
52
CHAPITRE 3 - MÉTHODOLOGIE
Ce troisième chapitre présente la méthodologie utilisée dans le présent mémoire. Tout
d’abord, la source de données utilisée Ɖour les analyses statistiques est Ɖrésentée. Ensuite, les
mesures des diverses variables sont décrites. Pour terminer, les méthodes ainsi que les
stratégies choisies pour effectuer les analyses sont présentées dans la troisième section.
3.1 Source de données
Les données qui ont été utilisées dans cette recherche Ɖroviennent de l’étude SALVEO
menée Ɖar l’ÉquiƉe de Recherche sur le Travail et la Santé Mentale (ERTSM). Cette étude a été
conduite dans le cadre du projet
« IRSC-FRSQ : Développer de meilleurs diagnostics,
interventions et politiques en santé mentale au travail : une approche multidisciplinaire » qui a
été réalisé en Ɖartenariat avec la Standard Life Canada. Durant la Ɖériode 2007 ă 2012, l’équiƉe
de chercheurs a recueilli un échantillon aléatoire de client de cette organisation comptant 30
employés ou plus. . Les entreprises clientes de la Standard Life ont été contactées une première
fois Ɖar la Standard Life. Ce Ɖremier contact avait Ɖour but d’obtenir leur autorisation ă être
sollicitée Ɖar l’équiƉe de recherche dans le cadre de l’étude. Ainsi, 101 entreƉrises ont été
contactées dont 38 ont accepté de participer, 8 étaient non-éligibles et 55 ont refusés. Le taux
de réponse à cette étape était donc de 40,9%.
Ces 38 entreprises comportaient un total de 63 établissements de travail différents.
Dans chacun d’eux, un échantillon d’emƉloyés a été sélectionné aléatoirement à partir des listes
fournies Ɖar les emƉloyeurs. La ƉroƉortion d’emƉloyés échantillonnés a varié entre 28% et 100%
selon la taille de l’établissement de travaul. Au total, 2956 Ɖersonnes ont été sélectionnées,
dont 2162 ont accepté de particiƉer ă l’enquête. Le taux de réƉonse s’établissait alors ă 73,1%.
Le questionnaire a été comƉlété sur les lieux de travail au moyen d’un écran tactile. La
construction de la version du questionnaire administrable par écran tactive a été effectuée
grâce au ogiciel QDS™ version 2.6 de NOVA Research ComƉany. Les emƉloyés en région
éloignées ou fréquemment en déplacement dans le cadre de leur travail ont utilisé une version
53
internet du questionnaire. Tous les répondants ont signé un formulaire de consentement
éclairé. Aucune comƉensation monétaire n’a été octroyée. Des certificats d’éthique ont été
délivrés Ɖar les universités de Montréal, McGill, BishoƉs, Laval, Concordia et de l’HôƉital Louis-H.
Lafontaine.
Le traitement des données aberrantes de l’échantillon SALVEO est assuré par un
déƉistage initial effectué en amont de l’exécution de la régression. Les cas très éloignés de la
moyenne et disƉroƉortionnés sont recodées. Nonobstant l’utilisation d’écrans tactiles lors de la
collecte de donnée qui a assuré une certaine qualité des données, la base de données comporte
certaines données manquantes. En effet, les répondants disposaient pour de nombreux
indicateurs de la Ɖossibilité de choisir l’oƉtion « refus de répondre ». À cet égard, les cas
dénudés de valeurs sont écartés de l’équation. Ainsi, l’échantillon final comƉorte 1888 emƉloyés
répartis dans 63 établissements de travail.
3.2 Les mesures
3.2.1 Variables dépendantes
Un des outils de mesure qui évalue les trois dimensions de l’éƉuisement Ɖrofessionnel
est le MBI - GS (Schaufeli, Leiter, Maslach, et Jackson, 1996). Plusieurs compositions théoriques
de l’éƉuisement Ɖrofessionnel ont été suggérées. Initialement, le MBI-Human Services Survey
(MBI-HSS) a été désigné Ɖour mesurer l’éƉuisement Ɖrofessionnel chez le personnel au sein des
services sociaux et de santé, puis une seconde version a vu le jour pour le mesurer chez les
travailleurs du secteur de l’éducation (MBI-Educators Survey ou MBI-ES). CeƉendant, l’utilisation
de l’outil des Ɖremières versions du MBI sur une population de travailleurs des autres secteurs
que ceux pour lesquels il avait été initialement conçu a généré des scores différents des normes
établies pour ces secteurs et les différences entre les trois dimensions du MBI n’étaient Ɖas
maintenues ă travers les autres grouƉes de Ɖrofessions, les trois dimensions étant l’éƉuisement
émotionnel, le cynisme et l’efficacité Ɖrofessionnelle
(Zalaquett et Wood, 1998). L’intérêt
grandissant Ɖour l’éƉuisement Ɖrofessionnel dans les Ɖrofessions qui ne sont pas directement
54
orientées vers les prestations de soins ou de services aux clients a ensuite mené au
déveloƉƉement d’une troisième version, celle du MBI- General Suvey (MBI-GS). (Maslach et al.,
2001).
Le MBI-GS mesure les relations des répondants avec leur travail sur un continuum
d’engagement ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel. L’engagement reƉrésente un état énergétique.
L’individu s’investit dans la Ɖerformance dans son travail et a confiance en son efficacité. En
revanche, l’état oƉƉosé d’éƉuisement Ɖrofessionnel en est un d’éƉuisement. Le travailleur est
cynique envers la valeur de sa profession et douteux de ses capacités de performance (Zalaquett
et Wood, 1998). La fiabilité et la validité de l’outil de mesure MBI-GS a été indiqué dans de
recherches antérieures (Zalaquett et Wood, 1998).
L’objectif lors de la création du MBI- General Survey étant d’adaƉter le MBI ă des
professions exemptées ou presque des contacts personnels et directs avec des clients, le MBI-GS
défini l’éƉuisement Ɖrofessionnel comme une situation critique dans la relation d’un individu
envers son emƉloi Ɖlutôt qu’envers ses relations avec les autres ă son travail (Zalaquett et
Wood, 1998). Ainsi, le MBI-GS évalue les trois mêmes dimensions que la mesure initiale en
utilisant des éléments légèrement révisés, c’est-à-dire qu’il les élabore Ɖar raƉƉort ă l’emƉloi de
façon plus générale plutôt que par rapport aux relations interpersonnelles que peut représenter
une partie du travail (Maslach et al., 2001). Le MBI-GS est composé de trois sous-échelles, soit
une pour chaque dimension. Ensemble, les sous-échelles de la MBI-GS offrent une perspective
en trois dimensions sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel. D’une manière similaire au MBI, un degré
élevé d’éƉuisement Ɖrofessionnel se traduit Ɖar des scores élevés sur l’éƉuisement et le cynisme
et des scores faibles sur l’efficacité Ɖrofessionnelle (Zalaquett et Wood, 1998).
Les seize indicateurs du MGI-BS (Tableau III) sont mesurés selon une échelle de
fréquence de type Lykert de sept choix de réponse (0=jamais; 1=sporadiquement; 2=Quelques
fois par années ou moins; 3=de temps en temps - Une fois par mois ou moins; 4=régulièrement -
Quelques fois par mois; 5=souvent - Une fois par semaine; 6=très souvent - Quelques fois par
semaine; 7=à chaque jour). Cette échelle de fréquence permet aux répondants de nuancer leur
degré d’accord avec chacun des indicateurs. Chaque réƉonse est attribuée une note Ɖositive ou
négative, ce qui permet un traitement des données avec une moyenne.
55
L’hyƉothèse selon laquelle l’éƉuisement Ɖrofessionnel comƉrend trois facteurs distincts,
mais reliés a été appuyée par de nombreuses recherches (Langballe, Falkum, Innstrand, et
Aasland,
2006). Néanmoins le débat sur les mérites d’un construit unidimensionnel ou
multidimensionnel de l’éƉuisement Ɖrofessionnel est toujours existant. Ainsi, dans l’intérêt de
contribuer aux connaissances sur le sujet et au débat sur l’utilisation des sous-échelles de
l’éƉuisement Ɖrofessionnel de Maslach, en Ɖlus de chaque dimension de l’éƉuisement
Ɖrofessionnel observée séƉarément, une moyenne globale de l’éƉuisement Ɖrofessionnel est
calculée. Les alphas de Cronbach des trois dimensions ainsi que celui du score global de
l’éƉuisement Ɖrofessionnel déƉassent chacun le seuil établi (0,70).
TABLEAU III - Épuisement professionnel
Dimensions
Indicateurs
Je sens que mon travail m’éƉuise sur le Ɖlan émotif
Je me sens comƉlètement vidé ă la fin d’une journée de travail
Épuisement
Je me sens fatigué lorsque je me lève le matin et que je dois affronter une
émotionnel
nouvelle journée au travail
=0,90
Travailler toute la journée représente vraiment un effort pour moi
Je sens que mon travail m’éƉuise comƉlètement
J’ai moins d’intérêt Ɖour mon travail deƉuis que j’ai commencé cet emƉloi
Je suis devenu moins enthousiaste pour mon travail
Cynisme
Je veux simplement faire mon travail et ne pas être dérangé

Je suis devenu cynique à propos du fait que mon travail puisse contribuer à
quoi que ce soit
Je doute de la valeur de mon travail
Au travail, j’ai vraiment l’imƉression que je suis efficace Ɖour faire avancer les
choses
Je me sens stimulé lorsque j’accomƉlis quelque chose au travail
Efficacité
J’arrive ă résoudre efficacement les Ɖroblèmes qui se Ɖrésentent ă mon travail
professionnelle
Selon moi, je fais un bon travail

Pour ce travail, j’ai accomƉli beaucouƉ de choses qui en valaient la Ɖeine
J’ai l’imƉression que ma contribution est utile aux réalisations de cette
organisation
Score global
Moyenne des indicateurs de l’éƉuisement émotionnel, du cynisme et de

l’efficacité Ɖrofessionnelle (ces derniers étant inversés)
56
3.2.2 Variables modératrices
3.2.2.1
Facteur régional
Il n’existe aucune mesure universellement acceƉtée des conceƉts de régions urbaines et
rurales. Plutôt, il existe un grand nombre de définitions opérationnelles. Statistique Canada
utilise une définition qui est basée sur des critères de densité de la population et de
concentration démographique (Puderer, 2009). Celle qui figure dans ce mémoire se base sur la
classification des secteurs statistiques (CSS) de Statistique Canada en vigueur au moment et
n’est qu’une seule de ces nombreuses Ɖossibilités. Elle illustre le concept géographique des
régions rurales et urbaines correspondant aux définitions des concepts géographiques de
Statistique Canada dans son bulletin d’analyse des régions rurales et Ɖetites villes du Canada
Le milieu urbain tel que défini par Statistique Canada est composé de plusieurs grands
centres urbains (GCU). Ces GCU regroupent les municipalités classées en tant que régions
métropolitaines de recensement (RMR) et les agglomérations de recensement (AR). Plus
précisément, les catégories sont les suivantes : (1) les grandes régions métropolitaines de
recensement (RMR, 500,000 habitants ou plus) (2) les petites régions métropolitaines de
recensement (100 000 à 499 999 habitants) et (3) les agglomérations de recensement (AR,
10 000 à 99 999 habitants). Quant au milieu rural, il est composé de régions rurales et de
petites villes (RRPV). Les RRPV sont des subdivisions de recensement qui ne font partie ni des
régions métroƉolitaines de recensement ni d’une agglomération de recensement. Selon le
bulletin d’analyse, Régions rurales et petites villes du Canada de Statistique Canada (21-006-X),
le concept géographique de régions rurales et petites villes du Canada est défini en tant que
zones du marché du travail qui se situent ă l’extérieur de la zone de navettage des grands
centres urbains dont le noyau de population compte plus de 10 000 habitants. Ces régions sont
divisées en quatre catégories selon leur tyƉe de zone d’influence métroƉolitaine (ZIM). Il existe
quatre tyƉes de zones d’influence métroƉolitaine qui sont caractérisés selon le taux de
population active résidente qui se déplace vers le milieu urbain pour se rendre à leur milieu de
travail : les ZIM fortes (30 %), les ZIM modérées (5 % à 29 %), les ZIM faibles (moins de 5 %) et
les ZIM nulles (0 %).
57
TABLEAU IV - Classification des secteurs statistiques selon Statistique Canada
Région
Sous-divisions
Caractéristiques
Grandes
500,000 et + habitants
RMR
Urbaine
Petites
100 000 à 499 999 habitants
AR
AR
10 000 à 99 999 habitants
Forte
30 % *
Modérée
5 % à 29 % &*
Rurale
ZIM
Faible
Moins de 5 % *
Nulle
0 %
*Population active résidente qui se déplace vers le milieu urbain pour se rendre à leur milieu de travail
En termes d’analyses multiniveaux, le facteur régional est conceptualisé comme étant
un déterminant de second niveau d’éƉuisement Ɖrofessionnel
(n2) et différencie les
établissements situés dans les grands et petits milieux urbains de ceux situés dans les milieux
ruraux. Ce facteur représente potentiellement une condition pouvant exercer une influence sur
la ƉroƉension des individus ă vivre l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Dans le but d’oƉtimiser les
analyses, les multiples divisions de Statistique Canada ont été regroupées en trois régions, soit
« Rural », « Urbain Grand » et « Urbain Petit ». Cette classification est détaillée au Tableau IV.
Dans la présente étude, la variable « Urbain-Grand » renvoie aux grandes RMR et le terme
« Urbain-Petit », aux petites RMS et aux AR confondues. Les caractéristiques des milieux
urbains et ruraux selon Statistique Canada sont resƉectées. Dans le milieu urbain, l’échantillon
regroupe deux sous-divisions plutôt que trois. Le milieu « Urbain Grand » correspond aux
caractéristiques des grandes RMR de Statistique Canada, soit
500,000 habitants et plus.
Considérant le nombre d’établissements de l’échantillon étant établies dans les Ɖetites RMR et
les AR, ces deux sous-divisions sont agglutinées sous l’étiquette « Urbain Petit », caractérisant
donc les établissements situés dans les régions de 10,000 à 499,999 habitants. Ainsi, le milieu
rural correspond aux régions rurales et petites villes du Canada tel que défini par Statistique
Canada, c’est-à-dire des zones du marché du travail qui se situent ă l’extérieur de la zone de
navettage des grands centres urbains dont le noyau de population compte plus de 10 000
habitants.
58
TABLEAU V - Région de l’établissement de travail
Région Variable
Sous-divisions
Nombre d’habitants
Urbain - Grand Grandes RMR
500,000 et +
Urbaine
Urbain - Petit
Petites RMR et AR
10 000 à 499 999
Rurale
Rural
Zim
›10 000
3.2.2.2
Moyen de transport
Le moyen de transport a été recueilli en posant la question suivante : quel mode de
transport utilisez-vous, habituellement, pour vous rendre à votre lieu de travail? Les participants
devaient choisir l’une des réƉonses suivantes : auto tout le temps, auto suivie du transport en
commun tout le temps, surtout l’auto, covoiturage, transport en commun tout le temps, surtout
le transport en commun, marche, vélo, autre (si autre, indiquez quel autre type de transport vous
utilisez). Une question additionnelle était posée aux travailleurs ayant répondu se déplacer en
auto tout le temƉs, surtout l’auto ou en covoiturage, comme suit : lorsque vous utilisez l’auto
pour vous rendre au travail, à quelle fréquence êtes-vous le conducteur principal. Les participants
avaient le choix entre une échelle de fréquence : 0= jamais, 1= de temps en temps, 3= assez
souvent, 4= tout le temps.
Grâce à ces renseignements, quatre variables dichotomiques ont été créées dans la
catégorie des moyens de transport : automobile - conducteur, automobile - passager, transport
en commun et transport actif. Les participants ayant indiqué se déplacer soit en auto tout le
temƉs, surtout l’auto ou en covoiturage et qui ont indiqué être le conducteur ƉrinciƉal tout le
temps ou assez souvent ont été désignés automobilistes de type conducteur. Les participants
ayant indiqué se déƉlacer soit en auto tout le temƉs, surtout l’auto, en covoiturage et ayant
indiqué être le conducteur principal de temps en temps ou jamais ont été regroupés en tant
qu’automobilistes de tyƉe Ɖassage. Le choix de regrouƉer les ƉarticiƉants ayant répondu utiliser
le covoiturage comme moyen de transport dans les mêmes catégories que ceux ayant indiqué se
déplacer tout le temps ou surtout en auto pour se rendre au travail repose sur la définition de
covoiturage comme étant « l’utilisation d’une même voiture Ɖarticulière Ɖar Ɖlusieurs Ɖersonnes
effectuant le même trajet, afin d’alléger le trafic routier et de Ɖartager les frais de transƉort »
(Larousse, 2014). Cette définition suppose que les participants de déplaçant en covoiturage sont
59
des utilisateurs de la voiture. Cependant, cette catégorisation ne permet pas la distinction entre
les automobilistes conducteurs voyageant seuls dans leur voiture de ceux qui sont accompagnés
par un ou plusieurs passagers.
Les individus qui se déplacent tout le temps ou surtout en transport en commun, ou
encore, en auto suivi du transport en commun (ex : un travailleur qui quitte son domicile en
voiture et se gare à une station de train) représente les navetteurs qui se déplacent en transport
en commun pour se rendre au travail. Ceux qui se déplacent à la marche ou en vélo
correspondent aux navetteurs des transports actifs. Cette catégorisation des moyens de
transport est détaillée au Tableau VI.
TABLEAU VI - Moyen de transport
Moyen de transport
Indicateurs
Fréquence de la conduite
Auto tout le temps
Tout le temps
Automobile Conducteur
Surtout l’auto
Assez souvent
Covoiturage
Auto tout le temps
De temps en temps
Automobile - Passager
Surtout l’auto
Jamais
Covoiturage
Transport en commun tout le temps
Surtout le transport en commun
Transport en commun
Auto suivie du transport en commun tout
n/a
le temps
Marche
Transports actifs
n/a
Vélo
3.2.3 Variables de contrôle
3.2.3.1
Facteurs du travail
Comme mentionné au chaƉitre Ɖremier, l’éƉuisement Ɖrofessionnel Ɖeut être exƉliqué
Ɖar des conditions de l’environnement de travail. Il est donc nécessaire de les inclure dans notre
analyse pour contrôler les variations de l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Les facteurs du travail
introduits dans notre analyse sont les demandes du travail (psychologiques et contractuelles), la
60
latitude décisionnelle (ou conception de la tâche), le réseau social et les récompenses (ou
gratifications).
a) Les demandes du travail
Tout d’abord, les demandes analysées seront les demandes Ɖsychologiques et les
demandes contractuelles.
Les demandes psychologiques. L’éƉuisement Ɖrofessionnel est une réƉonse aux demandes
psychologiques en emploi (Maslach et al., 2001). Le concept de demandes psychologiques unit
les notions de charge de travail, d’ambiguïté des rôles et de conflits de rôles. Ces facteurs de
stress Ɖrésents dans le milieu de travail Ɖeuvent, ă l’intérieur d’une certaine limite, engendrer
des tensions. Les demandes psychologiques sont mesurées selon le
« Job Content
Questionnaire » (JCQ) (Karasek et al., 1998). Le Job Content Questionnaire est un instrument
d’évaluation des caractéristiques sociales et Ɖsychologiques en emƉloi. Ses diverses échelles
permettent de mesurer les exigences psychologiques, mais aussi la latitude décisionnelle, le
soutien social et l’insécurité en emƉloi - ces échelles sont approfondies dans les sections à cet
escient. Toutes ces échelles peuvent être utilisées afin d’évaluer les risques relatifs de
l’exƉosition des individus aux différents milieux de travail et de Ɖrédire le déveloƉƉement de
maladies liées ă l’emƉloi. Une comƉilation imƉortante de résultats d’étude a indiqué la fiabilité
du JCQ (Karasek et al., 1998).
Le JCQ permet de mesurer les demandes psychologiques grâce à neuf indicateurs
(Tableau VII) relatifs entre autres aux exigences en emploi telles que le rythme et la quantité de
travail, l’effort mental, mais aussi les demandes contradictoires de la part des autres doivent
sont évaluées. Les réƉondants jugent de leur degré d’accord en réƉondant selon une échelle
Likert à quatre points (1 = Pas du tout d’accord, 2 = Pas d’accord, 3 = D’accord, 4 = Tout à fait
d’accord. Les scores doivent être inversés pour quatre indicateurs : on ne me demande pas
d’effectuer une quantité de travail excessive, j’ai suffisamment de temƉs Ɖour faire mon travail
et je ne reçois pas de demandes contradictoires de la part des autres. Une fois additionnées, les
réƉonses Ɖour les demandes Ɖsychologiques Ɖeuvent varier entre 9 et 36. L’alƉha de Cronbach
de 0,73 témoigne de la validité de l’outil Ɖour notre échantillon.
61
TABLEAU VII - Demandes psychologiques
Dimension
Indicateurs
Mon travail exige d’aller très vite
Mon travail exige de travailler très fort mentalement
On ne me demande Ɖas d’effectuer une quantité de travail excessive
J’ai suffisamment de temƉs Ɖour faire mon travail
Demandes
Je ne reçois pas de demandes contradictoires de la part des autres
psychologiques
Mon travail m’oblige ă me concentrer intensément Ɖendant de longues
périodes
=0,73
Mon travail est souvent interromƉu avant que je ne l’aie terminé, je dois alors y
revenir plus tard
Mon travail est très mouvementé
Je suis souvent ralenti dans mon travail parce que je dois attendre que les
autres aient terminé le leur
Les demandes contractuelles. Certaines caractéristiques du contrat de travail sont susceptibles
de produire une tension psychique (Marchand et al., 2005a). Les variables définissant les
demandes contractuelles Ɖroviennent de l’Enquête sociale et de santé du Québec de 1998
(ESSQ-98) et sont présentées au Tableau VIII. Tout d’abord, les heures travaillées sont calculées
selon une moyenne hebdomadaire et sont traitées comme une variable continue. Concernant
les quarts de travail, trois questions sont posées aux participants, soit une pour chaque quart de
travail (de jour, de soir ou de nuit). Les participants répondent à chacune de ces questions selon
la fréquence ă laquelle ils sont exƉosés ă un tel tyƉe d’horaire (1 = Jamais, 2 = De temƉs en
temps, 3 = Assez souvent, 4 = Tout le temps). La même échelle est utilisée pour évaluer
l’exƉosition des travailleurs ă un horaire irrégulier ou imƉrévisible.
TABLEAU VIII - Demandes contractuelles
Variable
Indicateur
Heures de travail
En moyenne, combien d’heures Ɖar semaine travaillez-vous à votre emploi?
Jour
Dans le cadre de votre emploi actuel, êtes-vous exposé à un horaire normal de jour?
Quart
de travail
Soir
Dans le cadre de votre emploi actuel, êtes-vous exposé à un horaire normal de soirée?
Nuit
Dans le cadre de votre emploi actuel, êtes-vous exposé à un horaire normal de nuit?
Dans le cadre de votre emploi actuel, êtes-vous exposé à un horaire de travail irrégulier
Horaire irrégulier
ou imprévisible?
62
b) La latitude décisionnelle
La latitude décisionnelle est composée de deux dimensions : l’utilisation des
comƉétences et l’autorité décisionnelle. Ces deux conceƉts sont mesurés grâce au JCQ, tout
comme les demandes psychologiques (JCQ) (Karasek et al., 1998). Tous les indicateurs sont
évalués selon une échelle en quatre points allant de
« totalement en désaccord » à
« comƉlètement d’accord » (Tableau IX). Un seul indicateur, dans la composition de l’utilisation
des compétences est inversé : « Mon travail consiste à refaire toujours les mêmes choses ». Les
Ɖointages totaux varient entre 6 et 24 Ɖour l’utilisation des comƉétences et entre 3 et 12 Ɖour
l’autorité décisionnelle. Pour chacun de ces conceƉts, l’alƉha de Cronbach resƉectif est Ɖlus
élevé que le seuil toléré (utilisation des compétences : =0,80; autorité décisionnelle : =0,79).
TABLEAU IX - Latitude décisionnelle
Dimension
Indicateurs
Mon travail exige que j’aƉƉrenne de nouvelles choses
Mon travail exige un niveau élevé de qualifications
Utilisation
des
Dans mon travail, je dois faire preuve de créativité
compétences
Mon travail consiste à refaire toujours les mêmes choses (inversé)
=0,80
Au travail, j’ai l’oƉƉortunité de faire Ɖlusieurs choses différentes
Au travail, j’ai la Ɖossibilité de déveloƉƉer mes habiletés Ɖersonnelles
Au travail, j’ai la Ɖossibilité de déveloƉƉer mes habiletés Ɖersonnelles
J’ai la liberté de décider comment je fais mon travail
Autorité décisionnelle
Mon travail me permet de prendre des décisions de façon autonome
=0,79
J’ai Ɖassablement d’influence sur la façon dont les choses se Ɖassent ă mon
travail
c) Le soutien social
La conceptualisation du soutien social au travail provient également du JCQ. Ce dernier
dispose de deux notions de soutien social : le soutien des collègues et le soutien du superviseur.
Les indicateurs pour ses deux dimensions du soutien sont détaillés au Tableau X. Tout comme
les autres échelles du JCQ, l’échelle de mesure Ɖour ces indicateurs est celle de Likert en quatre
points (1 = Pas du tout d’accord; 2 = Pas d’accord, 3 = D’accord, 4 = Tout ă fait d’accord). Tant
pour le soutien des collègues que celui du superviseur, les scores sont additionnés et varient
entre 4 et 16. L’alƉha de Cronbach Ɖour le soutien des collègues et celui des suƉerviseurs sont
tous deux supérieurs au seuil toléré soit 0,83 et 0,89 respectivement.
63
TABLEAU X - Soutien social
Dimension
Indicateurs
Les collègues avec qui je travaille sont compétents pour accomplir leur travail
Soutien des collègues
Les collègues avec qui je travaille me manifestent de l’intérêt
=0,83
Les collègues avec qui je travaille sont amicaux
Les collègues avec qui je travaille m’aident ă mener mon travail ă bien
Mon supérieur se sent concerné par le bien-être de ses subordonnés
Soutien du superviseur
Mon supérieur prête attention à ce que je dis
=0,89
Mon suƉérieur m’aide ă mener mon travail ă bien
Mon supérieur réussit facilement à faire collaborer ses subordonnés
d) Les récompenses
Dans un contexte de travail, les gratifications incarnent plusieurs formes; salaire, estime,
ƉersƉectives de Ɖromotion, l’instabilité de la situation de travail, etc. Le modèle du Déséquilibre
Efforts/RécomƉenses est l’un des ƉrinciƉaux modèles d’évaluation des facteurs Ɖsychosociaux
au travail
(Niedhammer, Siegrist, Landre, Goldberg et Leclerc,
2000). La mesure des
gratifications en emploi provient du questionnaire de Siegrist (Niedhammer et al., 2000) qui
permet de mesurer un déséquilibre entre les efforts et les récompenses dans le milieu de travail.
Sa version française a été validée, ses qualités psychométriques ayant été jugées satisfaisantes.
Ce modèle mesure trois dimensions psychosociales, soit les efforts extrinsèques, les efforts
intrinsèques et les récompenses. Dans le cadre de la présente étude, seules les échelles des
récompenses sont explorées. Le Tableau XI énonce leurs indicateurs. Pour chacun, les
répondants attribuent un Ɖointage défini en fonction d’une échelle en quatre Ɖoints (1= Pas du
tout d’accord ă 4= Tout ă fait d’accord. Les récomƉenses en termes de reconnaissances ont trait
au sentiment de recevoir le respect mérité, un soutien satisfaisant dans les situations difficiles et
d’être traité justement dans le cadre de son travail. L’indicateur « On me traite injustement à
mon travail » est inversé. La dimension de la carrière fait référence aux perspectives de
carrières, aux promotions professionnelles et à la satisfaction envers le salaire. À cet effet,
l’indicateur « Mes perspectives de promotion sont faibles ͩ est inversé. L’insécurité en emƉloi
réfère à une situation de travail menacée ou à une situation de travail indésirable, réelle ou
anticipée. Par ailleurs, les deux indicateurs de cette dimension sont inversés (je suis en train de
vivre ou je m’attends ă vivre un changement indésirable dans ma situation de travail et ma
sécurité d’emƉloi est menacée). La cohérence interne de la mesure totale des récomƉenses
satisfaisante, le coefficient alpha de Cronbach étant supérieurs à 0,7.
64
TABLEAU XI - Gratification
Variable
Dimension
Indicateurs
Je reçois le respect que je mérite de mes supérieurs
Je reçois le respect que je mérite de mes collègues
Au travail, je bénéficie d’un soutien satisfaisant dans les situations
Reconnaissance
difficiles
On me traite injustement à mon travail
Vu tous mes efforts, je reçois le resƉect et l’estime que je mérite ă
Gratifications
mon travail
totales
Mes perspectives de promotion sont faibles
=0,84
Ma position professionnelle actuelle correspond bien à ma
Carrière
formation
Vu tous mes efforts, mes perspectives de promotion sont
satisfaisantes
Vu tous mes efforts, mon salaire est satisfaisant
Je suis en train de vivre ou je m’attends ă vivre un changement
Insécurité
indésirable dans ma situation de travail
en emploi
Ma sécurité d’emƉloi est menacée
3.2.3.2
Facteurs hors travail
Des facteurs hors travail Ɖeuvent influer sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel. La mesure du
réseau social hors travail ainsi que des variables relatives à la situation familiale sont introduites
dans les analyses. La situation familiale comprend un indicateur spécifique aux partenaires
(statut matrimonial), un indicateur spécifique aux enfants (Ɖrésence d’enfants) ainsi qu’un
indicateur spécifique aux caractéristiques structurelles de la famille (revenu annuel du ménage).
Le Tableau XII expose ces indicateurs.
La mesure du soutien social est analysée selon un score global, incluant quatre
composantes tirées de l’Enquête sociale et de santé du Québec de 1998. Les questions
soulèvent des Ɖoints relatifs ă la Ɖossibilité d’obtenir de l’aider ou du soutien dans l’entourage
du participant ou par des groupes sociaux, auxquels les répondants doivent répondre par
l’affirmative ou l’infirmative (0 = Non; 1 = Oui).
Les définitions du statut matrimonial, du revenu du ménage et de la Ɖrésence d’enfants
sont celles fréquemment utilisées. Le statut matrimonial est évalué grâce à une échelle à choix
multiples (1= marié [e], 2= en union libre/conjoint [e] de fait, 3 = veuf ou veuve, 4= séparé [e],
65
5=divorcé[e],
6=célibataire, jamais marié). Les réponses obtenues sont par la suite
dichotomisées pour différencier les individus en couple de ceux qui ne le sont pas : (0=seul[e],
1= en couple). Le revenu du ménage est évalué selon douze tranches de revenu (1= moins de
20 000
$, 2=20 000 à 29 000
$, 3=30 000 à 39 000
$, 4= 40 000 à 49 000
$, 5= 50 000 à 59 000
$,
6=60 000 à 69 000
$, 7 = 70 000 à 79 000
$, 8 = 80 000 à 89 000
$, 9=90 000 à 99 000
$, 10 =
100 000 à 109 000
$, 11 = 110 000 à 119 000
$ et 12= 120 000
$ et plus). La Ɖrésence d’enfant
vivant avec le participant est premièrement évaluée selon une variable continue. Les
participants doivent indiquer le nombre d’enfants vivant eux. Cette variable est ensuite
dichotomisée pour distinguer les travailleurs vivants avec des enfants de ceux vivant sans
enfants.
TABLEAU XII - Facteurs hors travail
Facteurs Variable
Indicateur
Statut
Quel est votre état matrimonial actuel?
matrimonial
Présence
Situation
Combien d’enfants vivent actuellement avec vous?
d’enfants
familiale
Quel a été le revenu total approximatif avant impôts et retenues de tous les
Revenu du
membres du ménage au cours des 12 derniers mois, si l’on comƉte toutes les
ménage
sources?
Y a-t-il dans votre entourage (vos amis ou votre famille) quelqu’un ă qui vous
pouvez vous confier, parler librement de vos problèmes?
Y a-t-il dans votre entourage (vos amis ou votre famille) quelqu’un qui Ɖeut
Réseau
Soutien
vous aider si vous êtes mal pris?
social
social
Y a-t-il dans votre entourage (vos amis ou votre famille) quelqu’un de qui
vous vous sentez Ɖroche et qui vous indique de l’affection?
Utilisez-vous l’Internet (groupes de discussion, Facebook, My Space, etc.)
Ɖour obtenir de l’aide ou du soutien?
3.2.3.3
Caractéristiques individuelles
Les facteurs individuels comƉrennent des variables démograƉhiques comme l’âge ou le
genre ainsi que des traits de personnalité et des attitudes liées au travail. Les variables
66
sociodémograƉhiques analysées sont l’âge et le sexe. En ce qui concerne les traits de
personnalité, le centre de contrôle est utilisé. Les indicateurs des variables individuelles sont
présentées au Tableau XIII.
a) L’âge et le genre
L’âge est calculé grâce aux dates de naissance des réƉondants. Cette donnée recueillie
lors du questionnaire est soustraite à la date à laquelle celui-ci a été réƉondu Ɖour obtenir l’âge
des répondants en tant que variable continue. Le sexe du répondant est une variable binaire
(0=masculin, 1=femme).
b) Le centre de contrôle
En termes de traits de Ɖersonnalité, le choix de la mesure s’est arrêté sur le centre de
contrôle Ɖlutôt qu’une autre mesure (Ɖar exemƉle la mesure BIG Five, pour des raisons
méthodologiques relatives aux degrés de liberté et des chances de probabilités. La mesure du
centre de contrôle se base sur les travaux de Perlin et Schooler (1981). Il s’agit d’une échelle en
cinq points mesurant le centre de contrôle interne allant de tout à fait en désaccord à tout à fait
d’accord, avec un Ɖoint milieu neutre (ni en accord, ni en désaccord). Une fois les Ɖoints
accumulés et tous les indicateurs inversés, les résultats du centre de contrôle interne varient en
0 et 28. L’alpha de Cronbach est suffisant avec une valeur de 0,84. Les
TABLEAU XIII - Facteurs individuels
Variable
Indicateurs
Âge
Année enquête - années naissance
Sexe
0=Homme, 1= Femme
Vous avez peu de contrôle sur ce qui vous arrive
Vous ne pouvez rien faire pour résoudre certains de vos problèmes
Centre de
Vous ne pouvez pas faire grand-chose pour changer bien des choses importantes dans
contrôle
votre vie
interne
Vous vous sentez impuissant face aux problèmes de la vie.
=0,84
Vous trouvez parfois que vous vous faites malmener dans la vie.
Ce que votre avenir renferme dépend surtout de vous-même.
Vous pouvez réaliser à peu près tout ce que vous décidez de faire
67
3.3
Méthodes et stratégie d’analyse
Afin de connaître les particularités propres à notre échantillon composé de 1,888
employés de 63 établissements, des analyses descriptives ont été effectuées. Ces dernières
Ɖermettaient d’obtenir les mesures de tendance centrale et de disƉersion servant ă décrire et
identifier les caractéristiques fondamentales de l’ensemble de l’échantillon SALVEO.
Ensuite, des analyses bivariées ont été réalisées afin d’évaluer l’existence de relations
significatives entre deux variables ainsi que la force de telles corrélations. Pour se faire, une
matrice de corrélations de Pearson a été bâtie pour évaluer la présence ou non de liens
significatifs entre deux variables à la fois.
Enfin, des analyses de régression multiple multiniveaux ont été conduites afin de vérifier
les hypothèses de recherche. En réƉonse ă l’ensemble des Ɖrocédures relatives ă la
détermination des valeurs manquantes et aberrantes dans l’échantillon, la ƉoƉulation
analytique finale à partir de laquelle nos analyses statistiques sont réalisées est composée de
N=1888 travailleurs et travailleuses nichés dans N=63 milieux de travail différents. Avec 63
établissements de travail au niveau 2 composés chacun, en moyenne, de 30 individus, la base de
données rencontre les critères énoncés par Mathieu, Aguinis, Culpepper et Chen (2012) pour
obtenir une Ɖuissance statistique élevée Ɖermettant de détecter les effets d’interaction entre
les deux niveaux. Des modèles de régression multiniveaux pour distribution normale ont été
estimés Ɖour examiner les variations de l’éƉuisement Ɖrofessionnel entre les travailleurs et
travailleuses et entre les établissements. Au total, les analyses multiniveaux rendent possible la
quantification de la proportion de la variation qui se trouve à chaque niveau de la structure
hiérarchique des données ainsi que l’estimation de la variation exƉliquée ă chaque niveau des
données par les variables indépendantes du modèle (Marchand, 2007a). Ainsi, les modèles
multiniveaux ont Ɖermis d’estimer la contribution des conditions de navettage et des autres
facteurs du travail, hors travail et individuels aux divers niveaux de variation, c’est-à-dire au
niveau des individus et au niveau des établissements. Les stratégies d’analyses multiniveaux
effectuées dans le cadre de cette étude sont approfondies dans la section suivante.
68
3.3.1 Les stratégies d’analyses multiniveaux
Il s’agit ici de Ɖrésenter les stratégies d’analyses qui cherchent ă réƉondre ă la question
de la relation entre les caractéristiques de navettage et les autres facteurs de stress sur le
niveau d’éƉuisement Ɖrofessionnel. L’éƉuisement Ɖrofessionnel est considéré comƉosé de trois
dimensions et d’une mesure de score globale. La stratégie d’analyse vise ă déterminer si les
conditions de navettage des employés sont associées avec une ou plusieurs dimensions de
l’éƉuisement Ɖrofessionnel et si cette association est modérée soit Ɖar le moyen de transƉort
utilisé Ɖour se rendre au travail, soit Ɖar la région dans laquelle se situe l’établissement ou les
deux. Pour se faire, six modèles de régressions multiniveaux ont été établies. Pour tous ces
modèles, le seuil de signification est établi à p<0,05. Ces six modèles sont exécutés pour
chacune des variables déƉendantes, soit l’éƉuisement émotionnel, le cynisme, l’efficacité
professionnelle et la mesure globale de l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Afin de bonifier la
comƉréhension de l’utilisation de la durée versus celle de la vitesse en guise de variable
indépendante, ces nombreuses analyses sont effectuées en premier lieu en introduisant la
variable de durée de navettage des navetteurs et en deuxième lieu, cette variable est remplacée
par celle de la vitesse de leurs déplacements. À noter que dans le but de faciliter la lecture de a
présente section, le terme « épuisement professionnel » est utilisé pour englober quatre
variables déƉendantes ă l’étude.
La variable déƉendante est le niveau d’éƉuisement Ɖrofessionnel qui est mesuré au
niveau des individus qui sont eux-mêmes nichés dans des établissements. Puisque ni les
individus ni les établissements ne sont tous semblables, l’hyƉothèse que le niveau d’éƉuisement
professionnel varie entre les individus et les établissements est émise.
Les variables indépendantes se regroupent sous deux grandes dimensions : les
caractéristiques de navettage et les autres facteurs de stress. Les caractéristiques de navettage
regroupent trois variables. La première mesure est celle de la durée (et la vitesse dans un
second temps) des déplacements des individus pour se rendre à leur travail. La deuxième
mesure est le moyen de transport utilisé pour effectuer ces déplacements. Ces variables sont
elles aussi définies et mesurées sur le Ɖlan de l’individu (niveau 1). Elles peuvent donc elle aussi
ƉarticiƉer ă l’exƉlication du niveau d’éƉuisement Ɖrofessionnel ă l’intérieur et entre les
établissements. La troisième caractéristique du navettage, soit la variable géographique, est,
69
quant ă elle, conceƉtualisée comme étant un déterminant de deuxième niveau d’éƉuisement
professionnel qui peut modifier les effets des autres caractéristiques de navettage des
employés. Il est supposé que cette variable représente une condition géographique pouvant
exercer une influence sur la ƉroƉension des individus souffrir d’éƉuisement Ɖrofessionnel.
Comme cette variable macro-organisationnelle est définie et mesurée sur le plan de
l’établissement (niveau 2), elle Ɖeut exƉliquer la variation du niveau d’éƉuisement Ɖrofessionnel
qui se retrouve entre les établissements. Tous les modèles ont été estimés avec le logiciel
STATA.
Les facteurs de stress en emploi sont conceptualisés comme étant les premiers
déterminants du niveau d’éƉuisement Ɖrofessionnel. Trois vecteurs de facteurs de stress sont
considérés. Le premier comprend
11 variables qui permettent de mesurer certaines
caractéristiques de l’emƉloi telles que les demandes psychologiques, les heures de travail, la
latitude décisionnelle, le soutien au travail et la gratification en emploi. Le deuxième vecteur
comprend quatre variables pour mesurer les caractéristiques du réseau social hors travail et de
la situation familiale des individus, ă savoir son statut matrimonial, la Ɖrésence d’enfants, le
revenu du ménage et le soutien hors travail. Enfin, le troisième vecteur consiste en trois
variables mesurant les facteurs individuels, soit l’âge, le sexe et le centre de contrôle interne.
Puisque ces variables sont définies et mesurées sur le Ɖlan de l’individu (niveau 1), elles peuvent
exƉliquer la variation du niveau de Ɖrudence ă l’intérieur et entre les établissements.
3.3.2 Description des modèles multiniveaux
Le premier modèle présente la composition de la variance. La base de données
hiérarchique affichant deux niveaux oƶ un ensemble d’individus (niveau 1) sont nichés dans des
établissements (niveaux 2), ce premier modèle donne une estimation de la distribution de la
variance du niveau d’éƉuisement Ɖrofessionnel des individus selon le niveau 1 (individus) et 2
(les établissements).
Une fois la composition de variance établie grâce à ce premier modèle, des variables
exƉliquant les variations de l’éƉuisement Ɖrofessionnel observées entre les individus et les
établissements sont introduites aux analyses. Le deuxième modèle estime les effets des
70
caractéristiques de navettage et des autres facteurs (variables contrôles) sur l’éƉuisement
professionnel. En termes de conditions de navettage, comptons la durée (ou la vitesse) de
navettage, le moyen de transƉort utilisé Ɖour s’y rendre ainsi que la région du milieu de travail.
Toutes les variables de contrôle et toutes les caractéristiques de navettage, ă l’exceƉtion de
variable géographique, sont mesurées au niveau des individus. La région dans laquelle se situe le
milieu de travail est mesurée au niveau 2. De cette façon, le modèle 2 permet aux variables
mesurées sur le plan des individus (moyen de transport utilisé, durée et vitesse de navettage et
variables contrôles) d’exƉliquer la variation ă l’intérieur et entre les établissements et la variable
géographique mesurée peut expliquer la variation qui se trouve entre les établissements.
Le nombre d’établissements limités dans les petites régions urbaines contraignant les
analyses, l’ensemble des variables ne Ɖeuvent être régressées Ɖour chacune des régions afin
d’examiner si ces variables oƉèrent différemment selon la région. Pour examiner si la région
géographique du milieu de travail, le moyen de transƉort utilisé Ɖour s’y rendre ou les deux
modèrent la relation entre les conditions de navettage et l’éƉuisement Ɖrofessionnel, des
variables d’interactions sont créées et divers modèles sont régressés. Il s’agit des modèles trois à
six.
Le troisième modèle estime les effets d’interaction entre la durée de navettage Ɖour se
rendre au lieu de travail ainsi que la région dans laquelle se situe celui-ci. Le quatrième modèle
estime l’interaction entre la durée de navettage et le moyen de transport utilisé lors de ceux-ci.
Le cinquième modèle estime l’interaction, cette fois, entre le moyen de transƉort utilisé Ɖar les
navetteurs Ɖour se rendre au travail ainsi que la région dans laquelle se situe l’établissement.
Finalement, le sixième modèle estime l’interaction entre ces trois variables : la durée de
navettage, le moyen de transƉort utilisé et le milieu géograƉhique de l’établissement.
Il est de la sorte Ɖossible d’évaluer l’effet total et simultané des caractéristiques de
navettage Ɖour Ɖrédire l’éƉuisement Ɖrofessionnel en Ɖlus de déƉartager leur effet net et
évaluer la ƉroƉortion de la variation de l’éƉuisement Ɖrofessionnel et de ses trois dimensions au
niveau des individus et au niveau des établissements.
En somme, le premier modèle donne une estimation de la distribution de la variance du
niveau d’éƉuisement Ɖrofessionnel selon le niveau 1 (les travailleurs et travailleuses) et 2 (les
établissements). Le deuxième modèle inclut l’ensemble des variables indéƉendantes afin de
71
produire un modèle conditionnel comƉlet, tout en Ɖermettant d’observer la variation des
paramètres entre les modèles. Les troisième, quatrième et cinquième modèles estiment les
effets des variables d’interaction entre la durée (et la vitesse), le moyen de transport et la
vitesse séparément. Le sixième modèle sert ă valider l’effet simultané des trois caractéristiques
de navettage sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Pour chacun des modèles, la corrélation entre les
individus et entre les établissements (corrélation intraclasse) peuvent être calculées. Cette
stratégie d’analyse Ɖermet de quantifier et d’exƉliquer la variation ă chaque niveau des
données.
3.3.3 Estimation des paramètres et tests d’hypothèse
L’estimation des Ɖaramètres Ɖour les modèles multiniveaux reƉosent sur l’aƉƉroche du
maximum de vraisemblance restreint. La signification statistique des relations estimées est
évaluée Ɖar des tests d’hyƉothèses.
Premièrement, le test de Wald Ɖermet d’évaluer la signification statistique des modèles,
mais pour l’ensemble des coefficients de régression seulement, c’est-à-dire la partie fixe des
modèles. Le test de Wald soumet l’hyƉothèse que la contribution des variables indéƉendantes
est significativement différente de zéro. Si le test s’avère significatif, alors au moins l’une des
variables indéƉendantes du modèle aƉƉorte une contribution significative ă l’exƉlication de
l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Le test de Wald suit une distribution de chi-carré avec un nombre
de degrés de liberté, soit le nombre de paramètres du modèle. Si le test de Wald permet de
conclure en une contribution significative de la partie fixe du modèle, alors la signification
statistique des coefficients de chacune des variables régressées dans le modèle en question sera
testée. L’évaluation des coefficients de régression s’effectue grâce au test de T en divisant le
coefficient par son erreur type. Les coefficients présentés sont les coefficients non standardisés.
Deuxièmement, l’évaluation de l’effet des modèles, comƉosés des Ɖarties fixes et
aléatoires, peut être réalisée grâce au test de rapport de vraisemblance, utilisé pour comparer
deux modèles ayant un nombre différent de variables et vérifier si le premier modèle est
significativement différent du second. Pour réaliser ce dernier, la valeur de déviance pour le
modèle contenant seulement la constante (Dₒ) et la valeur de déviance Ɖour un modèle ayant
72
l’ensemble des variables indéƉendantes (D) sont calculées (-2 ˣ logarithme de vraisemblance).
Puis, la différence entre les deux valeurs de déviance (Dₒ - D) est comptée. Ce test suit une
distribution du chi carré avec un nombre de degrés de liberté égal au nombre de paramètres
supplémentaires dans le modèle (Marchand, 2007a). Les résultats des modèles 2 à 6 sont
évalués séparément pour les comparer au modèle de composition de la variance (modèle 1).
Ensuite, les effets des modèles d’interaction (3, 4, 5 et 6) sont évalués en comƉaraison au
modèle 2.
Troisièmement, des tests d’hyƉothèses Ɖour les variances de niveau 1 et 2 sont
effectués afin de valider leur signification statistique. Pour déterminer si les différences
individuelles par rapport à la moyenne générale peuvent être considérées comme réelles ou
dues à la chance, les intervalles de confiance pour un risque de 0,05 sont obtenus. Pour tester la
signification des effets des établissements, un test de rapport de vraisemblance est effectué,
comparant le modèle multiniveaux nul avec un modèle nul à un seul niveau. Le test de rapport
de vraisemblance est calculé comme deux fois la différence dans la valeur du logarithme de
vraisemblance Ɖour les deux modèles, avec 1 degré de liberté Ɖuisqu’il n’y a qu’un seul
paramètre de différent entre les deux modèles, soit la variance de niveau 2.
Enfin, il est Ɖossible que la relation entre l’éƉuisement professionnel et la durée (ou la
vitesse) des déplacements révèle une composante plus compliquée telle que la curvilinéarité.
Par exemƉle, l’éƉuisement Ɖrofessionnel Ɖeut être associé ă de longs déƉlacements jusqu’ă un
certain point et peut alors se stabiliser. Pour améliorer l’exƉlication et pour des raisons des
considérations théoriques, ces variables indépendantes plus complexes sont introduites aux
analyses. Bien que l’équation de régression soit une équation linéaire, des relations non
linéaires Ɖeuvent être introduites dans l’analyse. Les relations curlinéaires sont estimées en
élevant au carré une variable indépendante originale
(durée ou vitesse) à sa puissance
supérieure (Tabachnick et Fidell, 2007). Si les carrés de la durée sont ajoutés comme une
variable indéƉendante est que cette nouvelle variable s’avère significative, une meilleure
Ɖrédiction de l’éƉuisement Ɖrofessionnel Ɖourrait être obtenue.
73
CHAPITRE 4 - RÉSULTATS
Sont exposés au présent chapitre les résultats des divers types d’analyses statistiques
(toutes effectuées avec le logiciel STATA). De prime abord, la base de données a été traitée en
fonction des analyses prévues et les opérations menées y sont mentionnées. Ensuite, les
résultats des analyses descriptives sont présentés pour les quatre variables dépendantes à
l’étude, les caractéristiques de navettage et autres variables de contrôle. Les résultats obtenus
grâce aux analyses descriptives offrent les mesures de tendance centrale et de dispersion. Sont
ensuite exposés les résultats des analyses bivariées Ɖermettant d’examiner les associations
entre les diverses caractéristiques de navettage, les facteurs du travail, hors travail et individuels
et les quatre variables dépendantes. Enfin, les résultats des analyses multiniveaux
approfondissent la compréhension du phénomène.
4.1
Résultats des analyses descriptives
Le Tableau XIV Ɖrésente les caractéristiques de la distribution de l’éƉuisement
Ɖrofessionnel. La définition tridimensionnelle de l’éƉuisement Ɖrofessionnel ainsi qu’une
définition plus globale ayant été retenues, le Tableau XIV indique les caractéristiques pour
chacune de ces quatre variables.
Les résultats Ɖour la dimension de l’éƉuisement émotionnel, comƉosé de cinq facteurs, Ɖeuvent
varier entre 0 et 6 et les résultats obtenus varient effectivement de cette étendue . La moyenne
de 1,67 (ET=1,35) se situe tout juste au-dessus de la médiane, qui est de 1,2. Les scores sont
relativement faibles, indiquant que les participants semblent, en moyenne peu touchés par
l’éƉuisement émotionnel.
74
TABLEAU XIV - Sommaire des statistiques descriptives (N=1888)
FRÉQUENCE
ÉTENDUE
Variable
MOYENNE
ÉCART-TYPE
MÉDIANE
(%)
MIN-MAX
Variable dépendante
Épuisement émotionnel
0-6
1,67
1,35
1,2
Cynisme
0-6
1,46
1,24
1,2
Efficacité professionnelle
0,33-6
4,82
1,03
5
Score global
0-5,63
1,42
0,97
1,19
Variables indépendantes
Durée (minutes)
1-120
31,49
21,23
25,5
Distance (kilomètre)
1-150
21,35
18,85
15
Vitesse (kilomqtre à l’heure)
2,31-200
42,18
24,85
37,42
Variables modératrices
Moyen de transport
Auto-Conducteur
72,2 %
0-1
Auto-Passager
5,9 %
0-1
Transport en commun
17,8 %
0-1
Transport actif
4 %
0-1
Région de l’établissement
Urbain grand
76,8 %
0-1
Urbain Petit
6,3 %
0-1
Rural
16,9 %
0-1
Variables de contrôle
Demandes psychologiques
10-36
23,39
3,84
23
Heures totales hebdomadaires
6,5-168
40,24
8,1
40
Horaire irrégulier ou imprévisible
0-4
0= Jamais
1201(63,6 %)
1= De temps en temps
502(26,6 %
2= Assez souvent
106(5,6 %)
4= Tout le temps
79(4,2 %)
Quart de jour
0-4
0= Jamais
162(8,6 %)
1= De temps en temps
76 (4 %)
2= Assez souvent
157(8,3 %)
4= Tout le temps
1 493(79,1 %)
Quart de soir
0-4
0= Jamais
1 386(73,4 %)
1= De temps en temps
294(15,6 %)
2= Assez souvent
70(3,7 %)
4= Tout le temps
138(7,3 %)
75
Tableau XIV (suite)
FRÉQUENCE
ÉCART-
VARIABLE
ÉTENDUE
MOYENNE
MÉDIANE
%
TYPE
Quart de nuit
0= Jamais
1 692(89,6 %)
1= De temps en temps
93(4,9 %)
2= Assez souvent
22(1,2 %)
4= Tout le temps
81(4,3 %)
Autorité décisionnelle
12-Mar
8,64
1,99
9
Utilisation des compétences
24-Jun
17,74
3,38
18
Soutien des collègues
16-Apr
12,54
1,96
12
Soutien du superviseur
16-Apr
11,96
2,59
12
Récompenses
14-44
32,27
5,1
32
Statut matrimonial
0-1
0= Veuf ou veuve, séparé(e)
divorcé(e), célibataire ou
570(30,2 %)
jamais marié
1=Marié(e), en union libre
1 318(69,8 %)
ou conjoint(e) de fait
Présence d’enfants
0-1
0= sans enfant
950(50,3 %)
1= au moins un enfant
938(49,7 %)
Revenu du ménage annuel
12-Jan
6,86
3,37
Soutien social hors travail
0-1
0= faible
314(16,6 %)
1= élevé
1 574(83,4 %)
Âge
17-69
40,48
10,8
40
Genre
0-1
0= Homme
990(52,22 %)
1= Femme
906(47,78 %)
Centre de contrôle interne
0-28
19,54
4,62
20
La dimension du cynisme obtient des résultats semblables. Son étendue varie entre 0 et
6 avec une moyenne de 1,46 (ET=1,24) et une médiane de 1,2. En ce qui concerne l’efficacité
professionnelle, composée de six indicateurs, son étendue varie entre 0,33 et 6 alors que
l’étendue théorique est de 0-6. Cette troisième dimension comporte une moyenne de 4,82
(ET=1,03) et une médiane de 5. Un score élevé sur l’échelle de l’efficacité professionnelle,
inversement aux deux dimensions précédentes, est bénéfique pour les travailleurs. Les individus
sondés Ɖrésentent des scores élevés d’efficacité au travail.
76
Quant au score global de l’éƉuisement Ɖrofessionnel qui est calculé selon la moyenne
des trois dimensions Ɖrécédentes (celle de l’efficacité Ɖrofessionnelle étant inversée), il n’est
pas surprenant de constater que sur une échelle théorique de 0 à 6, les scores obtenus varient
entre 0 et 5,63, correspondent à une moyenne de 1,42 (ET=0,97) et à une médiane de 1,19.
Globalement, les ƉarticiƉants Ɖrésentent un niveau moyen d’éƉuisement Ɖrofessionnel Ɖlutôt
faible.
Le Tableau XIV présente dans un second temps les statistiques liées aux conditions de
navettage. En ce qui concerne la durée, la distance et la vitesse (elle-même calculée selon la
durée et la distance) des déƉlacements de chacun des réƉondants, il est Ɖossible d’affirmer
qu’en moyenne, les ƉarticiƉants Ɖrennent 31,5 minutes Ɖour se rendre ă leur milieu de travail et
se déplacent sur une distance de 21,4 kilomètres ă une vitesse de 42,2 kilomètres ă l’heure. Les
écarts-types et les étendues pour ces trois variables en continu (durée, distance, vitesse) sont
très amples : la durée varie entre 1 et 120 minutes pour un écart-type de 31,5; la distance, entre
1 et 150 kilomètres avec un écart-type de 21,35 et la vitesse, entre 2,31 et 200, avec un écart-
type de 42,18. Ce constat est peu étonnant considérant que les conditions de navettage
englobent tous les ƉarticiƉants de l’échantillon sans distinction de moyen de transport ou de
localisation géograƉhique du milieu de travail. Ces données sont similaires ă ceux de l’Enquête
sociale générale de 2010 de Statistique Canada qui indiquent que les travailleurs se déplacent en
moyenne sur une durée de 26 minutes, et qu’ă Montréal les durées moyennes des trajets sont
de 31 minutes pour se rendre au travail.
La majorité des travailleurs (78,1 %) se déplacent en voiture. Une grande masse des
navetteurs (72,9 %) conduit tout le temps ou assez souvent pour se rendre à leur lieu de travail
et seulement un plus petit agglomérat (5,9 %) conduit soit de temps en temps ou jamais. Ces
navetteurs représentent les « passagers ». Le deuxième moyen de transport le plus populaire
est le transport en commun : 17,8 % des navetteurs de l’échantillon utilisent tout le temƉs, de
temps en temps ou surtout le transport en commun pour se rendre au travail ou encore,
utilisent la voiture suivie du transport en commun. Seulement 4 % des participants marchent ou
enfourchent leur vélo pour se déplacer de leur domicile à leur lieu de travail.
Quant à la localisation géographique des milieux de travail, la majorité des employés
sondés
(83,1 %) travaillent dans un établissement situé dans une région urbaine. Plus
précisément, 76,8 % des réƉondants travaillent dans les limites d’un grand milieu urbain et
77
6,3 %, ă l’intérieur d’une Ɖetite région urbaine. Environ 17 % des répondants travaillent dans un
établissement situé en région rurale.
Dans un troisième temps, le Tableau XIV présente les caractéristiques des autres
facteurs de stress, dont les facteurs du travail, hors travail et individuels. Au niveau des
demandes psychologiques, les résultats indiquent que celles-ci se situent entre 19,55 et 27,23
alors que la médiane est de 23, Ɖoint milieu de l’échelle qui s’étend entre 10 et 36. Les
travailleurs de l’échantillon ont donc un niveau de demandes Ɖsychologiques moyen.
Au niveau des demandes contractuelles, les participants travaillent en moyenne 40
heures par semaine. Le point médian étant identique au point moyen (40 hrs), mais l’étendue de
la distribution est large. La majorité des participants (79,1 %) travaillent selon un horaire de jour
de façon constante (tout le temps), contre 7,3 % qui travaillent tout le temps selon un horaire de
soir et 4,3 % selon un horaire de nuit. Plusieurs participants (63,56 %) ne sont jamais exposés à
un horaire irrégulier ou imprévisible dans le cadre de leur emploi; 26,6 % y sont confrontés de
temps en temps et moins de 10 % travaillent selon un horaire irrégulier ou imprévisible assez
souvent (5,6 %) ou en permanence (4,2 %).
La latitude décisionnelle se décomƉose en deux dimensions, soit l’utilisation des
comƉétences et l’autorité décisionnelle. Théoriquement, les scores Ɖeuvent varier entre 3 et 12
Ɖour l’autorité décisionnelle et entre 6 et 24 Ɖour l’utilisation des comƉétences. La moyenne
étant de 8,64 (ET=1,99) Ɖour l’autorité décisionnelle et de 17,74 (ET=3,38) Ɖour l’utilisation des
comƉétences, les travailleurs de l’échantillon possèdent en moyenne une autorité décisionnelle
légèrement élevée et ont la Ɖossibilité d’utiliser leurs comƉétences ă un niveau également
légèrement élevé.
La conceptualisation du soutien social au travail se décompose également en deux
dimensions, soit le soutien des collègues et celui du superviseur. Leurs échelles étant la même, il
est Ɖossible de comƉarer les résultats de l’échantillon. Ayant toutes deux une étendue de 4 ă 16,
une médiane de 12 et une moyenne semblable (soutien des collègues : 12,54, ET=1,196; soutien
du superviseur : 11,96, ET=2,59), les résultats des analyses tendent à évoquer un niveau de
soutien similaire et légèrement élevé autant de la part des collègues que des superviseurs au
sein de l’échantillon.
78
Quant à la mesure des gratifications en emploi, comprenant tant les indicateurs relatifs
ă la reconnaissance, ă la carrière et ă l’insécurité en emƉloi, les travailleurs de l’échantillon
connaissent un niveau de gratification relativement élevé. Cette interprétation repose sur le
constat d’une moyenne et d’une médiane de 32 Ɖour une étendue de 14 ă 44. Néanmoins,
certains travailleurs ont noté des niveaux très bas.
Relativement aux facteurs hors travail, le Tableau XIV expose les caractéristiques de la
distribution du statut matrimonial, du statut parental, du revenu annuel du ménage au sein de
l’échantillon ainsi que du réseau social hors travail. La variable du statut matrimonial et de la
Ɖrésence d’enfant ont Ɖréalablement été dichotomisées. Environ 70 % des travailleurs sondés
sont en couples (proportionnellement, 30 % ne le sont Ɖas). La ƉroƉortion d’individus vivant
sans enfants est identique de celle vivant avec au moins un enfant (50 %). Le revenu (brut)
moyen du ménage se situe entre 60 000 à 69 000
$, mais la médiane de situe dans la tranche de
70 000 à 79 000
$. En ce qui concerne le soutien social hors travail, plus de 83 % des répondants
considèrent avoir un soutien social hors travail élevé.
Enfin, le profil sociodémographique arbore une répartition équilibrée de travailleurs
selon le genre (homme : 52 %; femme : 48 %) ainsi qu’un âge moyen de 41 ans. Les mesures de
tendances centrales du centre de contrôle supportent un centre de contrôle interne légèrement
élevé au sein de l’échantillon (moyenne : 19,54, ET=4,62).
En supplément aux analyses descriptives tout juste invoquées et préalablement aux
analyses multiniveaux, il imƉorte d’examiner les associations entre les diverses variables ă
l’étude. La section qui suit traite de ce contenu.
4.2
Résultats des analyses bivariées
Les analyses bivariées sont effectuées dans le but d’examiner la signification et la force
des relations entre les variables et d’identifier les Ɖotentiels Ɖroblèmes liés ă la multicolinéarité.
Le Tableau XV représente la matrice de corrélations de Pearson des variables ă l’étude.
À prime à bord, deux coefficients indiquent une corrélation très forte entre deux
variables; celui liant les régions rurales et les grands centres urbains (r=-0,82, p<0,01) et celui
79
unissant l’utilisation des transƉorts en commun ă l’utilisation de la voiture en tant que
conducteur (r=-0,75, p<0,01). Ces deux colinéarités étant attendues, ces variables ont été
conservées. Il est acceptable que les effectifs des grands centres urbains corrèlent fortement
aux effectifs des régions rurales. La situation colinéaire entre l’utilisation du transƉort en
commun et celle de la voiture en tant que conducteur pour se rendre au travail suit la même
logique. Inévitablement, lorsque l’utilisation de l’un des moyens de transƉort est élevée, un
autre s’en voit diminué.
De plus, la force de la corrélation entre la distance et la durée (r=0,65, p<0,01) requiert
le retrait de l’une des deux variable afin d’éviter la multicolinéarité. L’observation faite lors de la
collecte des données que les travailleurs ont tendance à connaître plus précisément le temps
qu’ils Ɖrennent Ɖour se rendre ă leur lieu de travail que la distance Ɖarcourue Ɖour s’y
présenter, il a été décidé de ne conserver que la variable « durée » dans les analyses suivantes
afin d’éviter des erreurs de Ɖrédiction.
Outre ces trois relations ci-haut précisées, les analyses bivariées font état de plusieurs
autres corrélations statistiquement significatives. La section ci-dessous présente les corrélations
dignes d’intérêt aux fins de la présente étude, soit les associations des caractéristiques de
navettage et des variables de contrôle avec chacune des quatre variables dépendantes :
l’éƉuisement émotionnel, le cynisme, l’efficacité Ɖrofessionnelle et la mesure globale de
l’épuisement professionnel.
4.2.1 Épuisement émotionnel
Au niveau des facteurs du travail, être fortement récompensés
(r=0,44, p<0,01),
posséder des niveaux d’autorité décisionnelle (r=-0,23, Ɖ<0,01) et d’utilisation des compétences
élevées (r=-0,22, p<0,01) et bénéficier d’un fort soutien social (soutien du suƉerviseur : r=-0,31,
p<0,01; soutien des collègues : r=-0,25, Ɖ<0,01) est associé ă un niveau d’éƉuisement
émotionnel faible. Au contraire, avoir un niveau de demandes psychologiques élevées (r=0,38,
p<0,01), travailler beaucouƉ d’heures (r=0,05, p<0,05) par semaine ou selon un horaire de
travail irrégulier ou imprévisible
(r=0,15, p<0,01) se joint ă des niveaux d’éƉuisement
80
émotionnel élevés. Seuls les quarts de travail, Ɖeu imƉorte qu’ils soient de jour, de soir ou de
nuit ne se lient Ɖas significativement ă la dimension de l’éƉuisement émotionnel.
Au niveau des facteurs hors travail, les travailleurs vivant avec au moins un enfant (r=-
0,06, Ɖ<0,05) et ceux bénéficiant d’un fort soutien hors travail (r=-0,13, Ɖ<0,01) s’accordent au
niveau d’éƉuisement émotionnel Ɖlus faible. Le statut matrimonial ainsi que le revenu du
ménage ne s’associe Ɖas significativement ă cette dimension. Quant aux facteurs individuels,
l’éƉuisement émotionnel semble toucher davantage les femmes (r=0,08, p<0,01), les jeunes
travailleurs (r=-0,09, p<0,01) et les travailleurs ayant une centre de contrôle interne réduit (r=-
0,41, p< 0,01).
4.2.2
Cynisme
La vitesse s’associe significativement au cynisme, mais pas la durée et ni la distance. Les
individus qui se déplacent rapidement entre leur domicile et leur milieu de travail rapportent
des niveaux de cynisme plus faible que ceux qui se déplacent lentement (r=-0,08, p<0,01). Les
travailleurs qui se déplacent en transport actif (r=0,09, p<0,01) ou en tant que passager en
voiture (r=0,06, p<0,01) sont plus cyniques envers leurs emplois alors que ceux qui conduisent
leur voiture (r=-0,10, p<0,01) obtiennent des niveaux plus faibles. Le fait de se déplacer en
transport en commun ne s’identifie Ɖas significativement aux variations de la dimension du
cynisme chez ses utilisateurs. Le fait de travailler dans un établissement situé dans un milieu
rural (r=-0,05, Ɖ<0,01) s’associe ă des attitudes cyniques amoindries, alors que les régions
urbaines, grandes comme Ɖetites, de s’associent Ɖas significativement ă la dimension du
cynisme.
81
TABLEAU XV - Matrice de corrélations
Sommaire des analyses bivariées, n=1888
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
1.
Épuisement émotionnel
1,00
2.
Cynisme
0,60**
1,00
3.
Efficacité professionnelle
-0,35**
-0,50**
1,00
4.
Score global
0,81**
0,86**
-0,75**
1,00
5.
Durée
0,09**
0,02
0,00
0,05*
1,00
6.
Distance
0,01
-0,04
0,04
-0,03
0,65**
1,00
7.
Vitesse
-0,07**
-0,08**
0,07**
-0,09**
-0,10**
0,57**
1,00
8.
Auto/Conducteur
-0,07**
-0,10**
0,05*
-0,09**
-0,30**
0,08**
0,37**
1,00
9.
Auto/Passager
0,04
0,06**
-0,01
0,04
-0,04
0,01
0,02
-0,41**
1,00
10.
Transport en commun
0,05*
0,03
-0,02
0,04
0,42**
0,00
-0,33**
-0,75**
-0,12*
1,00
11.
Transport actif
0,01
0,09**
-0,06*
0,07**
-0,11**
-0,18**
-0,22**
-0,33**
-0,05*
-0,10**
1,00
12.
Urbain grand
0,05**
0,03
0,00
0,03
0,33**
0,09**
-0,20**
-0,20**
0,03
0,23**
-0,02
1,00
13.
Urbain Petit
0,01
0,03
-0,02
0,03
-0,14**
-0,01
0,08**
0,10**
-0,03
-0,10
-0,01
-0,47**
1,00
14.
Rural
-0,07**
-0,05*
0,01
-0,05*
-0,28**
-0,10**
0,17**
0,16**
-0,01
-0,20**
0,02
-0,82**
-0,12**
1,00
15.
Demandes psy.
0,38**
0,18**
-0,04
0,26**
0,11**
0,05*
-0,04
-0,02
-0,04
0,04
0,00
0,00
0,01
0,00
1,00
16.
Heures totales
0,05*
0,01
0,03
0,01
-0,03
0,05*
0,09**
0,08**
0,01
-0,08**
-0,04
0,02
0,01
-0,03
0,15**
1,00
17.
Horaire irrégulier
0,15**
0,07**
-0,02
0,10**
0,07**
0,09*
0,01
0,02
-0,01
0,01
-0,04
0,04
-0,03
-0,03
0,22**
0,16**
18.
Quart de jour
-0,01
-0,05*
0,03
-0,04
0,07**
0,02
-0,07**
-0,06*
-0,05*
0,09**
0,02
-0,02
-0,04
0,05*
0,09**
-
19.
Quart de soir
0,03
0,02
-0,02
0,03
-0,02
-0,01
0,01
0,04
0,01
-0,05*
-0,02
0,00
0,03
-0,02
-0,02
0,04
20.
Quart de nuit
0,03
0,01
0,01
0,01
0,02
0,04
0,03
0,05*
0,05*
-0,07**
-0,03
0,05*
-0,02
-0,05*
-0,01
0,03
21.
Autorité décisionnelle
-0,23**
-0,35**
0,37**
-0,39**
0,06*
0,08**
0,05*
0,08**
-0,08**
-0,02
-0,04
0,08**
-0,10**
-0,02
0,07**
0,1**
22.
Utilisation compétences
-0,22**
-0,41**
0,39**
-0,41**
0,04
0,06*
0,03
0,06*
-0,09**
0,00
-0,03
0,00**
-0,05*
0,04
0,2**
0,11**
23.
Soutien des collègues
-0,25**
-0,31**
0,25**
-0,34**
-0,02
-0,01
0,01
-0,01
-0,01
0,03
-0,02
-0,05**
0,00
0,05**
-0,13**
-0,01
24.
Soutien des superviseurs
-0,31**
-0,41**
0,30**
-0,42**
0,04
0,03
0,01
-0,03
-0,02
0,05*
-0,01
0,06
-0,11**
0,00
-0,17**
0,00
25.
Gratifications
-0,44**
-0,56**
0,43**
-0,59**
0,00
0,04
0,05*
0,04
-0,03
0,01
-0,07**
0,04
-0,06*
0,00
-0,21**
0,02
26.
Statut matrimonial
-0,04
-0,08**
0,06**
-0,07**
0,06**
0,12**
0,09**
0,07**
0,02
-0,09**
-0,01
-0,09**
0,01
0,10**
0,03
0,03
27.
Présence d’enfants
-0,06*
-0,09**
0,05**
-0,08**
0,00**
0,06*
0,10**
0,12**
-0,02
-0,09**
-0,07**
-0,12**
0,02
0,12**
0,05*
0,00
28.
Revenu du ménage
-0,04
-0,12**
0,09**
-0,10**
0,18**
0,12**
-0,03
0,01
-0,07**
0,05**
-0,03
0,09**
-0,05**
-0,06**
0,20**
0,12**
29.
Soutien hors travail
-0,13**
-0,14**
0,12**
-0,16**
-0,04
-0,02
0,00
-0,02
0,02
0,02*
-0,01
0,01
-0,02*
0,00
-0,04
-
30.
Âge
-0,09**
-0,12**
0,10**
-0,12**
0,06*
0,02
-0,03
0,09**
-0,08**
-0,05*
-0,02
0,00
0,01
0,00
0,03
0,04*
31.
Sexe féminin
0,08**
-0,04
-0,06**
0,04
0,11**
-0,04
-0,17**
-0,13**
0,01
0,14**
0,00
0,01
-0,03
0,01
0,04
-0,16*
32.
Centre de contrôle interne
-0,41**
-0,39**
0,35**
-0,47**
-0,02
0,03
0,06**
0,04
-0,06*
0,00
-0,03
-0,01
-0,02
0,02
-0,10**
0,03
82
Tableau XV (suite)
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
17. Horaire irrégulier
1,00
18. Quart de jour
-0,29**
1,00
19. Quart de soir
0,17**
-0,43**
1,00
20. Quart de nuit
0,12**
-0,30**
0,40**
1,00
21. Autorité décisionnelle
0,08**
0,05*
-0,02
-0,03
1,00
22. Utilisation compétences
0,13**
0,07**
-0,02
-0,05*
0,63**
1,00
23. Soutien des collègues
-0,05*
0,06*
-0,03
-0,03
0,23**
0,27**
1,00
24. Soutien des superviseurs
-0,04
0,05*
0,00
-0,02
0,36**
0,312**
0,37**
1,00
25. Gratifications
-0,06*
0,05*
-0,04
-0,01
0,41**
0,42**
0,48**
0,59**
1,00
26. Statut matrimonial
-0,02
0,04
-0,04
-0,04
0,09**
0,11**
0,04
0,03
0,07**
1,00
27. Présence d’enfants
0,00
0,1**
-0,08**
-0,06*
0,06*
0,08**
0,04
-0,01
0,00
0,28**
1,00
28. Revenu du ménage
0,11**
0,13**
-0,07**
-0,07**
0,30**
0,28**
0,06*
0,07**
0,10**
0,42**
0,22**
1,00
29. Soutien hors travail
-0,05*
0,00
0,01
-0,01
0,06**
0,09**
0,13**
0,18**
0,16**
0,00
-0,03
0,02
1,00
30. Âge
0,02
0,12**
-0,09**
-0,11**
0,11**
0,15**
-0,04
-0,05*
0,04
0,10**
0,09**
0,21*
-0,07**
1,00
31. Sexe féminin
-0,10**
0,18**
-0,09**
-0,06**
-0,10**
-0,10**
0,02
0,02
0,01
-0,06**
0,01
0,02
0,08**
0,06
1,00
32. Centre de contrôle interne
-0,02
0,05*
-0,03
-0,03
0,30**
0,33**
0,29**
0,27**
0,41**
0,07**
0,02
0,21*
0,24**
0,03
-0,02
1,00
Légende (*=p<0,05 et **=p<0,01)
83
En ce qui a trait aux autres facteurs, Ɖlusieurs d’entre eux entretiennent des relations
significatives. Similairement ă la dimension de l’éƉuisement émotionnel au travail, Ɖosséder des
niveaux d’autorité décisionnelle (r=-0,35, Ɖ<0,01) ou d’utilisation des compétences élevées (r=-
0,41, p<0,01) et bénéficier d’un fort soutien social (soutien du suƉerviseur : r=-0,41, p<0,01; des
collègues : r=-0,31, p<0,01) et être fortement récompensés (r=-0,56, p<0,01) sont des facteurs
associés à des niveaux de cynisme réduits et au contraire, avoir un niveau de demandes
psychologiques élevées (r=0,18, p<0,01) et travailler largement selon un horaire de travail
irrégulier ou imprévisible (r=0,07, Ɖ<0,01) s’associe ă des niveaux de cynisme élevés. S’ajoute ă
ces associations significatives le fait de travailler selon un horaire de jour (r=-0,05, p<0,05). Les
autres variables relatives aux horaires de travail ne sont pas significativement associées au
cynisme.
Tout comme Ɖour la dimension de l’éƉuisement émotionnel, les travailleurs jouissant
d’un fort soutien social hors travail (r=-0,14, p<0,01) et ceux vivant avec au moins un enfant (r=-
0,09, p<0,01) ont moins tendance à adopter des attitudes cyniques. Le statut matrimonial (r=-
0,08, p<0,01) ainsi que le revenu du ménage (r=-0,12, Ɖ<0,01), cette fois, s’associent à la
dimension du cynisme, le fait d’être en couƉle et de disƉoser d’un revenu familial suƉérieur se
liant à des niveaux atténués de cynisme.
Encore une fois, au niveau des facteurs individuels, la dimension du cynisme affecte les
jeunes travailleurs (r=-0,12, p<0,01) et ceux possédant un faible centre de contrôle interne (r=-
0,39, Ɖ<0,01). Toutefois, le genre ne s’associe Ɖas significativement avec les variations du
cynisme chez les travailleurs.
4.2.3 Efficacité professionnelle
Tout comme la dimension du cynisme, ni la durée, ni la distance ne corrèle avec la
dimension de l’efficacité Ɖrofessionnelle, mais la vitesse
(r=0,07, Ɖ<0,01) s’y associe
significativement. Les travailleurs qui se déplacent rapidement entre le domicile et le travail ont
le sentiment de mieux performer au travail. Les conducteurs de voitures (r=0,05, p<0,01) ont
aussi un plus fort sentiment de performance au travail, contrairement à ceux qui utilisent les
transports actifs (r=-0,06, p<0,05). Le fait de se déplacer en transport en commun ou en voiture
84
en tant que Ɖassager ne s’associe Ɖas significativement ă la dimension de l’efficacité
Ɖrofessionnelle. Par ailleurs, Ɖeu imƉorte la région dans laquelle se situe l’établissement, la
région n’est nullement liée ă cette dimension. Par contre, tout comme les dimensions
Ɖrécédentes, Ɖlusieurs autres facteurs du travail, hors travail et individuels s’unissent de
manière significative ă l’efficacité Ɖrofessionnelle.
Au niveau des facteurs du travail, les facteurs sont sensiblement les mêmes, mais leurs
relations sont inversées. Les travailleurs qui bénéficient de fortes récompenses (r=0,43, p<0,01),
qui peuvent utiliser leurs compétences (r=0,39, p<0,01) ou prendre des décisions au travail
(r=0,37, Ɖ<0,01), qui jouissent d’un soutien social élevé en emploi (soutien du superviseur :
r=0,30, p<0,01; des collègues : r=0,25, Ɖ<0,01) Ɖrofitent aussi d’une efficacité Ɖrofessionnelle
plus grande.
Les demandes tant psychologiques que contractuelles ne constituent aucunement des
facteurs significatifs de l’efficacité Ɖrofessionnelle. Toutefois, tous les facteurs hors travail et
individuels en sont. Les travailleurs cultivant un fort soutien social ă l’extérieur du travail (r=0,12,
p<0,01), qui sont en couple (r=0,06, p<0,01), qui vivent avec au moins un enfant (r=0,05, p<0,01)
ou qui culminent familialement un revenu élevé (r=0,09, p<0,01) ont tendance à performer au
travail. Aussi, l’efficacité Ɖrofessionnelle corrèle avec des facteurs individuels. L’âge (r=0,10,
p<0,01) et le centre de contrôle interne élevé (r=0,35, p<0,01) y sont associés positivement
tandis que le genre féminin (r=-0,06, Ɖ<0,01) l’est négativement. Les hommes semblent juger de
leur efficacité au travail plus favorablement que les femmes.
4.2.4 Mesure globale de l’épuisement professionnel
La mesure de l’éƉuisement Ɖrofessionnel en tant que score global corrèle positivement
avec la durée (r=0,05, p<0,05) et le transport actif (r=0,07, p<0,01), mais négativement avec la
vitesse (r=-0,09, p<0,01), le fait de se déplacer en voiture (r=-0,09, p<0,01) et celui de travailler
dans les limites d’une région rurale (r=-0,05, p<0,01). De ce fait, les travailleurs qui rapportent
de longs déƉlacements entre le domicile et le travail raƉƉortent aussi des scores d’éƉuisement
professionnel plus élevés. Par contre, les travailleurs qui rapportent de longue durée de
navettage obtiennent des scores d’éƉuisement Ɖrofessionnel Ɖlus faibles. Les individus qui se
85
déƉlacent ă vélo ou ă la marche ont un niveau d’éƉuisement Ɖlus élevé que ceux qui conduisent
leur voiture pour se rendre à leur travail. En effet, ce type de moyen de transport obtient un
coefficient négatif. De Ɖlus, les travailleurs des milieux ruraux ont un niveau d’éƉuisement
professionnel significativement plus faible lorsque ce dernier est mesuré comme score global. La
distance de navettage, le fait de se déplacer en voiture en tant que passager, en transport en
commun ou de travailler dans un centre urbain, qu’il soit grand ou Ɖetit, ne semble Ɖas
s’associer ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel mesuré globalement.
Les travailleurs qui font face à des demandes psychologiques élevées (r=0,26, p<0,01)
raƉƉortent des niveaux élevés d’éƉuisement Ɖrofessionnel. Il en va de même Ɖour ceux qui
travaillent selon un horaire irrégulier (r=0,10, p<0,01). Cependant, les différents quarts de travail
ne sont Ɖas significativement associés ă la mesure globale de l’efficacité Ɖrofessionnelle. Ceux
qui ont un niveau d’autorité décisionnelle (r=-0,39, p<0,01) ou d’utilisation des compétences
élevées (r=-0,41, Ɖ<0,01) raƉƉortent aussi des scores d’éƉuisement Ɖrofessionnel réduits.
Ceux qui jouissent d’un bon soutien social des collègues (r=-0,34, p<0,01) ou des
superviseurs (r=-0,42, Ɖ<0,01) raƉƉortent aussi des scores d’éƉuisement Ɖrofessionnel faibles.
Les gratifications en emploi
(r=-0,59, p<0,01) sont nuisibles aux travailleurs si elles sont
insuffisantes. Les faibles taux de gratification s’associent ă des scores élevés d’éƉuisement
professionnel.
En ce qui concerne les variables relatives à la situation familiale, tant le fait d’être en
couple (r=-0,07, p<0,01), de vivre avec au moins un enfant (r=-0,08, p<0,01) que de réunir un
revenu du ménage élevé (r=-0,10, Ɖ<0,01) s’associe négativement ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel.
Il en va de même pour le soutien social hors travail (r=-0,16, p<0,01). Les travailleurs qui
bénéficient d’un fort soutien social hors travail s’associent ă des scores réduits d’éƉuisement
Ɖrofessionnel. L’éƉuisement Ɖrofessionnel ne semble Ɖas être affecté Ɖar un genre Ɖlus qu’un
autre, mais elle aurait tendance à être plus faible avec l’âge (r=-0,12, p<0,01). De plus, les
individus qui ont un centre de contrôle interne élevé (r=-0,47, p<0,01) rapportent des niveaux
d’éƉuisement Ɖrofessionnel significativement Ɖlus faibles.
En conclusion, l’analyse de la matrice de corrélations de Pearsons au Tableau XV indique
qu’en fin de comƉte, un seul diagnostic de colinéarité doit être traité et il s’agit de la relation
entre la durée et la distance de navettage. Rappelons que la variable « distance » est mise en
86
retrait et qu’en conséquence, seule la variable
« durée » sera utilisée dans les analyses
multiniveaux. La variable « vitesse » qui correspond à un calcul comprenant notamment la
distance est conservée.
4.3 Analyses multiniveaux
4.3.1 Épuisement émotionnel
Le Tableau XVI présente les estimations obtenues par les ML
(maximum de
vraisemblance) pour les six modèles avec la variable dépendante « épuisement émotionnel » et
la durée de navettage comme variable indépendante. Le premier modèle est celui de la
composition de la variance où la moyenne générale de la distribution de la variance est évaluée.
La moyenne générale est estimée à 1,670 avec une variabilité significative entre le niveau 1
(²ϵ=1,72, Ɖ≤0,05) et le niveau 2 (²µ=0,098, Ɖ≤0,01). La corrélation intraclasse s’élève ă 0,05,
c’est-à-dire que 5 % du total de la variance du niveau d’éƉuisement émotionnel se trouve entre
les établissements.
Le modèle 2 estime la contribution des variables indépendantes et contrôles. À prime à
bord, le chi-carré du modèle indique que les variables indéƉendantes ajoutées ă l’intérieur de ce
modèle ont amélioré de façon significative son ajustement aux données. En ce qui a trait aux
caractéristiques de navettage, aucune variable n’obtient de corrélation significative avec
l’éƉuisement émotionnel. Les modèles 3, 4, 5 et 6 estiment l’effet des variables d’interaction.
87
TABLEAU XVI - Résultats d’analyses multiniveaux Ɖour la dimension de l’éƉuisement émotionnel
avec la durée de navettage (coefficients non-standardisés)
Dimensions de l’épuisement émotionnel avec la durée
Modèles
Variables
1
2
3
4
5
6
Constante
1,670**
2,671**
2,733**
2,476**
2,696**
2,887**
NAVETTAGE
Durée
0,002
-0,003
0,010
0,002
-0,019
Moyen de transport
Auto/Conducteur
0,089
0,095
0,221
0,025
-0,081
Auto/Passager
0,157
0,166
0,666*
0,340
0,779
Transport en commun
0,065
0,058
0,300
0,310
1,221
Transport actif
ref
ref
ref
ref
ref
Région
Urbain Grand
0,171
0,045
0,158
-0,240
-0,325
Urbain Petit
0,121
0,127
0,116
-1,210
-1,161
Rural
ref
ref
ref
ref
ref
INTERACTIONS
Durée*Région
Durée * Urbain Grand
0,006
0,033
Durée * Urbain Petit
0,000
0,085
Durée*moyen transport
Durée * Auto conducteur
-0,007
0,018
Durée * Auto passager
-0,020
-0,007
Durée * Transport comm
-0,010
-0,006
Moyen de transport*région
Auto C. * Urbain g
0,054
0,390
Auto C * Urbain P
0,474
1,375
Auto P * Urbain g
-0,241
-0,109
Auto P. * Urbain P
0,271
-0,003
T. comm * Urbain g
-0,240
-0,781
T. comm * Urbain P
-1,210
0,144
Durée, moyen de t.*région
Durée * Auto C. * Urbain g
-0,028
Durée * Auto C. - *Urbain P
-0,085
Durée * Auto P. * Urbain G
-0,015
Durée * Auto P. * Urbain P
-0,019
Durée *T. com.* Urbain g
-0,008
Durée *T. com. * Urbain P
-0,100
FACTEURS DU TRAVAIL
Demandes psychologiques
0,106**
0,106**
0,106**
0,106**
0,107**
Heures totales
0,004
0,004
0,004
0,004
0,004
Horaire irrégulier
0,143**
0,146**
0,141**
0,144**
0,144**
Quart de jour
0,045
0,044
0,047
0,045
0,045
Quart de soir
0,026
0,025
0,027
0,024
0,024
88
Tableau XVI (suite)
Quart de nuit
-0,011
-0,011
-0,011
-0,009
-0,012
Autorité décisionnelle
-0,011
-0,011
-0,010
-0,010
-0,008
Utilisation compétences
-0,033**
-0,032**
-0,034**
-0,033**
-0,034**
Soutien des collègues
-0,002
-0,001
-0,003
-0,000
-0,003
Soutien des superviseurs
-0,025*
-0,025*
-0,025*
-0,025*
-0,025*
Gratifications
-0,051**
-0,051**
-0,050**
-0,051**
-0,050**
FACTEURS HORS TRAVAIL
Statut matrimonial
0,085
0,085
0,079
0,086
0,073
Présence d’enfants
-0,154**
-0,156**
-0,150**
-0,159**
-0,154**
Revenu du ménage
-0,004
-0,005
-0,004
-0,006
-0,005
Soutien hors travail
-0,050
-0,055
-0,053
-0,048
-0,057
FACTEURS INDIVIDUELS
Âge
-0,009**
-0,009**
-0,008**
-0,009**
-0,009**
Sexe féminin
0,181**
0,184**
0,176**
0,177**
0,173**
Centre de contrôle interne
-0,070**
-0,070**
-0,070**
-0,071**
-0,070**
Partie aléatoire
²µ (établissement)
0,098**
0,023**
0,022**
0,025**
0,024**
0,024**
²ϵ (individus)
1,724*
1,137*
1,135*
1,133*
1,136*
1,133*
²µo (établissement)
5,4
2.0
1,9
2,2
2,1
2,1
²ϵo (individus)
94,6
98,0
98,1
97.8
97.9
97.9
Tests sur modèles
χ²(dl) Wald
-
1054,61 (24) **
1058,68 (26)**
1059,92 (27)**
10,62(30)**
1073,61(41)**
Δχ² (dl) Vraisemblances
-
-
2,59(2)
5,21(3)
7,84(6)
18,73(17)
R22
-
0,61
0,62
0,60
0,60
0,60
R2 1
-
0,36
0,36
0,36
0,36
0,36
Note : *=p<0,05 et **=p<0,01
D’aƉrès les résultats, tous ces modèles sont significatifs dans leur ensemble. Cependant,
les rapports de vraisemblance calculés pour chacun par rapport au deuxième modèle
n’indiquent Ɖas de différence statistique envers ce dernier. De Ɖlus, les coefficients de
régression Ɖour chacun des termes d’interaction dans ces modèles ne signalent aucune
association significative avec la variable dépendante.
Le Tableau XVII présente les résultats avec la variable indépendante de la vitesse de
navettage Ɖour la dimension de l’épuisement émotionnel. Le premier modèle de composition de
la variance est identique à celui présenté dans le tableau précédant (Tableau XVI). Le modèle 2
estime l’effet des variables indéƉendantes ă l’étude. Tout d’abord, le chi-carré de ce modèle
indique que l’ensemble des variables indéƉendantes et contrôles ont aussi significativement
amélioré l’ajustement du modèle aux données. La variable « urbain grand » obtient une
association significative et positive
(γ=0,200, p<0,05) avec l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Les
modèles 3, 4, 5 et 6 estiment l’effet des variables d’interaction qui s’avèrent non significatifs.
89
TABLEAU XVII - Résultats d’analyses multiniveaux Ɖour la dimension de l’éƉuisement
émotionnel avec la vitesse de navettage (coefficients non-standardisés)
Dimension de l’épuisement émotionnel avec la vitesse
Modèles
Variables
1
2
3
4
5
6
Constante
1,670**
2,660**
2,728**
2,803**
2,685**
2,667**
NAVETTAGE
Vitesse
-0,000
-0,001
-0,008
0,000
0,002
Moyen de transport
Auto/Conducteur
0,110
0,113
-0,019
0,051
0,144
Auto/Passager
0,179
0,180
-0,019
0,371
0,435
Transport en commun
0,122
0,127
-0,051
0,378
0,220
Transport actif
ref
ref
ref
ref
ref
Région
Urbain grand
0,200*
0,123
0,197*
0,167
0,442
Urbain Petit
0,127
-0,033
0,124
-0,262
-1,018
Rural
ref
ref
ref
ref
ref
INTERACTION
Vitesse*Région
Vitesse * Urbain grande
0,002
-0,017
Vitesse * Urbain petite
0,003
0,059
Vitesse*moyen transport
Vitesse * Auto conducteur
0,008
-0,003
Vitesse * Auto passager
0,010
-0,002
Vitesse * Transport comm
0,010
0,016
Moyen de transport*région
Auto C. * Urbain g
0,053
-0,300
Auto C * Urbain P
0,472
1,234
Auto P * Urbain g
-0,247
-0,610
Auto P. * Urbain P
0,247
-0,200
T. comm * Urbain g
-0,260
-0,339
T. comm * Urbain P
-1,215
-1,306
Vitesse, moyen de t.*région
Vitesse * Auto C. * Urbain g
0,019
Vitesse * Auto C. - *Urbain P
-0,059
Vitesse * Auto P. * Urbain G
0,020
Vitesse * Auto P. * Urbain P
-0,036
Vitesse *T. com.* Urbain g
0,000
Vitesse *T. com. * Urbain P
0,049
FACTEURS DU TRAVAIL
Demandes psychologiques
0,107**
0,107**
0,106**
0,107**
0,108**
Heures totales
0,004
0,004
0,004
0,004
0,004
Horaire irrégulier
0,146**
0,146**
0,146**
0,148**
0,145**
Quart de jour
0,046
0,046
0,047
0,046
0,047
Quart de soir
0,026
0,027
0,028
0,024
0,026
Quart de nuit
-0,007
-0,006
-0,006
-0,006
-0,004
Autorité décisionnelle
-0,011
-0,010
-0,011
-0,010
-0,009
Utilisation compétences
-0,033**
-0,033**
-0,032**
-0,032**
-0,033**
Soutien des collègues
-0,001
-0,001
-0,000
0,000
0,000
Soutien des superviseurs
-0,024*
-0,024*
-0,025*
-0,024*
-0,025*
Gratifications
-0,051**
-0,051**
-0,051**
-0,051**
-0,051**
90
Tableau XVII (suite)
FACTEURS HORS TRAVAIL
Statut matrimonial
0,094
0,093
0,093
0,098
0,093
Présence d’enfants
-0,153**
-0,153**
-0,149**
-0,157**
-0,150**
Revenu du ménage
-0,004
-0,004
-0,004
-0,005
-0,005
Soutien hors travail
-0,056
-0,056
-0,058
-0,048
-0,053
FACTEURS INDIVIDUELS
Âge
-0,008**
-0,009**
-0,008**
-0,009**
-0,009**
Sexe féminin
0,184**
0,185**
0,182**
0,183**
0,176**
Centre de contrôle interne
-0,070**
-0,071*
-0,071**
-0,071**
-0,071**
Partie aléatoire
²µ
0,098**
0,023**
0,024**
0,023**
0,024*
0,023**
²ϵ
1,724 *
1,139*
1,139*
1,140*
1,135*
1,142*
²µo (établissement)
5,4
2,0
2,1
2,0
2,1
2,0
²ϵo (individus)
94,6
94,8
97.9
98,0
97.9
98,0
Tests sur modèles
χ²(dl) Wald
-
1050,80(24)**
1050,32(26)**
1051,38(27)**
1058,94(30)**
1060,19(41)**
Δχ² (dl) Vraisemblances
-
-
0,68(2)
1,25(3)
7,84(6)
12,01 (17)
R22
-
0,61
0.60
0.61
0.60
0.61
R2 1
-
0,36
0,36
0,36
0,36
0,36
Note : *=p<0,05 et **=p<0,01
Bref, lorsque les analyses sont effectuées avec la durée de navettage, aucune
caractéristique du navettage n’est significativement associée ă l’éƉuisement émotionnel et
aucun effet modérateur testé n’obtient de résultats significatifs. Or, lorsque la durée de
navettage est remplacée par la vitesse, les travailleurs des grands milieux urbains rapportent des
niveaux d’éƉuisement émotionnel Ɖlus élevé que les travailleurs des autres milieux, mais les
interactions demeurent non-significatives.
Pour les analyses avec la durée, le modèle 6 explique
61 % de la variation de
l’éƉuisement émotionnel entre les milieux de travail et
36 % entre les travailleurs. Le
pourcentage de la variation dû au milieu de travail est de 2,1 % (p<0,01). Pour les analyses avec
la vitesse, le modèle 6 explique aussi 61 % de la variation de l’éƉuisement émotionnel entre les
milieux de travail et 36 % entre les travailleurs. Le pourcentage de la variation dû au milieu de
travail est de 2 % (p<0,01).
91
4.3.2 Cynisme
Le Tableau XVIII présente les résultats pour le cynisme et la durée de navettage. Tout
d’abord, la moyenne générale du cynisme est estimée à 1,45 avec une variabilité significative
entre le niveau 1
(²ₑ=1,452, Ɖ≤0,05) et le niveau 2
(²µ=0,085, Ɖ≤0,01). La corrélation
intraclasse s’élève ă 0,06, c’est-à-dire que 6 % du total de la variance du niveau de cynisme se
trouve entre les établissements. Le chi-carré du modèle 2 indique que l’ensemble des variables
indépendantes et de contrôle ont amélioré significativement l’ajustement du modèle aux
données. La durée de navettage obtient une association positive avec le cynisme (γ=0,0001,
p<0,01). Le fait de conduire une voiture pour se rendre au travail (γ=-0,036, p<0,01) et celui
d’utiliser le transƉort en commun (γ=-0,308, p<0,05) obtiennent un coefficient négatif avec cette
dimension. Pour les effets des variables d’interaction (modèle 3 à 6), seul le modèle 4 est
statistiquement différent du modèle 2. La Figure 3 illustre les résultats du modèle 4, c’est-à-dire
la relation entre la durée de navettage et le moyen de transport selon la région du milieu de
travail.
TABLEAU XVIII - Résultats d’analyses multiniveaux Ɖour la dimension du cynisme avec la durée
de navettage (coefficients non-standardisés)
Dimension du cynisme avec la durée
Modèles
Variables
1
2
3
4
5
6
Constante
1,453**
6,309**
6,330**
6,183**
6,338**
6,5435**
NAVETTAGE
Durée
0,001**
-0,002
0,005
0,001
-0,03
Moyen de transport
Auto/Conducteur
-0,36**
-0,355**
-0,232
-0,346
-0,549
Auto/Passager
-0,227
-0,223
0,183
-0,534
-0,853
Transport en commun
-0,308*
-0,312**
-0,479
-0,505
-0,962
Transport actif
ref
ref
ref
ref
ref
Région
Urbain grand
0,055
0,003
0,068
0,023
-0,548
Urbain Petit
0,021
-0,001
0,023
0,258
1,982
Rural
ref
Ref
ref
ref
ref
INTERACTION
Durée*région
Durée - Urbain grand
0,003
0,045
Durée - Urbain petit
-0,001
-0,139
Durée*moyen transport
92
Tableau XVIII (suite)
Durée - Auto conducteur
-0,006
0,029
Durée - Auto passager
-0,016
0,035
Durée - Transport comm
0,001
0,036
Région*moyen
Auto C. - Urbain g
0,003
0,562
Auto C - Urbain P
-0,259
-2,027
Auto P - Urbain g
0,344
1,438*
Auto P. - Urbain P
0,995
-0,746
T. comm - Urbain g
0,235
0,769
T. comm - Urbain P
-1,185
-1,542
Durée*moyen*région
Durée - Auto C. - Urbain g
-0,043
Durée - Auto C. - Urbain P
0,141
Durée - Auto P. - Urbain g
-0,063
Durée - Auto P. - Urbain P
0,142
Durée - T. com.- Urbain g
-0,045
Durée - T. com. - Urbain P
0,102
FACTEURS DU TRAVAIL
Demandes psychologiques
0,037**
0,037**
0,037**
0,037**
0,037**
Heures totales
0,002
0,002
0,002
0,002
0,003
Horaire irrégulier
0,088**
0,089**
0,089**
0,089**
0,088**
Quart de jour
0,004
0,004
0,01
0,006
0,011
Quart de soir
0,001
0,000
0,003
-0,002
0,002
Quart de nuit
-0,0481
-0,048
-0,047
-0,048
-0,047
Autorité décisionnelle
-0,009
-0,009
-0,01
-0,009
-0,011
Utilisation compétences
-0,079**
-0,079**
-0,078**
-0,078**
-0,077**
Soutien des collègues
-0,006
-0,007
-0,008
-0,007
-0,010
Soutien des superviseurs
-0,047**
-0,047**
-0,047**
-0,047**
-0,046**
Gratifications
-0,072**
-0,072**
-0,072**
-0,072**
-0,071**
FACTEURS HORS TRAVAIL
Statut matrimonial
0,025
0,025
0,022
0,018
0,019
Présence d’enfants
-0,182**
-0,184**
-0,183**
-0,184**
-0,183**
Revenu du ménage
-0,003
-0,003
-0,003
-0,003
-0,003
Soutien hors travail
-0,018
-0,021
-0,019
-0,023
-0,025
FACTEURS INDIVIDUELS
Âge
-0,007**
-0,007**
-0,007**
-0,007**
-0,007**
Sexe féminin
-0,127**
-0,126**
-0,130**
-0,130**
-0,133**
Centre de contrôle interne
-0,039**
-0,039**
-0,039**
-0,040**
-0,039**
Partie aléatoire
²µ
0,085**
0,022**
0,022**
0,022**
0,022**
0,022**
²ϵ
1,452*
0,895*
0,895*
0,892*
0,892*
0. 890*
²µo (établissement)
5,5
2,4
2,4
2,4
2,4
2,4
²ϵo (individus)
94,5
97.6
97.6
97.6
97.6
97.6
Tests d’ajustement
χ²(dl) Wald
-
1251,51 (24)**
1251,19 (26)**
1264,66 (27)**
1267,59 (30)**
1283,81 (41)**
Δχ² (dl) Vraisemblances
-
-
0,80(2)
9,22 (3)*
11,69 (6)
26,40 (17)
R22
-
0,61
0,61
0,61
0,61
0,61
R2 1
-
0,40
0,40
0,41
0,41
0,41
Note : *=p<0,05 et **=p<0,01
93
FIGURE 3 - Cynisme selon la durée de navettage et le moyen de transport
Cynisme selon la duré de navettage et le moyen de transport
4.0
3.5
3.0
Conducteur
Passager
2.5
Transport en commun
2.0
Transport actif
1.5
0
20
40
60
80
100
Durée en minutes
Le Tableau XIX présente les résultats en utilisant le facteur de vitesse de navettage pour
la dimension du cynisme. Les résultats sont semblables à ceux détaillés précédemment à
l’exceƉtion du quatrième modèle qui, contrairement aux analyses effectuées avec la durée,
n’est Ɖas significativement différent du deuxième modèle.
TABLEAU XIX - Résultats d’analyses multiniveaux Ɖour la dimension du cynisme avec la vitesse
de navettage (coefficients non-standardisés)
Dimension du cynisme avec la vitesse
Modèles
Variables
1
2
3
4
5
6
Constante
1,453**
6,332**
6,360**
6,558**
6,343**
6,304**
NAVETTAGE
Vitesse
-0,001
-0,002
-0,014
-0,002
0,001
Moyen de transport
Auto/Conducteur
-0,315**
-0,314**
-0,504**
-0,288
-0,165
Auto/Passager
-0,188
-0,187
-0,358
-0,489
-0,790
Transport en commun
-0,275*
-0,274*
-0,626**
-0,496
0,114
Transport actif
ref
ref
ref
ref
ref
Région
Urbain grand
0,056
0,029
0,050
0,033
0,375
Urbain Petit
0,022
-0,075
0,019
0,253
1,277
Rural
ref
ref
ref
ref
ref
94
Tableau XIX (suite)
INTERACTION
Vitesse*région
Vitesse - Urbain grand
0,001
-0,022
Vitesse - Urbain Petit
0,002
-0,077
Vitesse*moyen transport
Vitesse - Auto conducteur
0,012
-0,004
Vitesse - Auto passager
0,012
0,006
Vitesse - Transport comm
0,019*
-0,054
Région*moyen
Auto C. - Urbain g
-0,008
-0,447
Auto C - Urbain P
-0,252
-1,370
Auto P - Urbain g
0,343
0,494
Auto P. - Urbain P
1,006
0,424
T. comm - Urbain g
0,257
-0,775
T. comm - Urbain P
-1,181
-3,379
Vitesse*région*moyen
Vitesse - Auto C. - Urbain g
0,024
Vitesse - Auto C. - Urbain P
0,078
Vitesse - Auto P. - Urbain g
0,010
Vitesse - Auto P. - Urbain P
0,066
Vitesse - T. com.- Urbain g
0,079
Vitesse - T. com. - Urbain
0,203
FACTEURS DU TRAVAIL
Demandes psychologiques
0,037**
0,037**
0,037**
0,037**
0,037**
Heures totales
0,002
0,002
0,002
0,003
0,003
Horaire irrégulier
0,089**
0,089**
0,089**
0,091**
0,088**
Quart de jour
0,004
0,004
0,006
0,005
0,007
Quart de soir
-0,001
-0,001
0,002
-0,003
0,000
Quart de nuit
-0,047
-0,046
-0,047
-0,046
-0,046
Autorité décisionnelle
-0,008
-0,008
-0,010
-0,009
-0,010
Utilisation compétences
-0,079**
-0,079**
-0,078**
-0,078**
-0,077**
Soutien des collègues
-0,007
-0,007
-0,006
-0,007
-0,008
Soutien des superviseurs
-0,046**
-0,047**
-0,046**
-0,047**
-0,046**
Gratifications
-0,072**
-0,072**
-0,072**
-0,072**
-0,072**
FACTEURS HORS TRAVAIL
Statut matrimonial
0,031
0,030
0,027
0,026
0,025
Présence d’enfants
-0,180**
-0,180**
-0,175**
-0,180**
-0,174**
Revenu du ménage
-0,003
-0,003
-0,004
-0,003
-0,004
Soutien hors travail
-0,020
-0,020
-0,025
-0,022
-0,027
FACTEURS INDIVIDUELS
Âge
-0,007**
-0,007**
-0,007**
-0,007**
-0,007**
Sexe féminin
-0,131**
-0,131**
-0,137**
-0,133**
-0,140**
Centre de contrôle interne
-0,039**
-0,039**
-0,039**
-0,039**
-0,039**
Partie aléatoire
²µ
0,085**
0,021**
0,022**
0,021**
0,021**
0,020**
²ϵ
1,452*
0,894*
0,895*
0,894*
0,891*
0,893*
²µo (établissement)
5,5
2,3
2,4
2,3
2,3
2,2
²ϵo (individus)
94,5
97.7
97.6
97.7
97.7
97.8
Rapport sur modèles
χ²(dl) Wald
-
1254,29(24)**
1253,38(26)**
1262,77(27)**
1271,57(30)**
1280,95(41)**
Δχ² (dl) Vraisemblances
-
-
0,31(2)
5,63 (3)
12,18 (6)
21,59(17)
R22
-
0,62
0,61
0,62
0,62
0,63
R2 1
-
0,40
0,40
0,40
0,41
0,41
Note : *=p<0,05, **=p<0,01
95
Pour les analyses avec la durée, le modèle 6 explique 61 % de la variation du cynisme
entre les milieux de travail et 41 % entre les travailleurs. Le pourcentage de la variation dû au
milieu de travail est de 2,4 % (p<0,01). Pour les analyses avec la vitesse, le modèle 6 explique
63 % de la variation de du cynisme entre les milieux de travail et 41 % entre les travailleurs. Le
pourcentage de la variation dû au milieu de travail est de 2,2 % (p<0,01).
En somme, les navetteurs qui ont de longs déplacements ont un niveau de cynisme plus
élevé envers leur emploi, par contre cette relation est faible avec un coefficient de 0,0001.
Inversement, la dimension du cynisme est réduite chez les navetteurs qui se déplacent en
voiture en tant que conducteur et ceux qui utilisent le transport en commun. Par ailleurs, pour
les automobilistes seulement, cette association est beaucoup plus forte lorsque la vitesse de
navettage est Ɖrise en comƉte que lorsque la durée l’est.
4.3.3 Efficacité professionnelle
Les résultats des analyses utilisant la durée de navettage comme variable indépendante
avec la dimension de l’efficacité Ɖrofessionnelle sont Ɖrésentés au Tableau XX. Le premier
modèle est celui de la composition de la variance où la moyenne générale de la distribution de
la variance est évaluée. La moyenne générale de l’efficacité Ɖrofessionnelle est estimée ă 4,812
avec une variabilité significative entre le niveau 1 (²ε=1,033, Ɖ≤0,05) et le niveau 2 (²µ=0,033,
Ɖ≤0,01). La corrélation intraclasse s’élève ă 0,031 c’est-à-dire que 3 % du total de la variance du
niveau d’efficacité Ɖrofessionnelle se trouve entre les établissements.
En ce qui concerne les analyses introduisant la durée comme facteur, à prime à bord, le
modèle 2 estime l’effet des variables indépendantes et contrôle. Son chi-carré indique que les
variables indéƉendantes ajoutées ă l’intérieur de ce modèle ont amélioré de façon significative
son ajustement aux données. Le fait d’être Ɖassager dans une voiture lors de navettage
domicile-travail (γ=0,266, p<0,05) est Ɖositivement associé ă l’efficacité Ɖrofessionnelle, mais les
autres variables relatives au navettage ne le sont pas. Ensuite, les résultats des modèles 3, 4, 5
et 6 qui estiment les effets des variables d’interaction indiquent que les modèles 4 et 6 sont
statistiquement différents du modèle 2, mais que les modèles 3 et 5 ne le sont pas. Le modèle 4
estime l’interaction entre la durée de navettage et le moyen de transƉort. Les coefficients de
96
régression Ɖour chacun des termes d’interaction dans ce modèle sont tous significativement
différents de zéro. Donc, le moyen de transport a un effet de modération significatif sur la
relation entre la durée et l’efficacité Ɖrofessionnelle. Quant au modèle 6, celui-ci estime l’effet
d’interaction de la durée de navettage, du moyen de transport et de la région de
l’établissement de travail. Les coefficients de régression pour les interactions à trois variables
qui comprennent la petite région urbaine sont toutes significativement associés à la dimension
de l’efficacité Ɖrofessionnelle. Ces résultats Ɖermettent de conclure que la relation entre la
durée de navettage et l’efficacité Ɖrofessionnelle est modérée simultanément Ɖar le moyen de
transport utilisé pour se rendre au travail et le fait de se déplacer vers un lieu de travail situé
dans les limites d’une Ɖetite région urbaine. Les Figures 4, 5 et 6 illustrent les résultats du
modèle 6. noter qu’au modèle 3, l’effet de modération des régions uniquement obtient des
résultats non significatifs. Le modèle 6 explique
43 % de la variation de l’efficacité
professionnelle entre les milieux de travail et 28 % entre les travailleurs. Le pourcentage de la
variation due au milieu de travail est de 1,7 % (p<0,01).
TABLEAU XX - Résultats d’analyses multiniveaux Ɖour la dimension de l’efficacité Ɖrofessionnelle
avec la durée de navettage (coefficients non-standardisés)
Dimension de l’efficacité professionnelle avec la durée
Modèles
Modèle
1
2
3
4
5
6
Constante
4,812**
0,603*
0,565
0,968**
0,803*
0,883*
NAVETTAGE
Durée
-0,000
0,001
-0,019*
-0,000
-0,014
MOYEN DE TRANSPORT
Auto/Conducteur
0,109
0,106
-0,231
-0,095
-0,250
Auto/Passager
0,266*
0,262*
-0,440
0,217
-0,112
Transport en commun
0,149
0,143
-0,346
-0,437
0,179
Transport actif
ref
ref
ref
ref
ref
RÉGION
Urbain grand
0,029
0,051
0,051
-0,248
0,044
Urbain Petit
0,086
0,243
0,095
0,257
3,780**
Rural
ref
ref
ref
ref
ref
INTERACTIONS
Durée et Région
Durée - Urbain grand
-0,001
-0,003
Durée - Urbain petit
-0,008
-0,301**
Durée et moyen transport
Durée - Auto conducteur
0,018*
0,016
Durée - Auto passager
0,031**
0,024
97
Tableau XX (suite)
Durée - Transport comm
0,021*
-0,004
Moyen de transport et région
Auto C. - Urbain g
0,297
0,087
Auto C - Urbain P
-0,193
-3,513*
Auto P - Urbain g
0,104
-0,376
Auto P. - Urbain P
-0,316
-3,992*
T. comm - Urbain g
0,663
-0,469
T. comm - Urbain P
0,772
-5,125*
Durée, moyen de t. et région
Durée - Auto C. - Urbain g
-0,001
Durée - Auto C. - Urbain P
0,291*
Durée - Auto P. - Urbain g
0,006
Durée - Auto P. - Urbain P
0,315*
Durée - T. com.- Urbain g
0,023
Durée - T. com. - Urbain P
0,365**
FACTEURS DU TRAVAIL
Demandes psychologiques
0,004
0,004
0,004
0,004
0,004
Heures totales
-0,000
0
-0,001
-0,000
-0,001
Horaire irrégulier
-0,039
-0,038
-0,036
-0,041
-0,033
Quart de jour
0,002
0,003
-0,002
-0,002
-0,003
Quart de soir
-0,027
-0,027
-0,027
-0,026
-0,027
Quart de nuit
0,071*
0,071*
0,070*
0,072*
0,072*
Autorité décisionnelle
0,070**
0,070**
0,068**
0,069**
0,068**
Utilisation compétences
0,045**
0,045**
0,047**
0,045**
0,047**
Soutien des collègues
0,007
0,007
0,008
0,006
0,008
Soutien des superviseurs
0,012
0,012
0,012
0,014
0,013
Gratifications
0,044**
0,045**
0,044**
0,045**
0,045**
FACTEURS HORS TRAVAIL
Statut matrimonial
0,027
0,028
0,036
0,032
0,045
Présence d’enfants
0,077
0,077
0,070
0,075*
0,076
Revenu du ménage
-0,017*
-0,017*
-0,018*
-0,017*
-0,018*
Soutien hors travail
0,068
0,062
0,074
0,069
0,071
FACTEURS INDIVIDUELS
Âge
0,006**
0,006**
0,006**
0,006**
0,006**
Sexe féminin
-0,088*
-0,092*
-0,078
-0,086
-0,084
Centre de contrôle interne
0,037**
0,037**
0,037**
0,037**
0,037**
Partie aléatoire
²µ
0,033**
0,015**
0,015**
0,014**
0,014**
0,013**
²ϵ
1,033**
0,757*
0,757*
0,753*
0,758*
0,753*
²µo (établissement)
3.1
1,9
1,9
1,8
1,8
1,7
²ϵo (individus)
96,9
98,1
98,1
98,2
98,2
98,3
Test sur modèles
χ²(dl) Wald
-
729,38(24)**
732,04** (26)**
746,06 (27)**
734,74 (30)**
764,53 (41)**
Δχ² (dl) Vraisemblances
-
2,33 (2)
12,38(3)**
4,95(6)
28,92(17)*
R22
-
0,40
0,40
0,42
0,42
0,43
R2 1
-
0,28
0,28
0,28
0,28
0,28
Note : *=p<0,05 et **=p<0,01
98
FIGURE 4 - Efficacité professionnelle selon la durée de navettage et le moyen de transport en
région rurale
Efficacité professionnelle selon la durée de navettage et le moyen de
transport en région rurale
5
4
3
Conducteur
Passager
2
Transport en commun
1
Transport actif
0
0
20
40
60
80
100
Durée en minutes
FIGURE 5 - Efficacité professionnelle selon la durée de navettage et le moyen de transport en
petite région urbaine
Efficacité professionnelle selon la durée de navettage et le moyen
de transport en petite région urbaine
6
5
4
Conducteur
3
Passager
2
Transport en commun
1
Transport actif
0
0
20
40
60
80
100
Durée en minutes
99
FIGURE 6 - Efficacité professionnelle selon la durée de navettage et le moyen de transport en
grande région urbaine
Efficacité professionnelle selon la durée de navettage et le moyen
de transport en grande région urbaine
3.0
2.5
2.0
Conducteur
1.5
Passager
1.0
Transport en commun
0.5
Transport actif
0.0
0
20
40
60
80
100
Durée en minutes
En ce qui a trait aux analyses introduisant la vitesse de navettage comme facteur
(Tableau XXI) Ɖour la dimension de l’efficacité professionnelle, le modèle 2 obtient lui aussi un
chi-carré informant de la ferme amélioration de l’ajustement aux données Ɖar les variables
indéƉendantes ajoutées ă l’intérieur de ce modèle.
TABLEAU XXI - Résultats d’analyses multiniveaux Ɖour la dimension de l’efficacité
professionnelle avec la vitesse de navettage (coefficients non-standardisés)
Dimension de l’efficacité professionnelle avec la vitesse
Modèles
Variables
Modèle 1
Modèle 2 Modèle 3
Modèle 4
Modèle 5
Modèle 6
Constante
4,812**
0,589*
0,492
0,350
0,802**
0,601
NAVETTAGE
Vitesse
0,001
0,003
0,015*
0,001
0,010
MOYEN DE TRANSPORT
Auto/Conducteur
0,087
0,085
0,307*
-0,125
-0,075
Auto/Passager
0,246
0,246
0,633**
0,195
0,523
Transport en commun
0,133
0,125
0,397*
-0,436
0,160
Transport actif
ref
ref
ref
ref
ref
RÉGION
Urbain grand
0,030
0,145
0,035
-0,251
-0,350
Urbain Petit
0,086
0,256
0,092
0,260
3,724**
Rural
ref
ref
ref
ref
ref
100
Tableau XXI (suite)
INTERACTIONS
Vitesse et Région
Vitesse - Urbain grand
-0,002
0,010
Vitesse - Urbain Petit
-0,003
-0,260**
Vitesse et moyen transport
Vitesse - Auto conducteur
-0,014*
-0,006
Vitesse - Auto passager
-0,018*
-0,012
Vitesse - Transport comm
-0,016*
-0,046
Moyen de transport et région
Auto C. - Urbain g
0,303
0,569
Auto C - Urbain P
-0,197
-3,515**
Auto P - Urbain g
0,104
0,248
Auto P. - Urbain P
-0,324
-4,905**
T. comm - Urbain g
0,650
0,366
T. comm - Urbain P
0,767
-1,330
Vitesse, moyen de t. et région
Vitesse - Auto C. - Urbain g
-0,013
Vitesse - Auto C. - Urbain P
0,258**
Vitesse - Auto P. - Urbain g
-0,011
Vitesse - Auto P. - Urbain P
0,282**
Vitesse - T. com.- Urbain g
0,026
Vitesse - T. com. - Urbain P
0,085
FACTEURS DU TRAVAIL
Demandes psychologiques
0,004
0,004
0,004
0,004
0,004
Heures totales
-0,000
0,000
0,000
0,000
-0,000
Horaire irrégulier
-0,040
-0,040
-0,040
-0,042
-0,039
Quart de jour
0,002
0,003
0,000
-0,002
-0,002
Quart de soir
-0,026
-0,026
-0,028
-0,025
-0,029
Quart de nuit
0,070*
0,069*
0,070*
0,071*
0,068*
Autorité décisionnelle
0,069**
0,069**
0,070**
0,069**
0,069**
Utilisation compétences
0,045**
0,045**
0,045**
0,045**
0,044**
Soutien des collègues
0,007
0,007
0,006
0,006
0,005
Soutien des superviseurs
0,012
0,012
0,013
0,014
0,015
Gratifications
0,044**
0,045**
0,045**
0,045**
0,045**
FACTEURS HORS TRAVAIL
Statut matrimonial
0,024
0,026
0,025
0,028
0,036
Présence d’enfants
0,075
0,075
0,069
0,073
0,070
Revenu du ménage
-0,017*
-0,017*
-0,017*
-0,017*
-0,017*
Soutien hors travail
0,069
0,069
0,072
0,068
0,071
FACTEURS INDIVIDUELS
Âge
0,007**
0,007**
0,006**
0,007**
0,006**
Sexe féminin
-0,086
-0,088*
-0,082
-0,084
-0,081
Centre de contrôle interne
0,037**
0,037**
0,037**
0,037**
0,038**
Partie aléatoire
²µ
0,033**
0,015**
0,015**
0,015**
0,014**
0,013**
²ϵ
1,033*
0,757*
0,757*
0,756*
0, 757*
0,754*
²µo (établissement)
3,1
1,9
1,9
1,9
1,8
1,7
²ϵo (individus)
96,9
98,1
98,1
98,1
98,2
98,3
Test sur modèles
χ²(dl) Wald
-
730,32(24)
731,51(26)**
736,92(27)**
736,12(30)**
761,62(41)**
Δχ² (dl) Vraisemblances
-
-
1,49(2)
5,54(3)
5,15(6)
26,54(17)
R22
-
0,40
0,40
0,42
0,42
0,43
R2 1
-
0,28
0,28
0,28
0,28
0,28
Note : *=p<0,05 et **=p<0,01
101
CeƉendant, aucune caractéristique du navettage ă l’intérieur de celui-ci n’obtient de
relation significative. Le modèle 6 explique 43 % de la variation de l’efficacité Ɖrofessionnelle
entre les milieux de travail et 28 % entre les travailleurs. Le pourcentage de la variation due au
milieu de travail est de 1,7 % (p<0,01).
En somme, les analyses incluant la durée semblent indiquer que celle-ci puisse mieux
Ɖrédire l’efficacité Ɖrofessionnelle que celles introduisant la vitesse. Par ailleurs, le moyen de
transport et la région agiraient comme modérateur de la relation entre la durée du navettage et
l’efficacité Ɖrofessionnelle.
4.3.4
Mesure globale de l’épuisement professionnel
Le Tableau XXII présente les estimations obtenues par les MCIG pour la mesure globale
de l’éƉuisement Ɖrofessionnel Ɖour les six modèles effectuées avec la durée de navettage des
navetteurs et le Tableau XXIII, avec la vitesse de navettage. Le premier modèle de la
comƉosition de la variance évalue la moyenne générale de l’éƉuisement Ɖrofessionnel ă 1,424
avec une variabilité significative entre le niveau 1 (²ε=0,880, p=0,01) et le niveau 2 (²µ=0,057,
p=0,01). La corrélation intraclasse s’élève ă 0,06, c’est-à-dire que 6 % du total de la variance du
niveau d’éƉuisement Ɖrofessionnel se trouve entre les établissements.
Au modèle 2, les caractéristiques de navettage ne sont pas significativement associées à
l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Pour les modèles subséquents qui estiment les effets d’interaction,
seul le modèle 3 est statistiquement différent du modèle 2. Au modèle 3, une variable
d’interaction obtient une association significative et négative : le fait de se déplacer en voiture
en tant que passager (γ=-0,022, p<0,01) a un effet modérateur sur l’association de la durée ă la
mesure globale de l’efficacité Ɖrofessionnelle.
102
TABLEAU XXII - Résultats d’analyses multiniveaux Ɖour la mesure globale de l’éƉuisement
professionnel avec la durée de navettage (coefficients non-standardisés)
Mesure globale de l’épuisement professionnel avec la durée
Modèles
Variables
1
2
3
4
5
6
Constante
1,424**
4,824**
4,879**
4,591**
4,769**
4,883**
NAVETTAGE
Durée
0,001
-0,002
0,012
0,001
-0,011
MOYEN DE TRANSPORT
Auto/Conducteur
-0,115
-0,112
0,081
-0,067
-0,118
Auto/Passager
-0,116
-0,111
0,431*
-0,135
0,014
Transport en commun
-0,133
-0,134
0,063
0,139
0,043
Transport actif
ref
ref
ref
ref
ref
RÉGION
Urbain grand
0,056
-0,008
0,048
0,125
-0,312
Urbain Petit
0,013
-0,036
0,008
-0,106
-1,168
Rural
ref
ref
ref
ref
ref
INTERACTION
Durée et Région
Durée - Urbain grand
0,003
0,027
Durée - Urbain petit
0,003
0,096
Durée et moyen transport
Durée - Auto conducteur
-0,01
0,010
Durée - Auto passager
-0,022**
0,001
Durée - Transport comm
-0,01
0,012
Moyen de transport et région
Auto C. - Urbain g
-0,077
0,288
Auto C - Urbain P
0,146
1,124
Auto P - Urbain g
-0,007
0,567
Auto P. - Urbain P
0,532
1,284
T. comm - Urbain g
-0,284
0,139
T. comm - Urbain P
-1,059
1,444
Durée, moyen de t. et région
Durée - Auto C. - Urbain g
-0,023
Durée - Auto C. - Urbain P
-0,092
Durée - Auto P. - Urbain g
-0,028
Durée - Auto P. - Urbain P
-0,08
Durée - T. com.- Urbain g
-0,026
Durée - T. com. - Urbain P
-0,136
FACTEURS DU TRAVAIL
Demandes psychologiques
0,043**
0,043**
0,043**
0,043**
0,043**
Heures totales
0,002
0,002
0,002
0,002
0,002
Horaire irrégulier
0,087**
0,088**
0,085**
0,088**
0,085**
Quart de jour
0,014
0,014
0,018
0,016
0,018
Quart de soir
0,021
0,020
0,022
0,019
0,021
Quart de nuit
-0,046
-0,047
-0,046
-0,046
-0,047
Autorité décisionnelle
-0,033**
-0,033**
-0,032**
-0,032**
-0,032**
Utilisation compétences
-0,052**
-0,052**
-0,053**
-0,052**
-0,053**
Soutien des collègues
-0,004
-0,005
-0,006
-0,005
-0,007
Soutien des superviseurs
-0,027**
-0,027**
-0,027**
-0,028**
-0,027**
Gratifications
-0,055**
-0,055**
-0,054**
-0,055**
-0,054**
103
Tableau XXII (suite)
FACTEURS HORS TRAVAIL
Statut matrimonial
0,024
0,024
0,018
0,020
0,012
Présence d’enfants
-0,134**
-0,136**
-0,131**
-0,136**
-0,135**
Revenu du ménage
0,003
0,003
0,004
0,003
0,004
Soutien hors travail
-0,044
-0,044
-0,047
-0,045
-0,050
FACTEURS INDIVIDUELS
Âge
-0,007**
-0,007**
-0,007**
-0,007**
-0,007**
Sexe féminin
0,049
0,052
0,043
0,046
0,044
Centre de contrôle interne
-0,048**
-0,048**
-0,048**
-0,048**
-0,048**
Partie aléatoire
²µ
0,057**
0,017**
0,017**
0,017**
0,016**
0,016**
²ϵ
0,880**
0,471*
0,471*
0,468*
0,470*
0,468*
²µo (établissement)
6,1
3,5
3,5
3,5
3,3
3,3
²ϵo (individus)
93,9
96,5
96,5
96,5
96,7
96,7
Test sur modèles
χ²(dl) Wald
-
1710,30(24)**
1710,76(26)**
1730,01(27)**
1723,53(30)**
1745,77(41)**
Δχ² (dl) Vraisemblances
-
-
1,06 (2)
11,79 (3)**
9,27(6)
25,97 (17)
R22
-
0,62
0,62
0,62
0,63
0,63
R2 1
-
0,48
0,48
0,48
0,48
0,48
Note : *=p<0,05 et **=p<0,01
En ce qui concerne le Tableau XXIII, le modèle 2 qui estime l’effet des variables
indépendantes et contrôles obtient lui aussi un chi-carré signalant l’amélioration substantielle
de l’ajustement aux données. CeƉendant, aucune caractéristique du navettage n’obtient de
relation significative avec la mesure globale de l’éƉuisement Ɖrofessionnel. De Ɖlus, les
estimations des effets d’interaction (modèles 3-6) ne sont pas significatives.
FIGURE 7 - Épuisement professionnel selon la durée de navettage et le moyen de transport
Épuisement professionnel (mesure globale) selon la durée de navettage et le moyen
i
de transport
6.0
5.5
5.0
Conducteur
Passager
4.5
Transport en commun
4.0
Transport actif
3.5
0
20
40
60
80
100
Durée en minutes
TABLEAU XXIII - Résultats d’analyses multiniveaux Ɖour le score global de l’éƉuisement
professionnel avec la vitesse de navettage (coefficients non-standardisés)
Mesure globale de l’épuisement professionnel avec la vitesse
Modèles
Variables
1
2
3
4
5
6
Constante
1,424**
4,834**
4,907**
5,035**
4,776**
4,838**
NAVETTAGE
Vitesse
-0,001
-0,002
-0,012*
-0,001
-0,003
MOYEN DE TRANSPORT
Auto/Conducteur
-0,088
-0,085
-0,267*
-0,031
0,019
Auto/Passager
-0,090
-0,090
-0,350
-0,105
-0,299
Transport en commun
-0,100
-0,094
-0,358*
0,162
0,079
Transport actif
ref
ref
ref
ref
ref
RÉGION
Urbain grand
0,065
-0,020
0,061
0,138
0,363
Urbain Petit
0,015
-0,129
0,011
-0,106
-1,315
Rural
ref
ref
ref
ref
ref
INTERACTION
Vitesse et Région
Vitesse - Urbain grand
0,002
-0,016
Vitesse - Urbain Petit
0,003
0,092
Vitesse et moyen transport
Vitesse - Auto conducteur
0,011*
0,000
Vitesse - Auto passager
0,013*
0,006
Vitesse - Transport comm
0,015*
0,005
Moyen de transport et région
Auto C. - Urbain g
-0,082
-0,428
Auto C - Urbain P
0,150
1,277
Auto P - Urbain g
-0,009
-0,132
Auto P. - Urbain P
0,531
1,927
T. comm - Urbain g
-0,278
-0,515
T. comm - Urbain P
-1,056
-0,968
Vitesse, moyen de t. et région
Vitesse - Auto C. - Urbain g
0,018
Vitesse - Auto C. - Urbain P
-0,090
Vitesse - Auto P. - Urbain g
0,013
Vitesse - Auto P. - Urbain P
-0,096
Vitesse - T. com.- Urbain g
0,015
Vitesse - T. com. - Urbain P
0,044
FACTEURS DU TRAVAIL
Demandes psychologiques
0,043**
0,044**
0,043**
0,044**
0,044**
Heures totales
0,002
0,002
0,002
0,002
0,002
Horaire irrégulier
0,088**
0,089**
0,088**
0,090**
0,088**
Quart de jour
0,015
0,014
0,016
0,016
0,017
Quart de soir
0,020
0,020
0,022
0,018
0,021
Quart de nuit
-0,044
-0,043
-0,044
-0,044
-0,042
Autorité décisionnelle
-0,032**
-0,032**
-0,033**
-0,032**
-0,032**
Utilisation compétences
-0,052**
-0,052**
-0,052**
-0,052**
-0,051**
Soutien des collègues
-0,005
-0,005
-0,004
-0,004
-0,004
Soutien des superviseurs
-0,027**
-0,027**
-0,027**
-0,027**
-0,028**
Gratifications
-0,055**
-0,055**
-0,055**
-0,055**
-0,055**
105
Tableau XXIII (suite)
FACTEURS HORS TRAVAIL
Statut matrimonial
0,030
0,029
0,028
0,029
0,023
Présence d’enfants
-0,133**
-0,133**
-0,128**
-0,133**
-0,128**
Revenu du ménage
0,004
0,004
0,003
0,003
0,003
Soutien hors travail
-0,047
-0,047
-0,050
-0,045
-0,050
FACTEURS INDIVIDUELS
Âge
-0,007**
-0,007**
-0,007**
-0,007**
-0,007**
Sexe féminin
0,048
0,050
0,044
0,047
0,041
Centre de contrôle interne
-0,048**
-0,048**
-0,048**
-0,048**
-0,048**
Partie aléatoire
²µ
0,057**
0,017**
0,017**
0,016**
0,016**
0,015**
²ϵ
0,880*
0,471*
0,471*
0,470*
0,469*
0,470*
²µo (établissement)
6,1
3,5
3,5
3,3
3,3
3,1
²ϵo (individus)
93,9
96,5
96,5
96,7
96,7
96,9
Test sur modèles
χ²(dl) Wald
-
1709,83(24)**
1710,42(26)**
1719,66(27)**
1723,89(30)**
1740,06(41)**
Δχ² (dl) Vraisemblances
-
-
1,51(2)
6,21(3)
9,53 (6)
22,62 (17)
R22
-
0,62
0,62
0,63
0,63
0,64
R2 1
-
0,48
0,48
0,48
0,48
0,48
Note : *=p<0,05 et **=p<0,01
Pour les analyses avec la durée, le modèle 6 explique
81 % de la variation de
l’éƉuisement Ɖrofessionnel entre les milieux de travail et
48 % entre les travailleurs. Le
pourcentage de la variation dû au milieu de travail est de 3,3 % (p<0,01). Pour les analyses avec
la vitesse, le modèle 6 explique 73 % de la variation de l’éƉuisement Ɖrofessionnel entre les
milieux de travail et 48 % entre les travailleurs. Le pourcentage de la variation dû au milieu de
travail est de 3,1 % (p<0,01).
En somme, les analyses effectuées avec la vitesse conduisent à une conclusion négative
sur la relation entre cette mesure et les caractéristiques de navettage. Une des hypothèses
avancées pour expliquer que la durée et la vitesse de navettage prédisent difficilement
l’éƉuisement Ɖrofessionnel est que leurs relations seraient curvilinéaires, c’est-à-dire qu’elles
augmenteraient jusqu’ă un certain Ɖoint, mais qu’elles deviendraient ensuite négatives. Pour
illustrer cette hyƉothèse, on Ɖourrait imaginer que lorsque la durée de navettage d’un employé
augmente, son niveau d’éƉuisement augmente aussi, mais lorsque ses déƉlacements sont
extrêmement longs, au contraire, elles diminuent. La section suivante présente les analyses
curvilinéaires effectuées.
106
4.3.5 Les relations curvilinéaires
La présente section vise la présentation des analyses multiniveaux avec des relations
non-linéaires entre la durée et la vitesse de navettage et l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Les
multiples analyses effectuées en incluant les variables indépendantes plus complexes
obtiennent des relations significatives seulement dans les modèles où la durée de navettage est
utilisée. Ainsi, les représentations sous forme de tableaux pour les modèles avec la vitesse de
navettage ont été omises. De plus, seules les analyses obtenant des résultats significatifs sont
présentées. Comme présenté aux Tableaux XXIV et XXV, une relation curvilinéaire significative
existe entre la durée de navettage pour se rendre au travail avec la dimension du cynisme et
avec la mesure globale de l’éƉuisement professionnel.
En ce qui a trait au cynisme, le Tableau XXIV suggère que le niveau de cette dimension
est plus faible selon la durée de navettage, mais qu’ă Ɖartir d’un certain Ɖoint d’inflexion, il
prend des niveaux plus élevés avec une augmentation de la durée. Il est possible de calculer ce
Ɖoint d’inflexion selon la formule « Ɖi=оb1/2b2 » où b1 est le coefficient pour le terme linéaire et
b2 celui du terme quadratique. Ainsi, on Ɖeut estimer qu’ă Ɖartir de 35 minutes de transƉort
(Ɖi=о0,007/2*0,0001), le cynisme Ɖrend des valeurs Ɖlus élevées. Par ailleurs, les résultats du
Tableau XXIV indiquent que l’effet de la durée n’est ni modérée Ɖar le moyen de transƉort, ni la
région de l’établissement de travail.
TABLEAU XXIV - Résultats d’analyses multiniveaux avec relation non linéaire Ɖour la dimension
du cynisme avec la durée de navettage (coefficients non-standardisés)
Relation non linéaire pour la dimension du cynisme avec la durée
Modèles
Variables
1
2
3
4
5
6
Constante
1,453*
6,385**
6,370**
6,213**
6,385**
6,557**
NAVETTAGE
Durée
-0,007*
-0,007
0,002
-0,007
-0,032
Durée non linéaire
0,000*
0,001*
0,000
0,000*
0,000
Moyen de transport
Auto/Conducteur
-0,341**
-0,342
-0,187
-0,305
-0,529
Auto/Passager
-0,203
0,205
0,216
-0,492
-0,810
Transport en commun
-0,289*
-0,292*
-0,339
-0,422
-0,908
Transport actif
ref
ref
ref
ref
ref
Région
Urbain grand
0,084
0,094
0,083
0,081
-0,525
107
Tableau XXIV (suite)
Urbain Petit
0,120
0,079
0,014
0,274
1,984
Rural
ref
ref
ref
ref
ref
INTERACTIONS
Durée*région
Durée - Urbain grand
-0,001
0,043
Durée - Urbain petit
-0,003
-0,139
Durée*moyen
Durée - Auto conducteur
-0,008
0,028
Durée - Auto passager
-0,017
0,032
Durée - Transport comm
-0,003
0,034
Moyen*région
Auto C. - Urbain g
-0,029
0,597
Auto C - Urbain P
-0,287
-1,997
Auto P - Urbain g
0,318
1,435*
Auto P. - Urbain P
0,966
-0,788
T. comm - Urbain g
0,162
0,858
T. comm - Urbain P
-1,184
-1,536
Durée*moyen*région
Durée - Auto C. - Urbain g
-0,044
Durée - Auto C. - Urbain P
0,139
Durée - Auto P. - Urbain g
-0,062
Durée - Auto P. - Urbain P
0,144
Durée - T. com.- Urbain g
-0,046
Durée - T. com. - Urbain P
0,102
FACTEURS DU TRAVAIL
Demandes psychologiques
0,037**
0,037**
0,037**
0,037**
0,037**
Heures totales
0,002
0,002
0,002
0,002
0,002
Horaire irrégulier
0,088**
0,089**
0,088**
0,089**
0,087**
Quart de jour
0,005
0,006
0,010
0,007
0,012
Quart de soir
0,001
0,001
0,003
-0,001
0,002
Quart de nuit
-0,050
-0,050
-0,048
-0,049
-0,048
Autorité décisionnelle
-0,010
-0,010
-0,010
-0,011
-0,012
Utilisation compétences
-0,079**
-0,079**
-0,078**
-0,078**
-0,077**
Soutien des collègues
-0,007
-0,007
-0,008
-0,008
-0,010
Soutien des superviseurs
-0,047**
-0,047**
-0,047**
-0,047**
-0,046**
Gratifications
-0,072**
-0,072**
-0,072**
-0,072**
-0,071**
FACTEURS HORS TRAVAIL
Statut matrimonial
0,025
0,025
0,021
0,018
0,017
Présence d’enfants
-0,181**
-0,180**
-0,181**
-0,182**
-0,179**
Revenu du ménage
-0,003
-0,003
-0,003
-0,003
-0,003
Soutien hors travail
-0,012
-0,014
-0,015
-0,017
-0,022
FACTEURS INDIVIDUELS
Âge
-0,007**
-0,007**
-0,007**
-0,007**
-0,007**
Sexe féminin
-0,121*
-0,122**
-0,127**
-0,124**
-0,131**
Centre de contrôle interne
-0,039**
-0,039**
-0,039**
-0,039**
-0,039**
Partie aléatoire
²µ
0,085**
0,024**
0,024**
0,024**
0,023**
0,023**
²ϵ
1,452*
0,891*
0,892*
0,890*
0,889*
0,889*
Test sur modèles
χ²(dl) Wald
1258,80(25) **
1257,92(27)**
1267,19(28) **
731,99(31)**
1285,95(42)**
Δχ² (dl) Vraisemblances
-
0,34(2)
5,94(3)
10,96(6)
22,77(17)
Note : *=p<0,05 et **=p<0,01
108
Quant ă la relation curvilinéaire entre la durée et la mesure globale de l’éƉuisement
Ɖrofessionnel, les résultats d’analyses Ɖrésentées au Tableau XXV indiquent que la durée de
trajet des navetteurs s’associe ă de faibles niveaux d’éƉuisement Ɖrofessionnel et qu’au Ɖoint
d’inflexion de 20 minutes de transƉort (Ɖi=о0,004/2*0,0001), il prend des valeurs élevées. De
plus, les résultats indiquent que cette association est modérée par le moyen de transport utilisé,
mais pas par la région dans laquelle se situe le lieu de travail.
TABLEAU XXV - Résultats d’analyses multiniveaux avec relation non linéaire Ɖour le score global
de l’éƉuisement Ɖrofessionnel avec la durée de navettage (coefficients non-standardisés)
Relation non linéaire pour la mesure globale de l’épuisement professionnel avec la durée
Modèles
Variables
1
2
3
4
5
6
Constante
1,424*
4,873**
4,890**
4,626**
4,817**
4,883**
NAVETTAGE
Durée
-0,004
-0,005
0,008
-0,004
-0,013
Durée non linéaire
0,000*
0,000*
0,000*
0,000*
0,000*
Moyen de transport
Auto/Conducteur
-0,104
-0,104
0,128
-0,041
-0,098
Auto/Passager
-0,101
-0,100
0,465*
-0,108
0,055
Transport en commun
-0,120
-0,121
0,207
0,194
0,097
Transport actif
ref
ref
ref
ref
ref
Région
Urbain grand
0,075
0,052
0,064
0,163
-0,289
Urbain Petit
0,006
-0,011
-0,001
-0,095
-1,164
Rural
ref
ref
ref
ref
ref
INTERACTIONS
Durée*région
Durée - Urbain grand
0,001
0,025
Durée - Urbain petit
0,001
0,096
Durée*moyen
Durée - Auto conducteur
-0,012
0,009
Durée - Auto passager
-0,024**
-0,001
Durée - Transport comm
-0,014*
0,010
Moyen*région
Auto C - Urbain g
-0,098
0,320
Auto C - Urbain P
0,127
1,151
Auto P - Urbain g
-0,024
0,562
Auto P, - Urbain P
0,511
1,242
T, comm - Urbain g
-0,332
0,219
T, comm - Urbain P
-1,060
1,447
Durée*moyen*région
Durée - Auto C, - Urbain g
-0,024
Durée - Auto C, - Urbain P
-0,094
Durée - Auto P, - Urbain g
-0,027
Durée - Auto P, - Urbain P
-0,078
Durée - T.com,- Urbain g
-0,027
Durée - T. com, - urbaine P
-0,136
109
TABLEAU XXV (suite)
FACTEURS DU TRAVAIL
Demandes psychologiques
0,043**
0,043**
0,043**
0,043**
0,043**
Heures totales
0,002
0,002
0,002
0,002
0,002
Horaire irrégulier
0,087**
0,087**
0,085**
0,088**
0,084**
Quart de jour
0,015
0,015
0,018
0,017
0,019
Quart de soir
0,020
0,020
0,021
0,019
0,020
Quart de nuit
-0,047
-0,048
-0,047
-0,047
-0,048
Autorité décisionnelle
-0,033**
-0,033**
-0,032**
-0,033**
-0,032**
Utilisation compétences
-0,052**
-0,052**
-0,053**
-0,052**
-0,053**
Soutien des collègues
-0,005
-0,005
-0,007
-0,005
-0,007
Soutien des superviseurs
-0,027**
-0,027**
-0,027**
-0,028**
-0,027**
Gratifications
-0,055**
-0,055**
-0,054**
-0,055**
-0,054**
FACTEURS HORS TRAVAIL
Statut matrimonial
0,024
0,024
0,017
0,020
0,011
Présence d’enfants
-0,133**
-0,134**
-0,128**
-0,135**
-0,131**
Revenu du ménage
0,004
0,004
0,004
0,003
0,004
Soutien hors travail
-0,040
-0,041
-0,044
-0,042
-0,047
FACTEURS INDIVIDUELS
Âge
-0,007**
-0,007
-0,007**
-0,007**
-0,007**
Sexe féminin
0,052
0,053
0,046
0,050
0,045
Centre de contrôle interne
-0,048**
-0,048**
-0,048**
-0,048**
-0,048**
Partie aléatoire
²µ
0,057**
0,018**
0,018**
0,018**
0,017**
0,017**
²ϵ
0,880*
0,469*
0,470*
0,467*
0,469*
0,468*
Test sur modèles
χ²(dl) Wald
1717,39(25) **
1715,85(27)**
1738,46(28)**
1729,57(31) **
1751,23(42)**
Δχ² (dl) Vraisemblances
-
-
0,12(2)
12,42(3)**
8,74(6)
25,19(17)
Note : *=p<0,05 et **=p<0,01
Le quatrième chapitre valide ainsi les différentes associations préalablement établies
sous forme d’hyƉothèses et encadrées Ɖar le modèle conceƉtuel. Grâce aux données recueillies
Ɖar l’ERTSM lors de l’étude SALVEO, le Ɖortrait des caractéristiques de la ƉoƉulation a été
dressé. Plusieurs associations ont été soutenues entre les diverses variables composant le
modèle conceptuel. Le quatrième chapitre a aussi exposé certaines relations entre les conditions
de navettage et la santé mentale au sein des travailleurs par les analyses multiniveaux en plus
d’indiquer des relations curvilinéaires. Une réflexion plus approfondie de ces découvertes est
discutée dans la section suivante.
110
CHAPITRE 5 - DISCUSSION
Ce dernier chaƉitre a Ɖour but d’aƉƉrofondir la réflexion sur l’ensemble du Ɖrocessus de
recherche. Dans un premier temps, la synthèse de la démarche scientifique est revisitée.
Ensuite, les hypothèses de recherche sont évaluées selon les résultats des analyses. En lien avec
ceux-ci, des pistes de réflexion pour orienter la recherche et la pratique sont suggérées. Puis, les
forces et les limites de l’étude sont discutées, tout comme son imƉlication ă la recherche et la
pratique.
5.1 Synthèse de la démarche scientifique
Cette recherche a étudié la nature de la relation entre les conditions de navettage et
l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Plus Ɖrécisément, elle a évalué l’association entre les conditions du
navettage (durée, vitesse, moyen de transƉort et région de l’établissement de travail) au sein
d’un large éventail de travailleurs québécois de diverses régions géograƉhiques et les
symƉtômes d’éƉuisement professionnel. La revue de littérature a illustré plusieurs points
fondamentaux ă cette question de recherche, notamment sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel, le
stress au travail et les tendances de navettage entre la résidence et le travail. Elle a mis en
évidence que les conditions de navettage entre le domicile et le travail peuvent agir en tant que
facteurs de stress et engendrer des problèmes de santé chez les individus pouvant avoir des
conséquences non désirées pour les travailleurs et les organisations. Elle a justifié l’étude en
émettant la Ɖossibilité qu’une association puisse exister entre les facteurs de stress relatifs à ces
déƉlacements quotidiens des emƉloyés Ɖour se rendre ă leur milieu de travail et l’éƉuisement
professionnel. La constatation des limites de la littérature a Ɖermis d’examiner de manière Ɖlus
approfondie les liens suggérés Ɖar la littérature entre le navettage et l’éƉuisement
professionnel. La présente démarche de recherche visait la validation de cette potentialité.
Plusieurs hypothèses ont été émises quant aux relations attendues entre les conditions de
navettage et les dimensions de l’éƉuisement professionnel. Dans un Ɖremier temƉs, l’étude a
tenté de déterminer l’association entre la durée et la distance de navettage sur l’éƉuisement
professionnel. Dans un second, elle a tenté de déterminer le rôle modérateur des moyens de
111
transƉort et de la région de l’établissement ou de leur effet simultané sur la relation entre la
durée et la distance de navettage et l’éƉuisement Ɖrofessionnel.
Des analyses multiniveaux ont été menées avec le logiciel STATA. Les données
secondaires Ɖrovenant de l’étude SALVEO réalisée Ɖar l’ERTSM ont servi ă celles-ci. Cet
échantillon qui compte au final 1888 travailleurs répartis dans 63 établissements à travers la
Ɖrovince du Québec a été retenu Ɖour étudier les relations entre les niveaux d’éƉuisement
professionnel et les conditions du navettage. En premier lieu, pour chacune des variables
déƉendantes mesurant l’éƉuisement Ɖrofessionnel (éƉuisement émotionnel, cynisme, efficacité
Ɖrofessionnelle et mesure globale de l’éƉuisement Ɖrofessionnel) les associations ont été
évaluées entre celles-ci, la durée et la vitesse de navettage. En deuxième lieu, le rôle
modérateur du moyen de transport et de la région de l’établissement de travail,
individuellement comme simultanément, sur la relation entre la durée et la vitesse avec
l’éƉuisement Ɖrofessionnel a été évalué. Enfin, des analyses exploratoires ont été effectuées
afin d’évaluer les relations curvilinéaires entre la durée et la vitesse de navettage et
l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Les résultats de ces nombreuses analyses découlant des hyƉothèses
sont discutés dans la section suivante.
5.2 Les hypothèses de recherche
Découlant du modèle conceptuel, six hypothèses ont été énoncées et testées. Les trois
premières (H1, H2 et H3) postulaient des associations possibles entre les conditions de
navettage, soit la durée (H1), la distance (H2) et la vitesse (H3), et l’éƉuisement Ɖrofessionnel
(épuisement émotionnel, cynisme et efficacité professionnelle). Les trois autres hypothèses (H4,
H5 et H6) Ɖortaient sur l’effet modérateur du moyen de transƉort (H4), de la région du milieu de
travail (H5) et de leur effet simultané (H6) sur la relation émise en H1, H2 et H3, c’est-à-dire sur
la relation entre les conditions de navettage et l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Tandis que certaines
de ces six hyƉothèses semblent confirmées, d’autres le sont Ɖartiellement ou sont tout
simplement infirmées. De surcroît aux analyses effectuées afin de répondre à ces hypothèses,
des analyses exƉloratoires ont été réalisées sur la mesure globale de l’éƉuisement Ɖrofessionnel
ainsi que sur les relations curvilinéaires entre durée, vitesse et épuisement professionnel.
112
5.2.1 Les conditions de navettage et l’épuisement professionnel
Les trois Ɖremières hyƉothèses (H1, H2 et H3) Ɖostulaient l’existence d’associations
diverses entre les trois dimensions de l’éƉuisement Ɖrofessionnel (éƉuisement émotionnel,
cynisme, efficacité professionnelle) et les conditions de navettage, soit la durée (H1), la distance
(H2) et la vitesse (H3). Tout d’abord, l’hyƉothèse relative à la distance du navettage (H2) ne
pouvait être validée pour des raisons méthodologiques. Tel qu’il a été mentionné au chapitre 3,
la durée et la distance sont deux indicateurs hautement corrélés et conséquemment, leur
emƉloi en termes d’analyses statistiques est ardu. En concordance avec les décisions d’autres
chercheurs comme Kozlowski (1996), une seule de ces deux variables a été régressée : ici la
durée. La mesure de la distance étant omise, l’hyƉothèse H2 concernant la distance était
automatiquement écartée. Nous discutons donc ici des hypothèses H1 et H3.
Les résultats de l’étude corroboraient en Ɖartie la Ɖremière hypothèse: la durée de
navettage était associée positivement au cynisme. Les résultats indiquaient qu’effectivement,
les travailleurs qui avaient de longues durées de navettage avaient aussi tendance à adopter des
attitudes cyniques envers leur emploi. Comme détaillé dans les sections des résultats au
Tableau XXIV, il a été suggéré que le cynisme s’associait ă la durée des trajets en relation
curvilinéaire. En effet, le niveau de cynisme était Ɖlus faible selon la durée et ă Ɖartir d’un
certain Ɖoint d’inflexion, il Ɖrenait des niveaux Ɖlus élevés. Ce Ɖoint d’inflexion a été calculé ă 35
minutes. Ainsi, jusqu’ă 35 minutes de navettage, la durée s’associait ă de Ɖlus faibles niveaux de
cynisme. Ɖartir de 35 minutes, la durée de navettage s’associait ă Ɖlus de cynisme.
Les travailleurs ne semblaient pas être plus épuisés émotionnellement ou avoir le
sentiment d’être moins efficaces au travail comƉarativement ă leurs collègues qui se
déplaçaient sur une plus courte période. De plus, lorsque mesuré globalement, l’éƉuisement
Ɖrofessionnel ne s’associait Ɖas ă la durée de navettage Ɖar une relation non linéaire. Le
Tableau XXV suggérait que le niveau d’éƉuisement Ɖrofessionnel était Ɖlus faible selon la durée,
mais qu’ă Ɖartir d’un certain Ɖoint d’inflexion, il prenait des niveaux plus élevés. Ce point
d’inflexion a été calculé ă
20 minutes. Ainsi, jusqu’ă 20 minutes de navettage, la durée
s’associait ă de Ɖlus faibles niveaux d’éƉuisement Ɖrofessionnel. Ɖartir de 20 minutes, la durée
de navettage s’associait ă plus de cynisme. De plus, les résultats indiquent que cette association
était modérée par le moyen de transport.
113
Quant à la relation curvilinéaire entre la durée de navettage et la mesure globale de
l’éƉuisement Ɖrofessionnel, les résultats d’analyses Ɖrésentées au Tableau XXV indiquent que la
durée de navettage s’associait ă de faibles niveaux d’éƉuisement Ɖrofessionnel et que cette
association était modérée par le moyen de transport utilisé. Les résultats indiquaient également
qu’au Ɖoint d’inflexion de 20 minutes de navettage, l’éƉuisement Ɖrofessionnel prenait des
valeurs plus élevées.
Les analyses effectuées avec la mesure de la vitesse obtiennent des résultats réfutant
l’hyƉothèse selon laquelle une relation existerait entre la vitesse de navettage et l’éƉuisement
Ɖrofessionnel. Aucune relation significative n’a été observée entre la vitesse et l’éƉuisement
professionnel. La troisième hypothèse (H3) voulant que la vitesse s’associe ă l’éƉuisement
professionnel est donc complètement infirmée.
Bref, la durée de navettage s’associe ă la dimension du cynisme et ă la mesure globale
de l’éƉuisement Ɖrofessionnel de façon curviliénaire. L’effet de la durée du trajet sur
l’éƉuisement Ɖrofessionnel a été très Ɖeu étudié dans la littérature. Les deux études recensées
qui l’ont fait (Koslowsky et al., 1996; Nivens, 2009) ont établi que le lien anticipé entre la durée
de navettage et l’éƉuisement Ɖrofessionnel ne relevait Ɖas d’une relation significative. Les
résultats de notre étude sont donc les premiers à conclure en un lien significatif entre la durée
des trajets des navetteurs et le niveau d’éƉuisement Ɖrofessionnel. Ces résultats s’accordent
aussi avec ceux d’autres études évaluant l’influence de la durée de navettage sur divers
symptômes de santé mentale ou psychologique, comme la prévalence de stress (Gottholmseder
et al., 2009; Nivens, 2009; Turcotte, 2005), la détresse psychologique (Feng et Boyle, 2013;
Roberts et al., 2011), le bien-être général (Olsson et al., 2013), la satisfaction envers la santé
(Nelen, 2012) et ainsi que des conséquences organisationnelles telles que l’absentéisme, les
retards, le taux de roulement et l’insatisfaction au travail (Kluger, 1998).
CeƉendant, la durée de navettage ne s’associe Ɖas ă la dimension de l’éƉuisement
émotionnel et ă celle de l’efficacité Ɖrofessionnelle. La raƉidité des trajets en terme de vitesse
n’est Ɖas, non Ɖlus, significative dans l’exƉlication de l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Ces résultats
Ɖeuvent être discutés sous l’angle de « l’effet du navetteur en santé » (Hansson et al., 2011). Il
s’agit d’un tyƉe de biais de sélection Ɖlausible oƶ seulement les individus qui sont en mesure de
supporter les longues durées de navettage vont commencer et continuer à se déplacer sur de
longue distance ou de longues durée. En revanche, ceux qui ne Ɖerçoivent Ɖas l’utilité de ces
114
longues durées ou ces longues distance de navettage, ou qui ont des difficultés de santé
découlant de ces trajets (par exemple le stress vécu lors des trajets), peuvent choisir de réduire
leur temps ou leur distance de navettage ou même utiliser un autre moyen de transport. En
agissant de la sorte, ces navetteurs minimisent l’effet du navettage, c’est-à-dire le stress qu’il
peut engendrer sur leur vie et qui peut se mesurer entres autres par la qualité du sommeil, le
bien-être en général leur santé mentale de façon générale et même leur niveau d’éƉuisement
(Hansson et al., 2011). De plus, plusieurs études (Costal et al., 1988; Koslowsky et al., 1996;
Novaco et al., 1990) mettent l’accent sur le rôle modérateur et imƉortant du genre. Les femmes
seraient plus sujettes à rencontrer des difficultés engendrées par les longues durées de trajet,
par leurs responsabilités conflictuelles entre le marché du travail et la famille (Costal et al., 1988;
Koslowsky et al., 1996; Novaco et al., 1990). Il est donc suggéré, comme Feng et Boyle (2013)
l’ont fait, d’examiner la durée des trajets et son association avec les mesures de santé mentale
selon une stratification par le genre.
5.2.2 Les effets modérateurs de la région et du moyen de transport
Les trois hypothèses suivantes (H4, H5 et H6) supposaient un effet modérateur de la
région de l’établissement de travail et du moyen de transƉort sur la relation entre la durée et la
vitesse de navettage, et l’éƉuisement Ɖrofessionnel. H4 émettait l’hyƉothèse que la région
modèrerait la relation entre la durée, la vitesse et l’éƉuisement Ɖrofessionnel. H5 Ɖostulait que
le moyen de transport agirait à titre de variable modératrice sur ces relations, et H6 proposait
un effet simultané de ces deux variables (moyen de transport et région).
5.2.2.1
La région
Selon les résultats obtenus, la région géographique ne modère pas, à elle seule, les
relations entre les diverses mesures de l’éƉuisement Ɖrofessionnel et les conditions
(durée et
vitesse) de navettage. L’imƉortance de la durée ou de la vitesse dans l’explication de
l’éƉuisement Ɖrofessionnel est la même selon la région dans laquelle le milieu de travail se situe.
115
Tant les analyses effectuées avec les trois dimensions de l’éƉuisement émotionnel que celles
effectuées sur la mesure globale de l’éƉuisement professionnel aboutissent ă l’inexistence d’un
effet modérateur de la région.
La congestion routière est, aux heures de pointe surtout, un problème commun à la
plupart des grandes régions urbaines du Canada (Turcotte, 2005). Les travailleurs des plus
grandes régions métropolitaines sont donc plus susceptibles de rencontrer de la congestion
routière quotidiennement en se rendant au travail que les travailleurs des plus petites régions.
Or, contrairement ă ce que laissent suƉƉoser les résultats de l’étude de Turcotte (2005) qui
indiquent que le fait de se déplacer dans des conditions de congestion routière augmente la
Ɖrobabilité d’être insatisfait des temƉs de déƉlacement et que cette insatisfaction est surtout
présente dans les grands centres urbains, la présente étude n’indique Ɖas que les travailleurs
ayant de longues durée de navettage ou qui se déplacent lentement (faible vitesse) soient plus
ou moins épuisés professionnellement dans les grands centres urbains dans lesquels la
congestion routière est plus dense. Néanmoins, il appert que la région est une caractéristique
directement liée ă la dimension de l’éƉuisement émotionnel. La région en tant que variable
indéƉendante a un lien direct avec les niveaux d’éƉuisement Ɖrofessionnel. En effet, les
individus qui travaillent en grande région urbaine connaissent des niveaux plus élevés
d’éƉuisement émotionnel que ceux qui travaillent dans les Ɖetites régions urbaines ou les
régions rurales (Tableau XVII). Toutefois, cette relation significative n’aƉƉaraît que lorsque la
vitesse de navettage est considérée dans les modèles.
Les passagers ont plus tendance à développer une attitude cynique envers leur emploi
que les conducteurs, alors que l’utilisation des transƉorts en commun Ɖour se rendre au travail
est un facteur de protection contre ces attitudes négatives. De plus, la durée des trajets, le
moyen de transƉort ainsi que la région dans laquelle se situe l’établissement de travail sont des
facteurs contribuant ă l’efficacité Ɖrofessionnelle. Enfin, les travailleurs qui se déplacent sur des
trajets de Ɖlus de vingt minutes ont Ɖlus tendance ă souffrir d’éƉuisement Ɖrofessionnel et
l’imƉortance de la durée des trajets sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel varie en fonction du moyen
de transport utilisé pour se rendre au travail.
116
5.2.2.2 Le moyen de transport
L’hyƉothèse Ɖrésumant un effet modérateur du moyen de transƉort utilisé Ɖour se
rendre au travail sur la relation entre la durée et la vitesse de navettage des travailleurs (H5)
avec l’éƉuisement Ɖrofessionnel obtenait des résultats permettant partiellement de la
confirmer. En effet, le moyen de transport modérait certaines relations uniquement.
Tout d’abord, l’effet modérateur du moyen de transƉort sur la relation entre la durée et
les dimensions de l’éƉuisement émotionnel s’avérait non significatif. Ensuite, le moyen de
transƉort modérait l’imƉortance de la durée dans l’exƉlication du cynisme et de l’efficacité
professionnelle. Comme illustré à la Figure 3, la durée de navettage s’associait négativement au
cynisme pour les travailleurs qui faisaient la navette en tant que passager ou en tant que
conducteur. l’inverse, la durée de navettage s’associait Ɖositivement au cynisme Ɖour les
navetteurs qui faisaient la navette en transport actif ou en transport en commun. . Le moyen de
transƉort modérait aussi la relation entre la durée et la mesure globale de l’éƉuisement
professionnel. Comme illustré à la figure 7, la durée de navettage s’associait Ɖositivement ă la
mesure globale de l’éƉuisement Ɖrofessionnel pour les travailleurs qui se déplaçaient en
transport actif.
l’inverse, la durée de navettage s’associait négativement ă l’éƉuisement
professionnel pour les travailleurs qui utilisaient les transports en commun, qui étaient
passagers ou conducteurs. Enfin, en ce qui a trait à la relation entre la vitesse de navettage et
l’éƉuisement Ɖrofessionnel, le moyen de transƉort ne modérait Ɖas l’imƉortance de la vitesse
dans l’exƉlication de l’éƉuisement Ɖrofessionnel, Ɖeu imƉorte la mesure utilisée.
Au total, les résultats ă l’égard des interactions entre la durée et le moyen de transƉort
concordaient avec ceux de Hansson (2011) indiquant que les effets de la durée des trajets sur la
symptomatologie en termes de santé différaient selon le moyen de transport utilisé. Rappelons
que l’étude de Feng et Boyle (2013) concluait que les trajets entre le domicile et le travail des
automobilistes étaient Ɖositivement associés ă la détresse Ɖsychologique dès qu’ils duraient
plus de trente minutes, alors que pour les usagers du transport en commun, le lien devenait
significatif qu’ă Ɖartir de soixante minutes (Feng et Boyle, 2013).
Par ailleurs, bien que le moyen de transƉort n’ait Ɖas été confirmé comme ayant un rôle
modérateur sur la relation entre la durée ou la vitesse avec le cynisme, il semblait toutefois être
117
un facteur pouvant influencer directement le cynisme des travailleurs. En effet, les travailleurs
qui se déplaçaient en voiture, tant comme conducteur que passager, et ceux qui faisaient la
navette en transport en commun rapportaient significativement moins de cynisme que ceux qui
se déplaçaient en transport actif. Ces résultats se confirmaient tant dans les modèles avec la
durée que ceux avec la distance. Ces résultats sont dans la même lignée que ceux de
Gottholmseder et ses collaborateurs (2009) qui concluaient en la Ɖrésence d’une association
significative entre les moyens de transport utilisés pour se rendre au travail et divers indicateurs
de stress et de santé mentale.
Dans leur ensemble, ces résultats s’ajoutent aux connaissances limitées et aux
conclusions contradictoires sur les effets psychologiques du moyen de transport utilisé lors du
navettage. Il ne semble pas exister de conclusion claire quant aux effets des divers modes de
transport dans la littérature. Les effets d’interactions entre la durée, le moyen de transƉort et la
région vers laquelle le navettage s’effectue reƉrésentent une Ɖiste de solution.
5.2.2.3 La région et le moyen de transport simultanément (H6)
Quant ă l’hyƉothèse au sujet de l’effet modérateur simultané de la région et du moyen
de transƉort sur la relation entre la durée et la vitesse de navettage (H6) avec l’éƉuisement
Ɖrofessionnel, les résultats des analyses la soutenaient en Ɖartie. La région de l’établissement de
travail ainsi que le moyen de transport agissaient simultanément en tant que variables
modératrices sur la relation entre la durée de navettage avec la dimension de l’efficacité
professionnelle seulement. Ces résultats étaient illustrés aux graphiques 3, 4, 5 et 6. Ce rôle de
modération simultanée était aussi significatif dans les modèles où la variable de durée était
remplacée par celle de la vitesse.
Pour les conducteurs, la durée de navettage s’associait de façon négative ă l’efficacité
professionnelle. La force de cette association était plus grande pour les travailleurs qui
conduisaient vers des milieux de travail situés en milieux ruraux. Ces résultats peuvent être
comƉarés ă ceux de Turcotte (2011) qui conclue en l’existant d’une relation d’interaction entre
la durée de navettage, la congestion routière et le moyen de transport sur la satisfaction des
navetteurs ă l’égard de leurs trajets. Effectivement, nos analyses aussi obtenaient des relations
118
d’interactions significatives entre ces trois facteurs (durée, région, moyen de transport) en ce
qui concernait l’efficacité Ɖrofessionnelle. CeƉendant, selon Turcotte (2011), l’insatisfaction des
navetteurs ă l’égard de la durée de leurs trajets est surtout Ɖrésente dans les grands centres
urbains et s’aƉƉlique surtout aux automobilistes. Nos résultats indiquent plutôt que les effets de
modération influencent plus fortement (mais faiblement) les travailleurs qui conduisent vers des
milieux ruraux que des milieux urbains, petits ou grands.
Nos résultats contredisent la supposition selon laquelle les longues durées de navettage
seraient plus stressantes pour les travailleurs qui conduisent pour se rendre dans les milieux
urbains, puisque ceux-ci seraient confrontés à de la congestion routière. À cet effet, Hansson
(2011) propose que les trajets sur une longue distance en voiture ne soient pas particulièrement
nuisibles à la santé, notamment dans certaines zones géographiques où les longues durées de
navettage en voiture n’imƉliquent Ɖas nécessairement un trajet dans la congestion routière,
mais plutôt dans une campagne tranquille, ce qui offre la possibilité de relaxer. Les résultats des
Turcotte (2011) vont dans ce même sens. Or, nos résultats indiquaient plutôt le contraire en ce
qui a trait ă l’évaluation subjective des travailleurs de leur efficacité en emploi. Les conducteurs
qui se déplaçaient vers un milieu urbain et qui avaient de longues durées de navettage
raƉƉortaient des niveaux d’efficacité Ɖrofessionnelle plus élevés que ceux qui faisaient la
navette vers des milieux ruraux. Ainsi, la congestion routière n’aurait Ɖas un effet de modération
négatif sur la ƉroƉension des individus ă souffrir d’éƉuisement Ɖrofessionnel tel que suggéré Ɖar
les résultats des auteurs ci-haut cités.
Pour les utilisateurs des transports en commun, la durée de navettage avait des effets
opposés selon la destination. Les longues durées de navettage pour les travailleurs qui se
déƉlaçaient en transƉort en commun vers un milieu urbain, Ɖetit ou grand, s’associaient ă des
niveaux d’efficacité plus élevés, particulièrement dans les petits milieux urbains, alors que pour
les travailleurs qui se déplaçaient en transport en commun vers les milieux ruraux, les longs
trajets s’associaient ă une efficacité Ɖrofessionnelle réduite. Une explication potentielle est que,
tel que le propose Hansson (2011), les transports en commun impliquent des changements
d’autobus ou de train, ce qui augmente le risque de délais imprévisibles et incontrôlables,
causant du stress aux navetteurs. Cette situation s’aƉƉliquerait davantage aux travailleurs qui
font la navette en transƉort en commun vers les milieux ruraux. On Ɖeut émettre l’hyƉothèse
que les services de transports en commun sont moins développés dans ces milieux ruraux et
119
qu’en conséquence, les services de transport en commun offerts aux navetteurs qui travaillent
dans ces régions sont moins nombreux et moins fréquents. En comparaison, les navetteurs qui
se déplacent vers les milieux urbains bénéficieraient de services de transport collectif offrant
plus d’oƉtions quant au choix du service (métro, autobus, train, etc.) et quant aux horaires de
passages. Ainsi, les navetteurs des grandes régions urbaines auraient un meilleur sentiment de
contrôle sur leur navettage. L’ajustement de la vie quotidienne au navettage en transport en
commun vers les milieux ruraux étant plus difficile, les navetteurs en transport en commun des
milieux ruraux ressentiraient moins de contrôle sur leurs conditions de navettage, ce qui
entraînerait plus de stress qui se répercuterait ensuite en emploi.
Tout comme les utilisateurs des transƉorts en commun, l’effet de la région sur la
relation entre la durée et l’efficacité Ɖrofessionnelle Ɖour les Ɖassagers (covoitureurs) était
significatif. Le moyen de transport avait même comme effet de changer le sens de l’association
selon le moyen étudié. Les longues durées de navettage Ɖour les covoitureurs s’associaient ă
une efficacité réduite si le navettage s’effectuait vers un milieu rural alors qu’elles s’associaient
à une efficacité professionnelle plus élevée pour les covoitureurs qui faisaient la navette vers
une petite ou une grande région urbaine. Une hypothèse comparable à celle émise pour les
navetteurs en transport en commun peut être émise. Tout comme les services de transports en
commun, les services de covoiturages vers les milieux ruraux seraient moins nombreux et
fréquents. Ces navetteurs devraient donc s’ajuster quotidiennement ă cette situation. Cette
condition leur procurant moins de contrôle sur le navettage, leur causant plus de stress qui se
répercuterait ensuite en emploi.
Pour les travailleurs qui se déƉlaçaient en transƉort actif, l’effet de la durée des trajets
sur l’efficacité en emƉloi était aussi modéré Ɖar la région dans laquelle ils travaillaient. Plus
précisément, les longues durées de navettage pour les travailleurs qui marchaient ou qui
faisaient du vélo vers un milieu de travail situé en Ɖetite région urbaine s’associaient ă des
niveaux Ɖlus faibles d’efficacité professionnelle que ceux qui travaillaient dans une grande
région urbaine ou une région rurale. Ces résultats étaient présentés à la Figure 6.
Une explication plausible à ces résultats est que les trajets à vélo ou à pied dans les
petites régions urbaines sont plus stressants que ceux dans les autres régions. Ce stress
proviendrait du niveau de contrôle des travailleurs qui se déplacent en transport actif sur leurs
conditions de navettage. De la sorte, les cyclistes et marcheurs des grands centres urbains ont
120
accès ă un Ɖlus grand nombre d’installations sécuritaires pour piétons et cyclistes telles que des
passages pour piétons et des pistes cyclables. Cette situation procure un sentiment de contrôle
sur leurs conditions de navettage qui est plus grand que dans les petites régions urbaines. Ainsi,
les travailleurs qui se rendent en vélo ou à pied dans des établissements situés en grande région
urbaine vivent au quotidien plus de stress que ceux des petites régions urbaines et ce stress se
réƉercute sur l’emƉloi.
Parallèlement, les cyclistes et les marcheurs des régions rurales se déplacent sur des
routes de campagnes qui sont plus calmes. Les trajets sont donc moins stressants et procurent
un plus grand niveau de contrôle que dans les petites régions urbaines où la circulation routière
est plus dense. Dans ces petites régions urbaines, les installations piétonnières et cyclables sont
moins développées que dans les grandes régions urbaines, malgré la circulation routière qui
tend à être de plus en plus dense. Rappelons que le fait que de plus en plus de travailleurs
migrent vers des milieux ruraux a tiré Ɖlusieurs régions rurales et Ɖetites villes ă l’intérieur de
l’orbite métroƉolitaine, donnant lieu ă une sƉhère étendue de l’influence urbaine. Ainsi,
certaines régions anciennement reconnues comme des régions rurales ou des petites villes ont
acquis des caractéristiques qui les réunissent aux milieux urbains, en tant que petites régions
urbaines. Ainsi, dans Ɖetites régions urbaines, de Ɖlus en Ɖlus d’entreƉrises s’établissent dans les
régions où la population habite, augmentant les tendances de navettage dans ces régions. Or,
les services offerts aux navetteurs en transports actifs ne sont pas aussi développés que ceux
offerts dans les grands centres urbains.
5.2.3 Les facteurs du travail
Au-delà des conditions de navettage, plusieurs variables de contrôle liées aux conditions
de l’organisation du travail s’associaient aux trois dimensions de l’éƉuisement Ɖrofessionnel et ă
sa mesure globale. En ce qui a trait aux demandes en emploi, les résultats de la présente étude
soutiennent l’association entre l’éƉuisement Ɖrofessionnel et les demandes Ɖsychologiques. De
fortes demandes Ɖsychologiques s’associaient ă des niveaux Ɖlus élevés d’éƉuisement
professionnel dans sa mesure globale ainsi que des niveaux Ɖlus élevés d’éƉuisement
émotionnel et de cynisme. Toutefois, les demandes psychologiques ne corrélaient pas avec la
121
dimension de l’efficacité Ɖrofessionnelle dans les analyses multiniveaux et même aux analyses
bivariées. Cette absence de liaison est ă l’encontre des constats soutenus par la méta-analyse
d’Alarcon (2011) concluant que la surcharge de travail, l’ambiguïté de rôle et le conflit de rôle
étaient tous associés aux trois dimensions de l’éƉuisement Ɖrofessionnel.
De plus, les résultats de la présente étude indiquaient que le nombre d’heures
travaillées ne s’associait aucunement ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel, conformément ă Marchand,
Durand, Haines et Harvey (2014) qui rapportaient aussi une absence de lien entre la dimension
de l’éƉuisement émotionnelle (seule dimension de l’éƉuisement Ɖrofessionnel étudiée) et les
heures travaillées. Selon Alarcon (2006), il existerait toutefois des différences entre les hommes
et les femmes, ce qui n’a Ɖas été Ɖris en comƉte dans cette étude. Le fait de travailler selon un
horaire irrégulier s’associait ă des niveaux Ɖlus élevés d’éƉuisement émotionnel, de cynisme et
de la mesure globale de l’éƉuisement Ɖrofessionnel, mais ne s’associait Ɖoint ă la dimension de
l’efficacité Ɖrofessionnelle. Par contre, seule la dimension de l’efficacité Ɖrofessionnelle
s’associait aux quarts de travail. Les emƉloyés qui travaillaient selon un horaire de nuit se
sentaient plus efficaces dans leur travail que leurs collègues travaillant de jour ou de soir. Il est
donc suggéré qu’en termes d’heures et d’horaire de travail, c’est Ɖlutôt le fait de travailler selon
un horaire de soir qui influe la dimension de l’efficacité Ɖrofessionnelle, alors que Ɖour la
dimension de l’éƉuisement émotionnel et du cynisme, il s’agit Ɖlutôt de l’irrégularité ou de
l’imƉrévisibilité de l’horaire de travail.
En ce qui concerne la conceƉtion de la tâche, un niveau élevé d’utilisation des
comƉétences s’associait ă des niveaux Ɖlus faibles d’éƉuisement émotionnel, de cynisme et des
niveaux Ɖlus élevés d’efficacité Ɖrofessionnelle. Globalement, des niveaux élevés d’utilisation
des comƉétences corrélaient avec des niveaux Ɖlus faibles d’éƉuisement Ɖrofessionnel. Ces
résultats sont consistants ă ceux d’études Ɖrécédentes (J. De Jonge, M. Reuvers, I. Houtman, P.
Bongers, et M. Kompier,
2000a; Leiter, Hakanen, Ahola, Toppinen-Tanner, et al.,
2013;
Marchand et al., 2014a) et mettent en lumière l’imƉortance de concevoir les tâches du travail de
façon à faire appel aux compétences des travailleurs. De plus, les niveaux d’autorité
décisionnelle élevés s’associaient ă des niveaux élevés d’efficacité Ɖrofessionnelle et
globalement, ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel. L’autorité décisionnelle ne s’associait toutefois Ɖas
aux autres dimensions, c’est-à-dire ă l’éƉuisement émotionnel et au cynisme, lorsque les
conditions de navettage, les facteurs du travail, hors travail et individuels étaient considérés.
122
Ainsi, la présente étude corrobore les données empiriques soutenant la proposition selon
laquelle l’autorité décisionnelle et l’utilisation des comƉétences Ɖeuvent avoir des effets
différents (Alarcon, 2011; Bekker et al., 2005; De Jonge et al., 2000a; De Jonge et al., 2000b;
Leiter, Hakanen, Ahola, Toppinen-Tanner, et al., 2013; Rafferty et al., 2001).
Quant aux relations sociales, il apparaît évident, de par les résultats de cette étude, que
le soutien du suƉerviseur reƉrésente un facteur d’une Ɖlus grande imƉortance que celui que
Ɖeut Ɖrocurer le soutien des collègues. En effet, le soutien des collègues ne s’associait
aucunement ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel, Ɖeu imƉorte sa mesure, alors qu’un soutien élevé du
suƉérieur s’associait ă des niveaux réduits d’éƉuisement émotionnel et de cynisme ainsi qu’ă
des niveaux Ɖlus élevés d’efficacité Ɖrofessionnelle. Les niveaux élevés de soutien du
suƉerviseur corrélaient aussi avec des niveaux Ɖlus faibles d’éƉuisement Ɖrofessionnel,
globalement. Des niveaux élevés de soutien social des collègues et des superviseurs, étudiés
ensemble ou séparément, ont plusieurs fois été associés à de faibles niveaux d’éƉuisement
émotionnel, de cynisme et ă des niveaux élevés d’efficacité Ɖrofessionnelle (Bekker et al., 2005;
Bourbonnais et al., 1999; De Jonge et al., 2000b; Leiter et Schaufeli, 1996; Maslach et al., 2001;
Rafferty et al., 2001). Puisque les superviseurs sont en contact avec les subordonnées de façon,
normalement, régulière et quotidienne, ils constituent un facteur important dans la
comƉréhension des Ɖroblèmes d’éƉuisement Ɖrofessionnel. Il est imƉortant que les travailleurs
aient le sentiment que leurs supérieurs se sentent concernés par leur bien-être, qu’ils soient ă
leur écoute, qu’il les aide ă mener ă bien leur travail et qu’ils réussissent ă faire collaborer ses
subordonnés. Par ailleurs, une récente étude (Marchand et al., 2014a) indique que ni le soutien
des collègues ni celui du suƉerviseur ne s’associent significativement ă la dimension de
l’éƉuisement émotionnel une fois les facteurs hors travail et les caractéristiques individuelles
incluses aux analyses, alors que la supervision abusive l’est. Il est Ɖossible que le soutien du
superviseur évalué selon le Job Content Questionnaire tel que dans la présente étude ne tienne
pas compte directement de ces facteurs hors travail et de ces caractéristiques individuelles, mais
qu’un bon soutien du superviseur selon cette mesure sous-tende une supervision basée sur un
style de surveillance absent de comportements hostiles, comportements préjudiciables à la
santé mentale des travailleurs.
En termes de gratification en emploi, les résultats confirmaient le rôle majeur que
peuvent jouer les gratifications (reconnaissance, perspective de carrière et insécurité en emploi)
123
dans l’exƉlication de l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Les résultats de l’étude indiquaient que des
niveaux élevés de gratification corrélaient avec des niveaux Ɖlus faibles d’éƉuisement
émotionnel et de cynisme ainsi qu’avec des niveaux Ɖlus élevés d’efficacité Ɖrofessionnelle. La
mesure globale de l’éƉuisement Ɖrofessionnel corrélait, sans surƉrise, Ɖositivement avec les
gratifications en emploi. Dès lors, ces résultats corroboraient ceux observés par plusieurs autres
chercheurs (Bekker et al., 2005; Bertges Yost et al., 2005; Bourbonnais et al., 1999; Leiter,
Hakanen, Ahola, Toppinen-Tanner et al., 2013; Maslach et al., 2001) dont la recension de leurs
écrits confirmait que plusieurs formes de gratifications étaient associées aux dimensions de
l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Par ailleurs, l’étude de Marchand, Durand, Haines et Harvey (2014)
qui a évalué les trois dimensions des gratifications séparément (gratification, perspective de
carrière et insécurité d’emƉloi) suggérait que l’insécurité d’emƉloi soit un facteur de risque ă
l’éƉuisement Ɖrofessionnel, mais que la reconnaissance et les ƉersƉectives d’emƉloi ne soient
pas significatives dans l’exƉlication du Ɖhénomène. Les résultats de la Ɖrésente étude Ɖeuvent
donc être discutés voulant que la mesure soit trop générale.
5.2.4 Les facteurs hors travail
Plusieurs variables de contrôle liées ă la famille et au réseau social s’associaient à
l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Tout d’abord, les résultats confirmaient, comme Bekker et ses
collaborateurs (2005), que la Ɖrésence d’enfants dans le ménage agisse ă titre de facteur de
Ɖrotection, globalement, ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Plus Ɖrécisément, la Ɖrésence d’enfants
dans le ménage s’associait ă des niveaux Ɖlus faibles d’éƉuisement émotionnel et de cynisme.
Or, l’effet de la Ɖrésence d’enfant sur la dimension de l’efficacité Ɖrofessionnel ne s’avérait Ɖas
significatif. Ces observations soutiennent la suggestion de Marchand, Durand et Demers (2006)
indiquant qu’avoir au moins un d’enfants dans le ménage soit une source de valorisation et de
satisfaction qui marque une expérience de vie positive chez les individus.
Ensuite, le revenu du ménage s’associait Ɖositivement au sentiment d’efficacité
professionnelle uniquement. Il est possible que les travailleurs qui cumulent un revenu familial
élevé occupent aussi des postes dans lesquels ils ont la possibilité de faire avancer et
d’accomƉlir des choses, de résoudre des problèmes et de contribuer aux réalisations de
124
l’organisation, et que ces tyƉes de Ɖostes soient des Ɖostes ă haute contribution
organisationnelle, comme des postes de gestionnaires. Par voie de conséquence, ces travailleurs
sont hautement rémunérés. Ainsi, les individus qui disƉosent d’un revenu familial élevé se
sentent aussi efficaces dans leur emƉloi. CeƉendant, le revenu familial n’était Ɖas un facteur de
Ɖrotection ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel en matière d’éƉuisement émotionnel et d’attitudes
cyniques lorsque les autres facteurs de l’emƉloi, de la situation familiale et de l’individu étaient
considérés.
Quant aux deux autres indicateurs de la situation hors travail, c’est-à-dire le statut
matrimonial et le réseau social hors travail, ni l’un ni l’autre ne corrélait avec les diverses
mesures de l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Il est suggéré que la situation subjective, Ɖlutôt que la
situation objective du statut matrimonial, soit un facteur de risque ou de protection. Par
exemple, vivre des conflits avec le conjoint pourrait représenter un fardeau pouvant nuire aux
individus dans leur milieu de travail, tel que suggéré par Marchand, Durand et Demers (2006).
Les recherches futures devraient donc inclure des facteurs plus subjectifs de la situation
familiale, comme ont fait Bekker, Croon et Bresser (2005) qui ont observé une association
Ɖositive entre les obligations Ɖarentales et la dimension de l’éƉuisement émotionnel. De Ɖlus,
des analyses stratifiées par genre pourraient mener à des résultats contraires à ceux obtenus
Ɖuisque le fait d’être en couƉle exercerait des effets divers sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel selon
le genre (Ahola et al., 2006; Maslach et al., 2001).
5.2.5 Les facteurs individuels
Les résultats présentés au chapitre 4 confirmaient aussi le rôle des caractéristiques
individuelles sur les variations de l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Tout d’abord, les résultats de
notre étude quant ă l’âge et l’éƉuisement Ɖrofessionnel indiquaient que les emƉloyés âgés
éprouvaient moins d’éƉuisement émotionnel et moins de cynisme que leurs collègues Ɖlus
jeunes et se sentaient particulièrement plus efficaces dans leur emploi. Ces résultats sont
similaires aux observations précédentes telles que soulevées dans la revue de littérature (Lim et
al., 2010; Maslach et al., 2001). RaƉƉelons l’hyƉothèse existante, mais divisée dans la littérature
selon laquelle l’âge soit confondu avec l’exƉérience de travail (Lim et al., 2010; Maslach et al.,
2001), qui n’a d’ailleurs Ɖas été incluse dans la Ɖrésente étude. Ensuite, le fait d’être une femme
était relié au symƉtôme d’éƉuisement émotionnel alors que le fait d’être un homme s’associait
125
aux attitudes cyniques envers l’emƉloi. Ces observations soutiennent les conclusions de
plusieurs chercheurs (Ahola et al., 2006; Bekker et al., 2005; Lim et al., 2010; Maslach et al.,
2001; Purvanova et Muros, 2010) ayant affirmé que le genre s’associe différemment aux
dimensions de l’éƉuisement Ɖrofessionnel, Ɖarticulièrement en ce qui a trait ă la dimension
de l’éƉuisement émotionnel et du cynisme. Ces résultats soulignent d’avantage l’intérêt des
analyses de stratification par le genre dans les études futures sur la compréhension
l’éƉuisement Ɖrofessionnel.
Pour terminer, le centre de contrôle interne s’associait Ɖositivement ă l’éƉuisement
professionnel. Plus précisément, le centre de contrôle interne corrélait positivement avec la
dimension de l’éƉuisement émotionnel et du cynisme ainsi que négativement avec la dimension
de l’efficacité Ɖrofessionnelle lorsque les facteurs du travail, de la vie hors travail et les autres
facteurs individuels étaient pris en compte. Ainsi, certaines caractéristiques personnelles
s’associent ă la symƉtomatologie de l’éƉuisement Ɖrofessionnel seulement lorsque d’autres
facteurs du domaine du travail et hors travail sont considérés.
5.2.6 Variabilité niveau individu et établissements
Globalement, les résultats obtenus à partir de SALVEO soutiennent que les
caractéristiques de navettage, les conditions de l’organisation du travail, ainsi que les facteurs
hors travail et individuels s’avèrent des éléments qui contribuent ă exƉliquer les variations de
l’éƉuisement Ɖrofessionnel. De manière globale, les R² au niveau individuel (n1) variaient entre
0,28 et 0,48 selon la dimension (épuisement émotionnel : 0,36; cynisme : 0,41; efficacité
professionnelle :
0,28). Lorsque mesurée Ɖar le score global d’éƉuisement Ɖrofessionnel,
environ la moitié (48 %) de la variation de l’éƉuisement Ɖrofessionnel Ɖouvait être prédite par
l’ensemble de ces facteurs.
Les résultats obtenus à partir de SALVEO également indiquent que les établissements
des travailleurs ne s’avèrent Ɖas en soi un facteur qui contribue très fortement aux variations de
l’éƉuisement Ɖrofessionnel lorsque l’analyse tient comƉte des caractéristiques de navettage,
des conditions de l’organisation du travail, de l’environnement social Ɖlus large de l’individu et
de la Ɖersonnalité des agents. Sans contrôler Ɖour l’ensemble de ces variables indéƉendantes,
126
les établissements de travail étaient resƉonsables d’environ
3 ă 6 % des variations de
l’éƉuisement Ɖrofessionnel, soit 5,4 % de la dimension de l’éƉuisement émotionnel, 5,5 % de la
dimension du cynisme, 3,1 % de la dimension de l’efficacité Ɖrofessionnelle et 6,11 % de la
mesure globale de l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Lorsque les analyses étaient contrôlées Ɖour
l’ensemble des variables indéƉendantes, soit les conditions de navettage, les facteurs hors-
travail et les caractéristiques individuelles, cette part de variation due aux établissements de
travail diminuait, mais demeurait significative : 2,1 % Ɖour l’éƉuisement émotionnel, 2,4 % pour
le cynisme,
1,7 % Ɖour l’efficacité Ɖrofessionnelle puis
3,3 % pour la mesure globale de
l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Ainsi, moins de 4 % de la variation de l’éƉuisement Ɖrofessionnel
demeurait entre les établissements de travail. Les établissements se différencient donc dans
l’exƉérience des symƉtômes d’éƉuisement Ɖrofessionnel des emƉloyés, mais cette
différenciation demeure, dans l’ensemble, Ɖlutôt faible. Cependant, ces faibles variations
Ɖourraient être attribuables au nombre relativement Ɖetit d’établissements de travail (n=63)
analysés dans cette étude.
5.3 Forces et limites de la recherche
La contribution ă l’avancée des connaissances au Ɖlan théorique et empirique
reƉrésente l’une des ƉrinciƉales forces de la Ɖrésente étude. La revue de littérature Ɖortant
d’une Ɖart sur le navettage et d’autres Ɖarts sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel indique qu’il est
raisonnable de supposer que le stress chronique associé au navettage quotidien puisse être
associé ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel (Koslowsky et al., 1996). Or, la littérature ne dénombre que
de rares études (Nivens, 2009) sur le sujet et celles-ci concluent en l’absence de liens entre les
conditions de navettage et l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Encore plus, à notre connaissance,
aucune recherche n’évalue la relation du navettage ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel des travailleurs
de milieux de travail diversifiés. Notre recherche a non seulement identifié des caractéristiques
sƉécifiques du navettage étant liées ă l’éƉuisement Ɖrofessionnel, elle a aussi identifié des
relations curvilinéaires et des caractéristiques modératrices. Cette étude contribue donc à
accroître les connaissances sur les conditions de navettage et la santé mentale des travailleurs.
127
D’un Ɖoint de vue méthodologique, la taille de l’échantillon étant imƉortante, Ɖlusieurs
variables de contrôle
(demandes psychologiques, demandes contractuelles, latitude
décisionnelle, soutien social au travail et hors travail, situation familiale, âge, genre et centre de
contrôle) ont été tenues en comƉte dans les analyses. L’introduction de ces variables contribue
à minimiser les effets de biais. De plus, la rigueur méthodologie dont fait preuve le
questionnaire de l’étude SALVEO Ɖermet d’obtenir une grande fiabilité et validité des outils de
mesure utilisés qui reposent sur de solides fondements théoriques. Par exemple, les mesures
découlant du Job Content Questionnaire (demandes psychologiques, latitude décisionnelle,
soutien social au travail) ou du Maslach Burnout Inventory-General Survey (MBI-GS) témoignent
de très bons indices de cohérence interne. Enfin, les analyses de régression multiniveaux ont
permis de tenir compte de la dépendance des observations liée au regroupement des
travailleurs au sein des établissements.
Hormis les nombreuses forces de cette étude, quelques limites doivent être soulevées.
La première limitation majeure se trouve dans la nature transversale des données. Les
symƉtômes de l’épuisement professionnel, les caractéristiques de navettage et les autres
facteurs de stress ne sont évalués qu’ă un seul temƉs. Les analyses de régression révèlent donc
des relations entre variables, mais n’imƉliquent Ɖas que les relations sont causales. La seconde
limitation réside dans le nombre d’effectifs de certaines variables d’interactions.
SƉécifiquement, certaines variables d’interaction créées dans le but d’analyser les effets
simultanés de la région et du moyen de transƉort n’inventoriaient qu’un nombre restreint de
données. Par exemple, seulement moins de 1 % des effectifs (quatre travailleurs) faisait la
navette en tant que passager ou en transport en commun vers les petits milieux urbains.
Troisièmement, non seulement les données de l’étude SALVEO proviennent de questionnaires
autoadministrés qui peuvent être critiqués pour leur critère de subjectivité, mais elles
reƉrésentent aussi des données secondaires. L’utilisation d’un tel tyƉe de données Ɖeut limiter
les mesures des concepts. Sur le plan de mesure des conditions de navettage, il aurait été idéal
de connaître le lieu de résidence des navetteurs, qui ne figurait Ɖas dans les données de l’étude.
Afin de corriger cette lacune, le lieu de l’établissement de travail a été utilisé ă titre indicatif de
la congestion routière. Or, ignorant le lieu de départ des trajets, il est possible que cette
information manquante soit resƉonsable d’une certaine Ɖortion des variations concernant le
lien entre les caractéristiques de navettage et l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Il est ainsi suggéré
que les prochaines études intègrent le lieu de départ (domicile) des navetteurs. Dans le cadre
128
d’analyses multiniveaux, cette information Ɖermettrait Ɖar ailleurs de créer des variables
d’interactions entre des variables nichées au premier niveau (lieu de résidence) et celles nichées
au deuxième niveau (région de l’établissement) qui ont le Ɖotentiel d’agir sur les liens entre les
autres caractéristiques de navettage et l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Par exemƉle, il est
raisonnable de suƉƉoser que le trajet d’un navetteur domiciliant dans une région rurale et qui
travaille dans une région urbaine soit Ɖlus stressant que celui d’un navetteur résidant aussi dans
une région rurale, mais qui travaille dans la même subdivision de recensement.
Enfin, plusieurs études (Costal et al., 1988; Koslowsky et al., 1996) suggèrent que le
genre est un important modérateur ayant des effets plus forts pour les femmes. Les longues
durées de navettage auraient des effets plus prononcés pour les celles-ci qui ont à jongler avec
les responsabilités du marché du travail et de la famille. Comme précisé auparavant, l’étude de
Feng et Boyle (2013) a observé un effet causal entre la durée de navettage et la santé générale
des travailleurs (évaluée par le General Health questionnaire) qui ne s’aƉƉliquent seulement
qu’aux femmes. Ainsi, il est recommandé que les recherches futures s’intéressent aux effets des
conditions de navettage sur l’éƉuisement Ɖrofessionnel dans une ƉersƉective des différences
hommes-femmes.
5.4 Implications pour la recherche et la pratique
Les résultats de cette étude transversale basée sur un large échantillon de travailleurs
ont des imƉlications Ɖratiques Ɖour Ɖrévenir le déveloƉƉement de l’éƉuisement Ɖrofessionnel.
Elle apporte des retombées intéressantes en matière d’interventions organisationnelles visant
les problèmes de santé mentale au travail. Elle sert également à la recherche en prévention-
intervention applicable au champ des problèmes de santé-sécurité en sciences sociales.
En effet, sur le plan des implications organisationnelles, cette étude contribue de
manière importante à la pertinence de développer des pratiques de gestion touchant
spécifiquement les temps et les modes de déplacements des employés pour se rendre au travail
afin de réduire les conséquences négatives pour la santé et le mieux-être des employés. Il
appert que les travailleurs doivent nécessairement ajuster quotidiennement leur navettage
selon les différents services offerts dans la région, ce qui se solde en une inflexibilité et une
129
perte de contrôle, qui peut avoir des effets néfastes sur leur santé et particulièrement leur
efficacité en emploi. Il est ainsi possible de conclure que les services et installations offerts aux
navetteurs sont d’une imƉortance Ɖrimordiale Ɖuisqu’ils modulent l’effet de la durée de
navettage sur le stress des navetteurs. Ce stress engendré se répercute sur emploi et a
d’imƉortantes conséquences Ɖour la santé mentale des travailleurs et occasionne des coûts
élevés aux organisations. Les organisations devraient donc s’intéresser ă l’amélioration des
services de navettage offerts à leurs employés. À petite échelle, par exemple, les organisations
situées en milieu rural pourraient améliorer le covoiturage en favorisant la communication et
l’échange entre navetteurs, non seulement de leur ƉroƉre établissement de travail, mais aussi
de ceux de la région, faire la promotion du covoiturage en offrant des primes, etc. À plus grande
échelle, les organisations des petites régions urbaines et des régions rurales pourraient
développer des partenariats avec les instances régionales
(ex. : municipalité, société de
transport, etc.) pour améliorer les services (fréquence de passage, pistes cyclables, etc.). Non
seulement par de telles pratiques de gestion, les organisations Ɖourraient bénéficier d’une
meilleure efficacité de leurs travailleurs, mais aussi, Ɖotentiellement, d’attirer ou de retenir des
travailleurs, ce qui est particulièrement intéressant dans un contexte de rareté de la main-
d’œuvre.
Aussi, Ɖuisque l’éƉuisement Ɖrofessionnel se manifeste avec des symƉtômes différents,
les actions de Ɖrévention aƉƉroƉriées Ɖeuvent s’y adaƉter et être oƉtimisées. En effet, les
conclusions tirées sur la mesure de l’éƉuisement Ɖrofessionnel vont de pair avec celles énoncées
par Zalaquette et Wood (1998), c’est-à-dire que le modèle multidimensionnel que sous-tend le
MBI souligne la variété des réactions psychologiques pouvant être vécues par les travailleurs
envers leur emploi. Ces différentes réponses ne sont Ɖas simƉlement une fonction d’un tyƉe de
facteurs, mais reflètent l’imƉact des facteurs conjoncturels sur les trois dimensions de
l’éƉuisement Ɖrofessionnel. Obtenir des informations spécifiques sur les trois dimensions de
l’éƉuisement Ɖrofessionnel permet une plus grande attention aux initiatives coûteuses de
déveloƉƉement organisationnel en facilitant l’élaboration de stratégies adaƉtées aux défis
auxquels font face les organisations. L’aƉƉroche multidimensionnelle imƉlique que les
interventions visant la réduction de l’éƉuisement Ɖrofessionnel doivent être Ɖlanifiées et
conçues en fonction de l’élément Ɖarticulier de l’éƉuisement Ɖrofessionnel qui doit être Ɖris en
comƉte. Une intervention axée sur les Ɖroblèmes d’éƉuisement émotionnel Ɖeut être tout à fait
inaƉƉroƉriée Ɖour résoudre les Ɖroblèmes d’efficacité professionnelle réduite dans son travail.
130
Sur le Ɖlan des imƉlications Ɖlus larges de cette étude, elle s’ajoute aux recherches
grandissantes qui pointent à des facteurs de stress auxquels font face les navetteurs chaque jour
et donnent des pistes intéressantes aux futures recherches. Premièrement, en liant le navettage
ă un Ɖhénomène corresƉondant ă la santé mentale au travail auƉrès d’un échantillon de
travailleurs dans les diverses régions québécoises, cette étude évoque que le navettage puisse
être lié ă d’autres Ɖroblèmes de santé mentale. Deuxièmement, en examinant les liens causaux
dans le temƉs Ɖar l’entremise d’un devis longitudinal, les recherches futures sauraient établir la
séquence d’aƉƉarition des Ɖroblèmes de santé mentale en entreƉrises selon les conditions de
navettage des travailleurs et ainsi éclairer la fonction du navettage et des autres facteurs de
risques et de protection dans les variations dans le temps des problèmes de santé mentale en
emploi. Troisièmement, déterminer si les variables géographiques sont effectivement liées aux
Ɖroblèmes de santé mentale en emƉloi s’avère une avenue de recherche Ɖarticulièrement
intéressante. Quatrièmement, les hommes et les femmes semblent réagir différemment au
stress, en ce qui a trait aux associations du genre avec les dimensions de l’éƉuisement
Ɖrofessionnel. Il serait d’intérêt d’examiner la relation entre navettage et santé mentale selon
une stratification par le genre. Cinquièmement, d’éventuelles études qui mesurent les
changements dans les dimensions de l’éƉuisement Ɖrofessionnel en relation au navettage et
d’autres facteurs raƉƉorteront de nouvelles informations Ɖar raƉƉort aux dimensions qui sont le
plus associées aux caractéristiques de navettage et lesquelles sont les plus enclins à prédire les
invalidités en milieu de travail.
Sixièmement, les incohérences dans les études relevées évaluant les liens entre les
caractéristiques de navettage et l’éƉuisement Ɖrofessionnel peuvent être dues en partie au fait
que les travailleurs sont homogènes à une profession ou un établissement et donc
expérimentent des facteurs de stress au travail uniques (ou spécifiques). Ainsi, cette étude
indique, tout comme l’indiquent Marchand et ses collaborateurss (Marchand et al., 2014b), que
les milieux de travail apparaissent comme une source significative de variation dans les niveaux
d’éƉuisement Ɖrofessionnel, ce qui devra être exƉloré davantage dans les études futures.
Septièmement, et dans la même lignée, la présente étude a pris en compte plusieurs variables
organisationnelles mesurées au niveau individuel, mais qu’un seule mesurée au niveau
organisationnel (c‘est-à-dire la région de l’établissement). Par ce fait, les variations entre
établissements sont presque entièrement dues à celle-ci. Il serait d’intérêt d’intégrer d’autres
131
variables organisationnelles telles que les Ɖratiques de gestion aux modèles d’analyse et
d’étudier ces Ɖarticularités organisationnelles.
Nonobstant cette lacune, de nombreux facteurs explicatifs hors travail et individuels ont
également été intégrés au modèle, conférant un enrichissement des connaissances sur la
conceptualisation des facteurs hors travail et individuels dans la propension de souffrir de
problèmes de santé mentale dans le cadre du travail. Plus de recherches sont nécessaires pour
que la reconnaissance de leur relation avec les problèmes de santé mentale au travail soit
suffisamment soutenue. Enfin, la théorie a mis de l’avant un modèle influencé par le modèle
d’imƉédance du trajet de Novaco et collaborateurs (1979). Cependant, certaines hypothèses y
découlant ont été infirmées. Des recherches futures pourraient développer le modèle
conceƉtuel mis de l’avant dans le cadre de ce mémoire.
CONCLUSION
En conclusion, cette étude suggère que certaines conditions du navettage représentent
un facteur de stress s’associant ă des Ɖroblèmes d’éƉuisement Ɖrofessionnel Ɖlus élevés chez les
travailleurs, indépendamment de leurs conditions de travail, hors travail et personnelles. La
durée de navettage, la distance parcourue, le moyen de transport utilisé pour se rendre au
travail ainsi que la région dans laquelle se situe l’établissement reƉrésentent des facteurs de
stress qui peuvent avoir des effets néfastes sur les niveaux d’éƉuisement Ɖrofessionnel. Ces
conditions de navettage Ɖeuvent nuire ă l’efficacité des travailleurs et favoriser le
déveloƉƉement d’attitudes cyniques des travailleurs envers leur emƉloi. Elles Ɖeuvent aussi
favoriser l’éƉuisement émotionnel des travailleurs.
Globalement, les résultats de notre étude suggèrent que le stress de navettage provient
de l’ajustement quotidien des travailleurs ă leurs conditions de navettage. Les organisations
devraient donc s’intéresser au déveloƉƉement de pratiques de gestion misant sur l’amélioration
des conditions de navettage de leurs employés. Ces pratiques pourraient moduler la relation
entre le navettage et les problèmes de santé mentale au travail. Non seulement par de telles
pratiques de gestion les organisations Ɖourraient bénéficier d’une meilleure efficacité de leurs
travailleurs, mais elles Ɖermettraient aussi d’attirer ou de retenir des travailleurs, ce qui est
particulièrement intéressant dans un contexte de rareté de la main-d’œuvre.
132
En effet, outre les problèmes de santé mentale dans la main-d’œuvre, les Ɖays
industrialisés assistent également à des changements démographiques au sein de leur
population active. Cette évolution explique le contexte de rareté de la main-d’œuvre auquel les
organisations doivent s’adaƉter. Dans cette ƉersƉective, la santé des travailleurs représente un
enjeu imƉortant Ɖour les entreƉrises Ɖuisqu’une bonne santé des travailleurs est liée ă une Ɖlus
grande fidélité des travailleurs et donc une meilleure productivité individuelle et collective, ce
qui contribue au succès à long terme des organisations. Les entreprises sont ainsi de plus en plus
sujettes à adopter une vision stratégique de la gestion ressources humaines selon laquelle les
travailleurs représentent un capital humain nécessaire à la réussite économique des entreprises.
Cette réflexion peut également être reflétée au niveau national. Les résultats de cette
étude concordent avec ceux des études précédentes suggérant que des associations existent
entre le navettage et des effets néfastes sur la santé des navetteurs. Ceci imƉlique qu’il est
nécessaire de Ɖrendre en comƉte les effets secondaires négatifs de la navette lors de l’examen
des politiques visant à accroître la mobilité de la main-d’œuvre, comme le mentionne aussi
Hansson et al. (2011). Le Bureau de normalisation du Québec (BNQ) a d’ailleurs récemment
élaboré une norme (BNQ 9700-820), communément appelée « Entreprise en santé » visant à
faire la promotion de pratiques organisationnelles favorables à la santé en milieu de travail. Le
ƉrinciƉe de cette norme veut que l’intégration des meilleures Ɖratiques de la santé au travail
favorise la santé des individus ainsi que la compétitivité des entreprises, contribuant ensuite à la
vitalité de l’économie québécoise. Il est donc Ɖossible d’envisager non seulement des
interventions et des Ɖolitiques en santé au niveau organisationnel, mais aussi d’envisager, au
niveau national, des interventions et des politiques de santé publique et de transport visant
l’amélioration des conditions de navettage de la population active qui sont associées à plus de
problèmes de santé mentale des travailleurs. Par la même occasion, ces mesures
représenteraient des actions concrètes de développement durable en intégrant des principes
pour améliorer la santé de la population active et la santé économique du Québec.
133
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ANNEXE
ii
Annexe 1 - Tableau synthèse des études recensées
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
Addison
410 travailleurs civils et policiers
Épuisement
Utilisation des compétences
Age
Aucune caractéristique
du Service de Police de la Ville
professionnel
EE (ns)
EE (ns)
du navettage
2010
de Montréal (SPVM)
(MBI-GS)
CN (ns)
CN (ns)
EF (— )
EF (— )
Transversale
EP (ns)
EP (ns)
Canada
Régression linéaire multiple
Autorité décisionnelle
Genre (F)
Pas de multiniveaux
Transversale
EE (ns)
EE (+)
CN (ns)
CN (ns)
Échantillon du service
EF (ns) (modéré/profession)
EF (ns)
de police seulement
EP (ns) (modéré/profession)
EP (ns)
Variable hors travail
Soutien social au travail
restreinte au soutien
EE (— )
Scolarité
social du réseau, donc
CN (—)
EE (ns)
pas
de
variables
EP (— )
CN (ns)
familiales
EF (—)
EF (+)
EP (ns)
Supervision abusive
EE (+)
Soutien
social
hors
CN (+)
travail
EF (ns) (modéré/profession)
EE (ns)
EP (+)
CN
(ns)
EF : (ns)
Revenu d’emƉloi
EP (ns)
EE (ns)
CN (ns)
EF (ns)
EP (ns)
Profession (policier)
EE (+)
CN (ns)
EF (ns)
EE P (ns)
Profession (modératrice)
EE (+)
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
CN (ns)
EF (ns)
EE (ns)
Ahola, Kirsi, al.
Échantillon
national 3,424
Épuisement
Expérience de travail
Genre (F)
Aucune caractéristique
empoyés âgé entre 30 et 64 ans
professionnel
EE : (+)
EE : (+)
du navettage
2006
F : 50 %
(MBI — GS ; EE, CN, EF
CN : (+)
CN : (+)
H : 50 %
réduit)
EF : (+)
EF : (— )
Transversale
Finlande
Multivariées
Heures de travail
Âge*Genre :
Employés de plus de 30
EE (+)
EE (ns)
ans seulement
Transversale
CN : (ns)
CN : (ns)
EF : (+)
EF : (ns)
Pas
d’analyses
multiniveaux
Âge
EE : (+)
CN : (U)
EF : (+)
Statut socioécono
EE (+)
CN : (ns)
EF : (+)
Statut matrimonial
EE : (— ) pour h
CN : (— ) pour h
EF : (— ) pour h
Alarcon
PsycINFO, MEDLINE et
Social
Épuisement
Ambiguïté de rôle
Aucune caractéristique
Sciences Citation Index
professionnel ; EE, CN,
EE : (+)
de navettage
2011
1981 — 2010
EF réduit
CN : (+)
EF : (+)
Majorité des études
États-Unis
Meta — analyse
utilisées
sont
Conflit de rôle
transversales
Transversale
EE : (+)
CN : (+)
Évaluation subjective
EF : (+)
des variables dans les
études utilisées
Charge de travail
EE : (+)
CN : (+)
iii
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
EF : (+)
Contrôle
EE : (— )
CN : (—)
EF : (— )
Autonomie
EE : (— )
CN : (—)
EF : (— )
Intention de quitter
EE : (+)
CN : (+)
EF : (+)
Satisfaction au travail
EE : (-)
CN : (-)
CF : (— )
Engagement organisationnel
EE : (-)
CN : (-)
CF : (— )
Beauregard,
Bases
de
données
et
1.
Détresse
Indicateur
relié
au
Aucune
étude
avec
Marchand & Blanc
bibliographies
électroniques
psychologique
partenaire
(tension,
épuisement
jusqu’ă 2008
statut, soutien)
professionnel comme
2011
2. Dépression
VD incluse
13 études longitudinales
Indicateur relié aux
Canada
3.Épuisement
enfants
(nombre,
Études
anglaises
Revue systémique
professionnel
tension)
seulement
Relié à la famille
Manque
(satisfaction,
stress
d’hétérogénéité
des
financier, contrôle)
cadres conceptuels des
études
Relié au réseau hors
travail (statut d’aidant
Échantillons
de
iv
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
naturel, satisfaction,
travailleurs temps plein
structure, stresseurs,
seulement
soutien)
Relié
à
la
communauté
structure, satisfaction,
stresseur
Bekker, Croon &
Infirmiers (ères) travaillant dans
Heure travaillée (+)
Genre (ns)
Devis transversal
Bressers
un institut pour personnes ayant
1.Épuisement
Relation avec le superviseur
Âge (ns)
des difficultés d’aƉƉrentissage
émotionnel
(MBI-GS)
(ns)
Genre*âge (ns)
PoƉulation d’une seule
2005
dans la partie sud des Pays-Bas
pour EE
Latitude décisionnelle (ns)
Nombre d’enfants (—
profession, et dans le
Communication (ns)
)
secteur
public
en
Pays-Bas
N=404
2.Absence
pour
Reconnaissance (ns)
Statut
matrimonial
relation
avec
les
H= 77
maladie
Réticence au travail (+)
(ns)
clients,
mais avec
F=317
Engagement organisationnel
Éducation (ns)
mesure du MBI-GS
(ns)
Heures pour enfants
Taux de réponse : 47 %
Intention de quitter (ns)
(+)
Mesure
de
EE
Motivation intrinsèque (ns)
Heures de tâches
seulement
Transversale
Satisfaction au travail (— )
ménagères (ns)
Pas de caractéristique
Analyse de régression
de navettage
Faible représentation
des
hommes
(profession féminisée)
Bertges, Eshelman,
209 chirurgiens
Épuisement
Choix de carrière
Niveau d’adaƉtation
Échantillon
de
Raoufi
&
professionnel
(MBI-
(EE) : +
(level of coping)
chirurgiens seulement
Abouljoud
Taux de réponse : 35 %
GS) (EE, CN et AP)
CN : N/A
EE (-)
AP (— )
CN: N/A
Aucune caractéristique
2005
Transversale
H : 197
AP ( — )
de navettage
F : 12
Arrêter des activités
États-Unis
Régression pas-à-pas (stepwise)
EE (+)
Sommeil
Très
faible
v
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
CN : N/A
EE (-)
représentation
des
AP : N/A
CN: N/A
femmes
AP : N/A
Contrôle limité
Présentation
des
EE (+)
résultats pas claire
CN : N/A
AP (+)
Aucune
variable
relative au hors travail
Reconnaissance
(patient)
(réseau, famille) et très
EE : N/A
peu de variables
CN N/A :
individuelles
AP (— )
Opportunités de carrière
EE : N/A
CN N/A
AP (— )
Soutien
EE : N/A
CN : N/A
AP (— )
Borritz,
Bultmann,
1772 des services RH de divers
« Personal
burnout »
Contact avec le client :
Sans affichages
des
Devis transversal
Rugulies,
secteurs
(PB)
PB (ns)
résultats :
Christensen,
WRB (ns)
Âge
Aucune caractéristique
Villadsen
&
70 %
‘Work-Related
CRB : N/A
Genre
navettage
Kristensen
Burnout’ (WRB)
Statut
socio-
Régression linéaire
Demandes émotionnelles
économique
Toutes les mesures
2005
« Ckient-related
PB : (+)
Organisation
sont objectives
burnout » (CRB)
WRB : (+)
Statut familial
Danemark
CRB : (+)
Enfants (<7 ans)
Pas d’inclusion des
Cigarette7Exercice
traits de personnalités
Devoir cacher ses émotions
pouvant influencer les
PB : (+)
WRB : (+)
CRB : (+)
Client contrôlant
PB (ns)
WRB (ns)
vi
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
CRB (+)
Demandes quantitatives
PB : (+)
WRB : (+)
CRB : (+)
Rythme du travail
PB (ns)
WRB (+)
CRB (ns)
Influence au travail
PB (ns)
WRB (ns)
CRB (+)
Possibilité d’avancement
PB (ns)
WRB (— )
CRB : (—)
Signification du travail
PB : (— )
WRB : (—)
CRB : (— )
Soutien social
PB (ns)
WRB (ns)
CRB (ns)
Qualité de leadership
PB (ns)
WRB (— )
CRB (ns)
Prévisibilité
PB (— )
WRB (—)
vii
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
CRB (ns)
Clarté du rôle
PB (ns)
WRB (— )
CRB : (—)
Conflit de rôle
PB : (+)
WRB : (+)
CRB : (+)
Bourbonnais,
1741 infirmières
Épuisement
Fortes
Demandes
Satisfaction
du
Mesures pour le
Comeau & Vézina
de 6 centres
professionnel
psychologiques
* faibles
réseau social (— )
temps T2
hospitaliers du
MBI
(—
) GS : EE
latitude décisionnelle : (+)
relaté uniquement
1999
Québec
uniquement
Biais de sélection :
Soutien social (— )
Individuelles
groupe
Canada
Taux de réponse :
Insécurité en emploi (+)
homogène
T1 : 62 %
Hôpital : (+)
Trait de personnalité
Pas
de
mesure
T2 : 79 %
Années d’exƉérience : (— )
type A (+)
objective du
stress professionnel
Longitudinale
Quart
de
travail
en
Évènement stressant
Basé sur la perception
comparaison à jour :
durant enfance (+)
des
Régressions
Soir : (— )
travailleurs et q
Logistiques linéaires
Nuit : (— )
Rotation : (+)
Heures de travail + que 35 h :
(+)
2 emplois : (+)
viii
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
Costal, Pickup &
1167 travailleurs (hommes) de
État de santé
Durée de plus de 45 min (vs
Absentéisme (ns)
Problèmes familiaux
Échantillon
de
Martino
l’industrie de la Ɖroduction de la
durée de moins de 45 min)
Insatisfaction au travail (+)
(+)
travailleurs
manuels
communauté européenne, de 4
Quart de travail (+)
Maladies
seulement
1988
usines en Italie, dont 3 en région
Heures de sommeil
urbaine
(dont seulement
193
(ns)
Catégorisation
des
Italie
femmes)
Fatigue (+)
navetteurs : navetteurs
Nervosité (+)
versus non-navetteurs
selon la durée (plus ou
Régression multiple
moins que 45 min)
Stratification selon le quart de
travail
Très
faible
représentation
des
transversale
femmes vs les hommes
Hansson, Mattison
Transversale
Faible
santé
Moyen de transport* Durée :
Modèle
ajusté
pour :
Modèle ajusté pour :
Mesure de la durée de
Björk, Östergren et
Taux de réponse : 56 %
mentale GHQ12
Âge
navettage du trajet
Jakobson
Transport
actif
Tension au travail
Sexe
vers
le
travail
Questionnaire populationnel sur
*<30 min (réf)
Temps supplémentaire
Éducation
seulement
2011
la santé 2004
Auto*<30 min (+)
Historique d’emƉloi
Stress financier
Suède
21,088 personnes et travaillant
Auto* 30-60min (+)
Revenu
Lieu de résidence
Devis transversal
plus de 30hrs
Auto*>30 min (+)
Profession (classe)
Situation familiale
Régression logistique
Transport commun*<30 min
Lieu de naissance
(+)
Profession (classe)
Mesure de la durée par
Transport
commun*30-
échelle d’intervalle
60min (+)
Transport
en
commun*>30 min (+)
ix
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
Dansereau
n=
2162 travailleurs issus de
Épuisement
Utilisation des compétences
Revenu du ménage
Mesure globale de
trente-huit entreprises
professionnel
et
(+)
(ns)
l’éƉuisement
2013
médicaments
Autorité décisionnelle (ns)
Genre (ns)
professionnel et inclus
Taux de réponse : 41 %
psychotropes
Soutien social (+)
Statut
matrimonial
les psychotropes
Canada
Demandes psychologiques (+)
(ns)
Analyse multivariée en classes
Récompenses (+)
Âge (+)
Transversale
latentes
Efforts (ns)
Statut parental (+)
Surinvestissement (+)
Échantillon
des
Horaires irréguliers (ns)
entreprises clientes de
Heures totales travaillées
la Standard Life
Hebdomadairement (+)
De Jonge, Reuvers,
1739 employés issus
Satisfaction au travail
Demandes du travail (+)
Genre (h) : (— )
Aucune caractéristique
Houtman, Bongers
de 34 entreprises de
Autorité décisionnelle (— )
Âge (+)
du navettage
& Kompier
divers secteurs
Épuisement
Utilisation compétences (ns)
Éducation (ns)
cohorte SMASH
émotionnel (MBI-NL)
Soutien social (— )
Devis transversal
2000
Pays — Bas
F 30 %
Dépression
Présence accrue des
H : 70 %
hommes
dans
l’échantillon
Taux de réponse : 87 %
Aucune caractéristique
Régression
du domaine hors
Hiérarchique
travail
(réseau et/ou
famille)
Transversale
x
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
Feng & Boyle
5,215
navetteurs
du
Détresse
Durée *Moyen de transport
Modèle ajusté pour :
N’est Ɖas clair si la
Questionnaire
breton
psychologique (GHQ)
Âge
durée de navettage
2013
populationnel des familles
Pour les hommes :
Statut matrimonial
inclut les transferts de
(British Household Panel Survey)
Classe sociale
moyens de transport
Angleterre
Marche ou vélo (réf)
Éducation
Grande-Bretagne
0-29min*T. commun (ns)
Revenu familial
Pas
de variables
29 min*conducteur (ns)
Type de logement
relatives au travail
Régression à effets fixes,
0-29min*passager (ns)
Conditions
du
multivariée
30-59min*T.commun (ns)
logement
Pas
de variables
30-59min*conducteur (ns)
relatives ă l’EP
Stratification par le genre
30-59min*passager (ns)
>60min*T.commun (ns)
Pas
de variables
Longitudinale (1991-2006)
>60min*conducteur (ns)
relatives à la région ou
>62min*passager (ns)
à
la
congestion
routière
Pour les femmes :
Marche ou vélo (réf)
0-29min*T. commun (ns)
29 min*conducteur (ns)
0-29min*passager (ns)
30-59min*T.commun (ns)
30-59min*conducteur (+)
30-59min*passager (ns)
>60min*T.commun (+)
>60min*conducteur (+)
>62min*passager (ns)
xi
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
Gottholmseder,
Régression logistique
Niveau de stress perçu
Durée (+)
Heures de travail (+)
Genre (femmes) (ns)
Participants prélevés
Nowotny, Pruckner
en arrivant au travail
Soutien du superviseur (+)
Âge (+)
dans une seule ville
& Theurl
Évaluation du navettage (+)
En recherche d’un nouvel
Statut matrimonial (+)
697 participants habitants de la
emploi (+)
Alcool (+)
Variables du travail
2009
ville de Vorarberg
Moyen de transport :
Bénévolat (ns)
limitées
Conducteur (ns)
Santé générale (+)
Autriche
Régression logistique
Transport actif (ns)
Pas de mesure de l’EP
Moto (+)
Expérience de navettage (ns)
Prévisibilité (+)
Franchissement
des
frontières nationales (+)
Hansson, Mattison
Transversale
Faible
santé
Moyen de transport* Durée :
Modèle
ajusté
pour :
Modèle ajusté pour :
Mesure de la durée de
Björk, Östergren et
Taux de réponse : 56 %
mentale GHQ12
Âge
navettage du trajet
Jakobson
Transport
actif
Tension au travail
Sexe
vers
le
travail
Questionnaire populationnel sur
*<30 min (réf)
Temps supplémentaire
Éducation
seulement
2011
la santé 2004
Auto*<30 min (+)
Historique d’emƉloi
Stress financier
21,088 personnes et travaillant
Auto* 30-60min (+)
Revenu
Lieu de résidence
Devis transversal
Suède
plus de 30hrs
Auto*>30 min (+)
Profession (classe)
Situation familiale
Régression logistique
Transport commun*<30 min
Lieu de naissance
(+)
Profession (classe)
Mesure de la durée par
Transport
commun*30-
échelle d’intervalle
60min (+)
Transport
en
commun*>30 min (+)
xii
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
Jamal
376 employés
Épuisement
Horaire irrégulier
(travail fin
Faibles facteurs du
travaillant à temps
professionnel
de semaine)
travail
(horaire
2004
plein
MBI 3 dimensions
EP global (ns)
seulement) et aucune
F : 25 %
EE (+)
variable hors travail ou
Canada
H : 75 %
Stress professionnel et
DP (ns)
individuels
plaintes
problèmes
LA
(lack accomplissement) :
Taux de réponse : 44 %
psychosomatiques
(ns)
Devis transversal
Stress professionnel : (+)
Two way anova
Plaintes : (+)
Transversale
Heures irrégulières
EP global (+)
EE (+)
DP (ns)
LA
(lack accomplissement) :
(ns)
Stress professionnel : (+)
Plaintes : (+)
Kluger
Tension cognitive et
Durée
Aucune caractéristique
émotionnelle lors du
Tension : (N/A)
du travail, hors travail
1998
N.= 418 navetteurs habitant
navettage
Agréable : (N/A)
et individuelle
New Jersey, New York
ou
Symptômes : (N/A)
Israël
Pennsylvanie
Navettage agréable
Retards : (N/A)
Pas de distinction du
Choix du navettage
moyen de transport, de
Symptômes
Tension : (+)
la région du milieu de
Transversal
somatiques
et
Agréable (+)
travail
émotionnels
Symptômes : (+)
Régression hiérarchique
Retards : (+)
Retards au travail
Variabilité du navettage
Tension : (+)
Agréable : (+)
Symptômes : (+)
Retards : (+)
Interaction
durée*choix*variabilité :
Tension :(NS)
Agréable : (ns)
Symptômes : (ns)
Retards : (ns)
xiii
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
Koslowsky, Aizer and
200 navetteurs travaillant dans
Impédance de navettage
Sexe [F]
Échantillon
provient
Krausz
diverses fonctions, de la ville de
Épuisement
EP [ns]
EP [+]
d’une
seules
Aviv (dans une organisation)
professionnel (mesure
Stress : [+]
Stress : [+]
organisation
et
de Pines, Aronson et
Contrôle : [+]
Contrôle : [+]
majoritairement
1996
F : 75 %
Kafry [1981]
femme
H : 25 %
Moyen de transport
[bus-
Nombre d’enfants
Stress
=0 ; auto=1]
EP [ns]
Mesure
de
Israël
Transversale
EP [ns]
Stress : [ns]
l’éƉuisement n’est Ɖas
Contrôle perçu sur le
Stress : [ns]
Contrôle : [ns]
le Maslach
navettage
Contrôle : [+]
travaille
Conjoint travaille
on
Aucune variable du
non
travail
EP [ns]
Stress : [ns]
Contrôle : [ns]
Leiter,
Hakanen,
N=4356 travailleurs forestiers de
Épuisement
Transfert d’information
Un seul
secteur
Ahola, Toppinen -
la Finlande
professionnel
EE : [+]
d’emƉloi [foresterie΁
Tanner, Koskinen
[MBI_GS]
CN : [+]
& Väänänen
Longitudinale
[1994-2008]
- 3
EF : [+]
Majorité
d’hommes
phases
Utilisation compétences
[75 %]
2013
EE [ns]
H : 75 %
CN : [ns]
Canada/Finlande
F : 25 %
EF : [+]
Seulement
quatre
Autorité déc.
caractéristiques
du
Régression
multiple
[dont
EE [ns]
travail
et
aucune
stepwise]
CN : [ns]
caractéristique
hors
EF : [ns]
travail ou individuelles
Prévisibilité
EE [ns]
CN : [ns]
EF : [+]
Leiter,& Schaufeli
N=853 travailleur des hôpitaux
Épuisement
Problèmes avec la qualité des
Taux de femmes et des
professionnel
[MBI-
soins donnés
hommes pas claires
1996
GS]
EE : (+)
(supposée que plus de
Transversale
CN : (+)
femmes étant donné la
Canada
EP : [— ]
profession féminisée)
Bivariées
Gestion [positive]
Aucune variable hors
EE : (-)
travail ou individuelle
xiv
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
CN : (-)
EP : [+]
Devis transversal
Gestionnaire [critique]
EE : (+)
CN : (+)
EP : N/A
Charge de travail
EE : (+)
CN : (+)
EP : N/A
Superviseur [critique]
EE : (+)
CN : (+)
EP : N/A
Moral bas
EE : (+)
CN : (+)
EP : N/A
Insécurité d’emƉloi
EE : (+)
CN : (+)
EP : N/A
Harcèlement
EE : (+)
CN :N/A
EP : N/A
Stress
EE : (+)
CN : N/A
EP : N/A
Manque de respect
EE : (N/A
xv
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
CN : (+)
EP : N/A
Lim, Kim, Kim,
15 articles en anglais de 1988-
Épuisement
Expérience de travail
Âge
Échantillon
de
Yang & Lee
2008
(total
de
3,613
professionnel [EE, DP,
EE [ns]
EE : [— ]
psychologies
ou
participants) dont 1 de la Corée
PA]
DP [ns]
DP : [—]
thérapeute
2010
et 14 d’échantillons des US΁.
PA : [+]
PA : [+]
Revue de la Corée du
Échantillon de psychologies ou
Heures de travail
Sud
Corée du Sud
thérapeute
EE : [+]
Genre
DP : [+]
EE [ns]
PsyInfo, Science Direct, EBSCO
PA : [ns]
DP [+]
et ERIC, Google Scholar
PA : [ns]
Conditions de travail [public vs
Meta-analyse
privé]
Éducation
EE : [+]
EE [+]
DP : [+]
DP [ns]
PA : [ns]
PA : [+]
Marchand
77,377 employés de
139
Santé
mentale
Profession et industries
Devis transversal
professions et 95 industries
[générale]
2007
[CCHSde StatsCan, 2003]
Évaluation de la santé
mentale selon une
Canada
Taux de réponse : 93 %
question
Régression logistique
Aucune conditions de
l’organisation,
Transversale
variables hors travail
ou individuelle
xvi
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
Marchand, Demers
9501 travailleurs nichés dans
Détresse
Utilisation des compétences
Statut matrimonial [—
Aucune caractéristique
& Durand
419 professions
psychologique
[ns]
]
du navettage
Autorité décisionnelle [ns]
Nombre d’enfants
2005
Enquête sociale et de
Demandes physiques [+]
[ns]
Devis transversal
santé du Québec, 1998
Demandes psychologiques [+]
Revenu familial [ns]
Canada
Heures travaillées [ns]
Tensions maritales [+]
Utilisation de variables
F : 44 %
Horaire irrégulier [+]
Tensions parentales
restreintes
au
H : 56 %
Harcèlement [+]
[+]
questionnaire
de
Syndicalisation [ns]
Réseau social
l’enquête
Taux de réponse : 82 %
Insécurité d’emƉloi [ns΁
Soutien social [— ]
Prestige au travail [ns]
Régressions
logistiques
multiniveaux
Transversale
Marchand
&
401
policiers
municipaux
Épuisement
Utilisation des compétences
Modèles
ajustés
Transversale
Durand
travailleurs de jour [34 milieux
professionnel
EE : ns
pour :
Échantillon hétérogène
de travail]
[MBI-16]
CN : —
Profession
pour certains facteurs
2011
EE
EF : +
Heures travaillées
Mesure du cortisol non
Régression multiple
CN,
Autorité décisionnelle
Quart de travail
mesurée
Canada
EF
EE : ns
Statut matrimonial
électroniquement
CN : —
Statut parental
EF : +
Genre
Demandes psychologiques
Âge
EE : +
CN : —
EF : ns
Soutien des collègues
EE, —
CN : ns
EF : +
Soutien du superviseur
EE, —
CN : —
EF : ns
Utilisation des
compétences*demandes
psychologiques
xvii
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
EE : ns
CN : +
EF : —
Autorité
décisionnelle*demandes
psychologiques
EE —
CN : —
EF : ns
Marchand,
Étude SALVEO
Dimension
de
Utilisation compétence [— ]
Statut
matrimonial
Échantillon du Québec
Durand,
Haines,
1954 employés nichés dans 63
l’éƉuisement
Autorité décisionnelle [ns]
[ns]
seulement
Harvey
milieux de travail, au Québec
émotionnel [MBI-GS]
Demandes physiques [ns]
Présence d’enfants
Demandes psy. [+]
[— ]
Devis transversal
2014
Régression multiniveaux
Heures travaillées [ns]
Revenu du ménage
horaires irrégulier [ns]
[ns]
Échantillon provenant
Canada
Taux de réponse : 41 %
Soutien du sup [ns]
Tensions
maritales
d’une
comƉagnie
Soutien des coll. [ns]
[ns]
d’assurance
Transversale
Supervision abusifs [+]
Tensions parentales
[généralisation faible]
Conflits interpersonnels [+]
[ns]
Harcèlement [ns]
Conflit famille-travail
Pas de distinction de
Reconnaissance [ns]
[— ]
genre
Perspective de carrière [ns]
Conflit travail-famille
Insécurité [+]
[+]
Réseau social [ns]
N2 : milieux de travail : 1.8 %
Genre [F] [ns]
variation
Âge [— ]
Santé physique [+]
Alcool [ns]
Cigarette [ns]
Act. Physique [ns]
Estime de soi [ns]
Centre de contrôle
[int.] [— ]
Évènement stressant
enfance [ns]
xviii
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
Marchand, Durand
Transversale : Enquête sociale et
Détresse
Statut matrimonial [—
Aucune variable du
& Demers
de santé du Québec :
9501
psychologique+
Niveau2 : Profession
[1à
3 %
]
navettage et VD n’est
personnes dans 419 professions
de la variation
— facteur
Enfants
dans
le
Ɖas
l’éƉuisement
2006
faible]
ménage [— ]
professionnel
Longitudinale :
Enquête
Revenu du ménage
Canada
nationale sur la santé de la
Utilisation compétences [J]
[— ]
Pour ESSQ : données
Longitudinale et
population 6359 personnes dans
Autorité décisionnelle [+]
Tensions
avec
transversales
471 professions [1994 à 2001]
conjoints [+]
Demande :
Tentions avec les
ENSP :
consistance
Régression multiniveaux [dont à
physique [+]
enfants [+]
interne faible
des
mesure répétée]
psychologique [j]
Soutien social hors
variables relatives aux
heures travaillées [ns]
travail [— ]
conditions du travail
transversale
horaires irrégulières [+]
[certaines]
Sexe [F] [+]
harcèlement [+]
Santé physique [+]
Longitudinales :
Syndicalisation [ns]
Estime de soi [ns]
certaines variables non
Soutien social [— ]
Centre de contrôle [—
mesurées à chaque
Inscurité d’emƉloi [_+΁
]
cycle
Salaire au rendement [ns]
Alcool [+]
Prestige professionnel [ns]
Cigarettes [=+]
Revenu [ns]
Activité physique [— ]
Évènement stressant
de l’enfance [+΁
Nelen
Allemagne : German Socio-
Santé
générale
Pour le GSOEP :
Âge
Ont seulement inclus
Economic Panel [GSOEP], 1993-
[Satisfaction ă l’égard
Durée :
Genre
les navetteurs de jours
2012
2003
23,960
observations
de la santé, état de
Visites médicales [— Moyen
Éducation
[13,373 travailleurs temps plein]
santé, accident de
de transport
Nombre d’enfants
Aucune
variable
Allemagne
travail
Transport en commun (+)
Statut matrimonial
relative au travail
Visites
médicales
avec accident de travail
Relation
avec le
Et
Absence au travail
Vélo (+)
avec
visites
conjoint
Aucune
variable
Nombre de visite chez
médicales
relative à la région de
Royaume-Uni : British
le md]
Marche (— ) avec visites
l’établissement
de
Household Panel Survey (BHPS),
médicales
travail
1991-2008
86,104 observations [16,180
Interaction durée* transport
Travailleurs temps plein]
en commun :
(— ) avec état de santé et
accident de travail
Durée*vélo :
(+)
avec
absence du travail
xix
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
Durée*marche :
(+) avec
visite médicale
Pour le BHPS :
Durée : (— ) avec satisfaction
envers la santé et (+) avec
visites médicales
Durée² :
(—
)
visites
médicales et accident
Général
Moyen de transport
Autres
(— ) avec visites
médicales et
(+)
avec
accident général
Interaction
durée*
transport
en
commun :
(—
)
avec
satisfaction santé et durée²*
T.commun (+)
avec
satisfaction envers santé
durée²*Vélo : (+) avec séjour
hospitalier
xx
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
Nivens, V.
EmƉloyés d’un déƉartement de
1. EP (MBI -GS)
Durée
Hors-travail
Centre de contrôle
transversal
recherche
(compagnie
de
EE: ns
EE: +
EE : ns
échantillon
en
services)
CN: ns
CN: ns
CN : ns
Ɖrovenance
d’une
2012
N. : 138
EF : ns
EF : +
EF : ns
seule compagnie et
TR : 80 %
reconnu comme l’une
F : 47 %
des
meilleures
États-unis
Durée*Centre de contrôle
compagnie
pour
Régression «step-by-step»
EE : ns
laquelle ne travailler
CN : ns
aucune distinction de
Transversale
EF : ns
la région et de la
direction du trajet
Pour les analyses bivariées:
Stress
Échelle de mesure Hors
EE: +
travail imprécise
CN: ns
EF : ns
Distance: +
Congestion
EE: +
CN: ns
EF : ns
Stress : +
Olsson,
Gärling,
Bien-être général
Âge
Échantillon
de
Ettema, Friman &
Régression hiérarchique
Satisfaction ă l’égard du
Genre
navetteurs habitant les
Fujii
navettage :
Cohabitation
plus grandes régions
713
navetteurs de régions
1) vers le travail (+)
Présence d’enfant
urbaines de Suède (pas
urbaines
2) vers le domicile (+)
Éducation
de de régions rurales)
2012
Revenu familial
H:42%
Aucune
variable
Suède
F: 58%
relative au travail
xxi
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
Palmer
Enquête
“Kent and Medway
Santé mentale
(2
Durée de navettage
(NS)
Navetteurs
habitant
Health and Lifestyle” de Londre,
questions générales
(‹45 min : 0 ; ›45 min : 1)
une seule ville urbaine
2005
2001
reliées à la dépression)
(Londres)
Royaume-Uni
3195
participants
habitant
Distinction
entre
Londres
navetteurs qui travaille
à Londres vs extérieur
Bivariées
de Londres
Inclusion des durées de
trajet de plus de
45 min seulement
Mesure de la VD avec 2
questions générales
Seulement
2
indicateurs à la mesure
de la santé mentale
Purvanova
&
PsycINFO (1872-2005), Business
Épuisement
Genre (F)
Utilisation d’études de
Muros
Source Premier, Academic
professionnel
(EE et
EE : (+)
plusieurs pays, mais
Search Premier, The Cumulative
DP selon MBI, et
DP : (— )
pas de distinction de la
2010
Index to Nursing and Allied
Global selon Pines et
Global : (+)
culture.
Health Literature, Contemporary
al.)
États-Unis
Women's Issues,RIC, Education
Full Text, MedLine, PubMed,
Social Work Abstracts, and
Sociological Abstracts
183 études
Méta-analyse
xxii
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
Rafferty, Friend &
164
(sur
304)
travailleurs
MBI
(EE,
DE
-
Demandes
Âge
Utilisation du MBI
Landsbergis, Paul A
prestataires de services dans
dépersonnalisation,
EE [+]
EE [ns]
une agence d’aide ă l’emƉloi,
PA
[reduced pers.
DP [ns]
DP : [— ]
2001
New York
Accomplissement]
AP : [ns]
AP : [+]
Utilisation compétences
Genre
États-Unis
F : 75 %
EE [— ]
EE [ns]
M : 25 %
DP [ns]
DP [ns]
AP : [+]
AP [ns]
Régression linéaire hiérarchique
Autorité déc.
Éducation
EE [ns]
EE [ns]
DP [ns]
DP [ns]
AP : [ns]
AP : [+]
Soutien sup
Statut matrimonial
EE [ns]
EE [ns]
DP [ns]
DP [ns]
AP [ns]
AP : [ns]
Soutien coll.
Race/ethnicité
EE [ns]
EE [ns]
DP [ns]
DP[— ]
AP [ns]
AP : [ns]
Soutien autre
EE [ns]
DP [ns]
AP [ns]
Schaufeli, Taris &
587 cadres du secteur
Épuisement
Surcharge de travail
Détresse
Teste
la
validité
de
Van Rhenen
des
professionnel
EE [ns]
psychologique
trois
télécommunications
MBI - GS
CN : [ns]
EE : (+)
concepts :
2008
EE [ns]
CN : (+)
l’éƉuisement
H : 22 %
[Alcoolisme
et
Temps supplémentaire
EE : [+]
professionnel,
Pays-Bas
M : 78 %
Engagement
au
EE [ns]
l’engagement
Taux de réponse :
travail]
CN : [ns]
Dépression
et l’addiction au travail
69 %
EE [ns]
EE [ns]
Demandes
CN : [+]
Plusieurs
équation structurale
EE [+]
EE [ns]
caractéristiques
CN : [ns]
individuelles ne sont
Transversale
EF : [ns]
Anxiété
pas
Contrôle
EE [ns]
prises en considération
EE [ns]
CN : [+]
CN : [ns]
EE [ns]
Échantillon homogène
EF : [— ]
[hommes]
xxiii
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
Plaintes
Soutien coll.
psychosomatiques
Mesures
EE [ns]
EE [+]
autorapportées
CN : [ns]
CN : [ns]
EF : [— ]
EE [ns]
Devis transversal
Soutien sup.
Aucune caractéristique
EE [— ]
hors
travail
ou
CN [—]
individuelle
[hormis la
EF : [ns]
santé perçue]
Spence Lashinger
Longitudinale [1 an]
Épuisement
Effort-récompense
Core self évaluation
Population
et Finagan
professionnel
[MBI-
EE [— ]
EE ; [— ]
d’infirmières
134 infirmières gestionnaires
GS] [EE seulement]
gestionnaires
2008
seulement
[faible
Taux de réponse :
généralisation]
Canada
T1 : 83 %
T2 : 43
Épuisement
émotionnel seulement
Régression multiple
Aucune caractéristique
de navettage, hors t-
travail et seulement
une seule variable
individuelle
Stutzer & Frey
Enquête
socio-économique
Bien-être général
Pour le bien-être général :
Âge
Pas de mesure d’EP
allemande 1985-2003
Durée [— ]
Âge au carré
2008
Satisfaction au travail
Durée² [ns]
Sexe
Mesure de la durée et
Longitudinal [panel]
Distance [km] : [ns]
Éducation
de la distance, mais pas
Suisse
Distance [km]² : [— ]
Relation
avec le
de la vitesse
16,288 participants
Moyen de transport :
conjoint
Auto*durée [— ]
Statut matrimonial
Auto*duré²[ns]
Nombre d’enfants
Aucune variable de
T.commun*durée [+]
Racine carrée du
contrôle relative au
xxiv
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
T.commun*durée² [— ]
nombre de personnes
travail, même dans la
Autre*durée [+]
dans la famille
satisfaction ă l’égard
Autre*durée² [— ]
Travailleur autonome
du travail
Effet de 1 h de navettage
Nationalité
en auto [— ]
Pas de distinction de
Effet de 1 h de navettage en
région, ni du travail ni
T commun [— ]
du domicile
Pour la satisfaction au
travail :
Durée [— ]
Durée² : [ns]
Effet de
1 h de navettage :
[— ]
Swider
&
115 études
Épuisement
Neuroticisme
Les cinq traits de
Zimmerman
professionnel
[3
EE : [+]
personnalité ne sont
dimensions]
DP : [+]
pas les seuls facteurs
2010
PA : [+]
de Ɖrédiction de l’EP
American
Psychological
Extraversion
États-Unis
Association’s PsycINFO
EE : [+]
(1887-2008) and Dissertation
DP : [+]
Abstracts International
[1861-
PA : [+]
2008
Agrément
Meta-analyse
EE : [+]
DP : [+]
AP : [+]
Consciencieux
EE : [+]
DP : [+]
AP : [+]
Ouverture
EE : [+]
DP : [+]
AP : [+]
xxv
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
Taris, Peeters, Le
Enquête dans des écoles
MBI (EE, DP, AP)
Étude 1 :
Utilisation du MBI [pas
Blanc, Schreurs
&
secondaires
et
primaires
Stress des élèves
MBI-GS]
Schaufeli
néerlandaise
2 études
EE : [+]
DP : [+]
Lacunes au niveau des
N=271
AP : [—]
variables hors travail et
2001
Stress des collègues
individuelles
Transversale [étude 1]
EE [+]
Pays-Bas
Longitudinale [étude 2]
DP [ns]
AP : [—]
Liens
significatifs
Taux de réponse : 64 %
Stress organisationnel
trouvés dans étude 1
EE [ns]
[transversales],
mais
F : 39 %
DP [+]
pas dans étude
2
H : 61
AP : [ns]
[longitudinales] dont
les modèles sont les
Déséquilibre
mêmes
EE :
[+] des élèves et de
l’organsaition
Échantillon provenant
DP :
[+] des élèves
et
des
d’écoles
seulement
organisations
[généralisation faible]
AP : [+] des élèves
Étude 2 :
Étude 1 :
Stress des élèves
EE [ns]
DP [ns]
AP : [ns]
Stress des collègues
AI :(NS]
DP [ns]
AP : [ns]
Stress organisationnel
EE [ns]
DP [ns]
AP : [ns]
Inéquité
EE [ns]
DP [ns]
xxvi
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
AP : [ns]
Turcotte
Enquête sociale générale du
1.Stress
Pour le stress :
Revenu du ménage : [ns]
Sexe [F] [+]
Pas
de variables
Canada, 2010
Durée
[+] à compter de
Profession
[+
pour
Âge [+]
contrôles
2011
2.Satisfaction ă l’égard
30 min
professionnel,
techniques,
Présence d’enfants
6988 répondants
de l’équilibre travail-
Congestion routière
[+] à
bureau, ventes et services,
[ns]
Seulement
analyses
Canada
famille
raison de 3X et +/sem.
métiers, services d’utilité
État de santé [+]
bivariées
et
Régression multiple
publique — comparativement
Scolarité [+]
descriptives
Pour l’équilibre
travail-
à gestion]
famille :
Heures travaillées :
[+] pour
Pour
l’équilibre
50 h et +
travail-famille :
Durée : [+] dès 15 min
Congestion : [+] 1-2 x/sem
Pour l’équilibre travail-famille :
Sexe [F] [ns]
Revenu du ménage : [ns]
Âge [+]
Profession [ventes et services,
Présence d’enfants
métiers, services d’utilité
[ns]
publique en comparaison à
État de santé [+]
gestion]
Scolarité [+]
Heures travaillées :
[+] pour
40 h et +
xxvii
Nom de l’étude
Échantillon,
Épuisement
Variable
Variables du travail
Hors travail &
Limites
Analyse et devis
professionnel (ou
du navettage
Individuelles
autre)
Wang,
Bowling,
SƉector’s
[2008΁ bibliograƉhie
Work locus of control
Satisfaction en employé [+]
Tension
La VI est le centre de
Eschleman
en ligne
Satisfaction de son travail [+]
psychologique [—]
contrôle et le VD,
PsyInfo
Engagement [+]
Tension physique [—]
l’éƉuisement
2010
Google Scholar
Engagement continuel [—]
Satisfaction générale
Professionnel
Satisfaction organisationnelle
[ns]
États-Unis
184 études
[ns]
Stratégie d’adaƉtation
La mesure du EP n’est
Épuisement professionnel [—]
« problem-focused »
pas détaillée
Méta-Analyse
Tension au travail [—]
[ns]
Performance [+]
Majorité des études
Salaire [+]
incluses
sont
Intention de quitter [—]
transversales
Absentéisme [—]
Ambiguïté de rôle [—]
Aucune caractéristique
Conflit de rôle [—]
de navettage
Surcharge de rôle [—]
Conflit travail-famille [—]
Autonomie [+]
Attention du leader [+]
Soutien social [+]
xxviii